Revaz Vachnadze (Géorgie) fume comme une cheminée depuis de nombreuses années. Dans les années 1990, il a commencé à ressentir dans la poitrine de fortes douleurs que les médecins ont diagnostiquées comme étant une angine de poitrine, un type de douleur cardiaque. Ce qu’ils n’ont pas examiné à l’époque, ce sont ses poumons. Aujourd’hui âgé de 84 ans, ce professeur d’université se souvient de cet événement comme un moment décisif qui, des années plus tard, a conduit à une détérioration significative de sa santé.
Non soigné pendant 10 ans
« Pendant 10 ans, j’ai été soigné pour une maladie cardiaque sans que personne n’envisage que mes poumons puissent être atteints », se souvient Revaz. « Ce n’est que lorsqu’un médecin traitant m’a suggéré de faire un bilan pulmonaire que l’on m’a finalement diagnostiqué une BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive).
Lorsque Revaz a subi une spirométrie et consulté un pneumologue, sa capacité pulmonaire avait considérablement diminué. « On m’a dit que ma capacité pulmonaire n’était plus que de 20 à 40 %. Mon état est aujourd’hui bien pire qu’il y a 30 ans, non seulement parce que j’ai vieilli, mais aussi parce que je n’ai pas été soigné pendant toutes ces années. »
Le cas de Revaz est loin d’être un cas isolé. Selon un nouveau rapport de l’OMS/Europe et de la Société européenne de pneumologie (ERS), plus de 80 millions de personnes dans la Région européenne de l’OMS souffrent d’une maladie respiratoire chronique, souvent sans le savoir. Parmi ces maladies figurent des affections telles que l’asthme et la BPCO qui sont responsables de près de 400 000 décès par an, et coûtent à la Région plus de 21 milliards d’USD par an.
Soins et traitement des maladies respiratoires chroniques : quand un diagnostic précoce s’avère essentiel
La BPCO dont souffre Revaz, une maladie pulmonaire chronique grave généralement causée par le tabagisme et la pollution de l’air, rend les tâches quotidiennes difficiles. La montée d’escaliers ou les émotions peuvent provoquer un essoufflement et des palpitations cardiaques.
« Seuls mes inhalateurs me permettent de me soulager », explique-t-il. « Mais les inhalateurs ne guérissent pas la maladie, ils aident seulement à gérer les symptômes. Si j’avais commencé ce traitement plus tôt, j’aurais pu mieux contrôler mes symptômes. »
Son témoignage met en avant l’importance de poser un diagnostic précoce et d’adopter une approche globale de la médecine. « Les médecins doivent prendre en compte l’ensemble de la situation, et pas seulement la branche dans laquelle ils sont spécialisés », souligne Revaz. « On doit être mieux au courant du problème, et cela doit commencer sur les bancs des écoles. Les enfants doivent être informés très tôt des dangers du tabagisme afin qu’ils puissent faire des choix en connaissance de cause. C’est ainsi que nous réduirons à long terme les cas de maladies respiratoires chroniques. »
Une crise plus vaste : un nouveau rapport révèle l’ampleur des maladies respiratoires chroniques
Le nouveau rapport de l’OMS/Europe et de l’ERS sur les maladies respiratoires chroniques dresse un tableau peu réjouissant : bien que ces maladies puissent être évitées et soignées, les outils de diagnostic tels que la spirométrie ne sont pas largement disponibles, et de nombreux professionnels de santé ne disposent pas de la formation nécessaire pour détecter les signes précoces. Les patients, en particulier dans les régions à faible revenu, ne sont souvent pas soignés jusqu’à ce que leur maladie pulmonaire ait évolué de manière significative.
« Ce rapport montre que les maladies respiratoires chroniques, qui touchent 81,7 millions de personnes dans la Région européenne de l’OMS, ont longtemps été négligées en raison d’une attention politique insuffisante et d’un sous-financement. Cette négligence a conduit à des sous-diagnostics, à des diagnostics erronés et à des données incomplètes », souligne le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
« Pour changer la donne, nous devons renforcer les systèmes de santé en faisant de la prise en charge des maladies respiratoires chroniques un élément central des stratégies plus vastes de lutte contre les maladies non transmissibles. »
Des politiques qui protègent la santé pulmonaire
Le tabagisme et la pollution de l’air sont les principaux facteurs de risque des maladies respiratoires chroniques. Alors que plus de 25 % des adultes de la Région s’adonnent encore au tabagisme, et que les jeunes sont de plus en plus exposés aux cigarettes électroniques et à d’autres nouveaux produits à base de nicotine, les politiques de prévention restent un domaine d’intervention essentiel.
L’OMS/Europe appelle par conséquent les gouvernements à prendre les mesures suivantes :
- intégrer la prévention et la prise en charge des maladies respiratoires chroniques dans les stratégies nationales de santé ;
- s’attaquer aux causes profondes ;
- améliorer la formation et les outils de diagnostic précoce ;
- investir dans les données, la réadaptation et les soins palliatifs.
Alors que les pays se préparent à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2025 sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles et la promotion de la santé mentale, le cas de Revaz témoigne du besoin urgent d’adopter de meilleures politiques en la matière, de procéder à un dépistage précoce et d’assurer une éducation complète à la santé publique pour sauver des vies dans la Région et partout dans le monde.