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Vivre sans alcool, trouver la stabilité après un burn-out – le parcours de Verena

22 octobre 2024

« Je pensais que j’étais une fille qui travaillait dur, qui faisait beaucoup la fête, tout en vivant un rêve. Mais j’étais esclave de l’alcool. Ma consommation d’alcool s’est intensifiée au point d’accaparer mes week-ends, me laissant déprimée et anxieuse le dimanche », se souvient Verena Titze, aujourd’hui âgée d’une trentaine d’années. Le combat de Verena contre l’alcool a commencé dans la vingtaine, à une époque où sa vie était dominée par les fêtes qui duraient tard dans la nuit, et les journées de travail interminables dans l’industrie des médias en Autriche. 

« Un alcoolique n’est pas seulement une personne qui boit de la vodka le matin. Ce n’est que l’extrémité d’un spectre, mais d’un spectre bien large », explique-t-elle. Au fur et à mesure que sa dépendance à l’alcool s’aggravait, Verena s’est retrouvée piégée dans un cercle vicieux dont il était de plus en plus difficile de s’échapper.

Le tournant : burn-out et désintoxication 

Lorsque s’est déclarée la pandémie de COVID-19, la vie trépidante de Verena s’est brutalement arrêtée. Elle a connu un grave burn-out, qu’elle décrit comme le fait de « perdre le sol sous ses pieds ». Incapable de fonctionner, elle est retournée vivre chez sa mère. Elle était si affaiblie qu’elle ne pouvait plus accomplir les tâches du quotidien ni s’occuper d’elle-même. 

« Ma mère est venue me chercher et m’a emmenée au supermarché. Elle m’a demandé d’aller chercher du lait, et je ne savais même pas ce qu’était du lait, ni où le trouver. C’est dire à quel point je peinais à réfléchir. »

Verena est alors entrée dans un centre de désintoxication, une décision qu’elle décrit aujourd’hui comme la meilleure qu’elle ait jamais prise. 

« J’avais besoin de mettre de la distance avec mon ancienne vie », explique-t-il. « En cure de désintoxication, j’ai commencé à sonder les raisons de ma dépendance, et j’ai réalisé que l’alcool n’était qu’un substitut pour faire face à certains de mes problèmes les plus profonds. Je passais mes journées à marcher dans la nature, à réfléchir sur ma vie et à suivre une thérapie. » 

Cette période a marqué un tournant décisif. Verena a commencé à entrevoir une nouvelle voie à suivre, une voie qui n’incluait pas l’alcool.

« Après la désintoxication, j’ai redécouvert les choses qui m’apportaient vraiment de la joie. J’ai passé un été à faire du kitesurf, à renouer avec la nature et à m’adonner à des passe-temps comme le yoga, le tennis et la musique. Tout ce temps que je passais dans les bars, je l’ai tout à coup récupéré », ajoute-t-elle. 

« On commence à découvrir de nouvelles choses. On a aussi l’esprit tranquille parce qu’on n’a pas toujours la gueule de bois. »

Dispose et bien ancrée

Après des années de thérapie, de désintoxication et de découverte de soi, Verena s’est forgée une nouvelle voie, sans alcool, pleine de créativité et animée par la mission de déstigmatiser la dépendance et le burn-out. 

« Je suis tellement plus stable dans ce monde. C’est le plus grand cadeau que j’ai jamais reçu », confie-t-elle. « Bien sûr, la vie continue comme elle est. Je ne suis pas heureuse 24h/24, 7j/7, simplement parce que je ne bois pas, mais je me sens bien ancrée, à l’image des racines d’un arbre qui sont fermement ancrées dans le sol. »

Elle ajoute au passage : « on me dit tout le temps que je suis rayonnante. Sérieusement, l’alcool fait gonfler et transpirer. Lorsqu’on boit beaucoup, chaque pore de son corps montre que quelque chose ne va pas. »

Aujourd’hui, Verena s’exprime pour sensibiliser aux problèmes de l’alcool et inciter les autres à chercher de l’aide, en faisant part de son témoignage dans son livre, son podcast et son spectacle solo, dans l’espoir d’aider ceux qui sont en difficulté.

« On peut en guérir, et la vie sans alcool peut être plus riche et plus satisfaisante qu’on ne l’a jamais imaginé. Si vous surveillez votre consommation, peut-être que vous ne finirez pas, comme moi, par vous égarer », conseille-t-elle. « Mais si c’est le cas, sachez qu’il y a un moyen de revenir en arrière et que la vie vaut la peine d’être vécue. »

Pour de l’aide et davantage d’informations

Si vous ou une personne de votre entourage subissez les méfaits de l’alcool, il est important de demander de l’aide. Vous pouvez trouver de l’aide sur le site Web du ministère de la Santé de votre pays ou en consultant votre médecin.

Verena a partagé son histoire avec nous dans le cadre de la campagne « Redéfinir l’alcool ». Cette campagne s’inscrit dans le cadre du projet EVID-ACTION (Evidence into Action Alcohol Project ou « Projet Alcool : des preuves aux actes ») de l’OMS et de l’Union européenne (UE), qui vise à sensibiliser aux méfaits de l’alcool dans 30 pays (les 27 États membres de l’UE plus l’Islande, la Norvège et l’Ukraine) entre 2022 et 2026.