« Je n’ai pas fui, parce que j’adore mes collègues et que je me préoccupe de nos patients. Quand tout a commencé, ils n’auraient pas pu se lever de leur lit d’hôpital et s’échapper. Que feraient-ils seuls si tout le personnel médical prenait ses jambes à son cou ? », déclare Khrystyna Lopatenko, infirmière en chef à l’hôpital de l’oblast de Kharkiv.
À l’occasion de la Journée internationale de l’infirmière, célébrée le 12 mai, Khrystyna raconte son travail au milieu des sirènes signalant les raids aériens et dans les abris antiaériens, ainsi que les raisons qui l’ont poussée à rester en Ukraine et à continuer à sauver des vies pendant la guerre.
Prodiguer des soins infirmiers en pleine situation d’urgence
Le quartier où Khrystyna vivait à Kharkiv a été le premier à être attaqué. Elle n’a donc pas eu d’autre choix que d’aller vivre à l’hôpital avec sa famille. Elle y vit toujours. « Le métier d’infirmière a des avantages dont je n’étais pas consciente avant la guerre », dit-elle. « Je me demande où j’irais si je travaillais ailleurs. Ici, c’est chez moi maintenant, c’est là où nous vivons tous comme une grande famille. »
Seuls 500 membres du personnel médical sur 2 300 ont continué à fournir des services à l’hôpital de l’oblast de Kharkiv. Par conséquent, Khrystyna effectue plus de tâches et son travail a radicalement changé depuis février 2022. L’hôpital est devenu une plaque tournante pour l’aide humanitaire destinée à tous les établissements de santé de la région de Kharkiv.
Ses tâches consistent notamment à gérer la distribution de fournitures médicales, en tenant compte des graves dommages subis par les infrastructures et des difficultés d’accès. Khrystyna donne un exemple où un camion est arrivé avec 40 tonnes d’aide humanitaire, et il n’y avait que 4 membres du personnel infirmier pour le décharger. De plus, ils n’avaient que 30 minutes et la sirène signalant un raid aérien a retenti. « Dans ce type de situation, vous n’avez pas le temps de penser à ce qu’il faut faire et personne pour vous conseiller. C’est comme ça, et vous devez trouver une solution tout de suite », explique l’infirmière en chef.
Une nouvelle vitalité
Près de 15 mois après le début de la guerre, Khrystyna Lopatenko ressent un regain d’énergie. Elle dit qu’elle s’est adaptée à la situation instable et qu’elle est désormais plus inquiète face au silence. « Alors que dans les premiers mois, je m’enfuyais lors des frappes et des raids aériens, je les vois maintenant comme un signe que le processus se poursuit, et que nous nous rapprochons de la victoire. »
Khrystyna possède un diplôme en psychologie, et cela l’aide à gérer un stress chronique et à soutenir les personnes qui l’entourent. « Parfois, tout ce dont les gens ont besoin, c’est de parler, de discuter de quelque chose, d’évacuer tout cela, d’oublier et de continuer à avancer », dit-elle.
À l’occasion de la Journée internationale de l’infirmière, Khrystyna Lopatenko fait part de son message aux futurs membres du personnel infirmier, en soulignant que pour grandir et évoluer dans cette profession, il est indispensable d’aimer les gens. Aider les patients doit être la motivation première, et il faut garder à l’esprit que la manière dont vous traitez les autres a un effet sur la manière dont vous serez traité un jour. « Je crois que les professions et les titres sont éphémères, mais que le plus important est de rester humain dans toutes les situations. »
L’OMS soutient le personnel infirmier dans des circonstances difficiles
En pleine guerre, les travailleurs de la santé ukrainiens comme Khrystyna font preuve de résilience et de courage en s’occupant de leurs patients. L’OMS reste déterminée à soutenir le personnel infirmier et les autres professionnels de santé en Ukraine et dans l’ensemble de la Région, dont beaucoup exercent leurs fonctions dans des conditions difficiles.
Cette année, l’OMS/Europe a organisé une réunion régionale à Bucarest pour exhorter les dirigeants politiques à tenir leurs promesses de soutenir les personnels de santé et d’investir pour eux, partout. La Déclaration de Bucarest, adoptée à cette occasion, appelle à une intervention politique pour améliorer les conditions de travail et soutenir notamment la santé mentale de tous les travailleurs du secteur de la santé.
Ce récit a été rédigé avec le soutien financier de l’Union européenne (UE) dans le cadre de l’initiative de l’OMS et de l’UE sur le renforcement des systèmes de santé en Ukraine.