« Vous devez vous asseoir là et écouter, et vous baser sur ce que vous voyez » – Tina Dahl, infirmière spécialisée en cancérologie

1 février 2022
Communiqué de presse
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Tina Dahl s’assied toujours tout près d’une nouvelle patiente, et observe calmement tandis que celle-ci attend de voir l’oncologue pour la première fois. Ce qui se passe au cours de ce premier entretien, elle le sait, l’aidera à découvrir ce qui fait la personnalité de cette personne. Qu’est-ce qui importe pour elle ? Qu’est-ce qui la tracasse ? Et que sait-elle déjà de son traitement ? 

C’est ce genre d’approche globale, cette prise en compte de toute la personne, que ses patientes apprécient tellement chez cette infirmière en oncologie de l’hôpital Rigshospitalet (Copenhague, Danemark). La plupart des patients cancéreux ne voient leur médecin qu’au début et à la fin d’un cycle de chimiothérapie, ainsi qu’une fois à mi-parcours. Habituellement, ce sont 90 patientes que Tina voit pendant toute la durée de leur traitement, soit 6 mois. Elle ajoute que parfois, elle passe plus de temps avec ses patientes qu’avec sa propre famille.

« En tant qu’infirmière, je tiens un rôle clé dans le cheminement de la patiente. Il est important de se rencontrer dans le contexte adéquat, d’observer son langage corporel et d’établir une bonne connexion dès le départ », explique-t-elle. 

« Certaines patientes ont fait beaucoup de recherches et ont le sentiment que leur situation est dramatique. D’autres en savent très peu, ne posent pas de questions et ont besoin d’être guidées durant toute la thérapie. Mon travail est de susciter un sentiment de bien-être chez la patiente et de lui donner l’énergie nécessaire pour voir qu’elle va s’en sortir. »

« Lorsque nous réussissons à le faire », ajoute Tina, « comme c’est heureusement souvent le cas, nous avons bien fait notre boulot. Bien sûr, il y en a aussi qui meurent d’un cancer du sein, et c’est là que ça devient très difficile. »

Montrer le chemin

Les gens sont très différents les uns des autres, relève Tina, mais elle pense que nous avons tous un réservoir intérieur de force dans lequel nous pouvons puiser pendant les moments difficiles. Et après avoir travaillé 20 ans en cancérologie, elle connaît les subtilités qui permettent d’aider les patientes à s’aider elles-mêmes. 

« Il n’y a pas de mal à s’amuser un peu ensemble », insiste-t-elle. « Nous nous ménageons le temps nécessaire pour faire passer un sentiment de légèreté, et cela aide vraiment les gens à trouver et à mobiliser les ressources qu’ils ont en eux. Nous nous occupons de quelque chose de très grave et de difficile, c’est clair, mais nous devons quand même vivre. »

Aujourd’hui, les tâches toujours plus nombreuses d’une infirmière en oncologie consistent à observer et à soigner le patient, à faire rapport à l’oncologue, à répondre aux questions et à rendre l’information accessible et simple. Tina se familiarise avec les pensées et les craintes les plus intimes de ses patientes, aussi bien qu’avec les détails de leurs symptômes physiques. Elle prend le temps de les rassurer pour qu’elles puissent se détendre un peu et accepter que tout ce qu’elles vivent fait partie du processus, et que cela passera.

« L’une des tâches les plus difficiles est d’arriver à ce qu’elles le croient. Ensuite, je peux les amener à se concentrer sur ce qu’elles doivent faire au moment présent. »

Les bons jours, et les mauvais

« Nos patientes ont parfois du mal à accepter leur image corporelle puisqu’elles ont perdu leurs cheveux et leurs cils et qu’elles se sentent très fatiguées. Quand elles franchissent la porte et que je les vois tristes ou fatiguées, je m’en occupe. Dans ce cas-là, je prends un peu de temps pour parler du problème qui se pose, avant de passer au travail concret avec la chimiothérapie. »

« Quand une patiente entre et me parle de quelque chose qu’elle fait et qui lui donne confiance en elle, la journée est bonne », ajoute Tina. « Cela peut-être une personne qui est partie faire une promenade malgré son épuisement total. Quand une patiente me dit cela, je sais qu’elle a écouté et qu’elle fait quelque chose qui va améliorer le processus thérapeutique. Alors, je la soutiens et je dis que c’est exactement ce qu’elle doit faire, et quand elle me raconte son histoire, elle est encouragée à en faire encore plus. »

« Motiver autrui n’est pas si facile que ça en a l’air, mais quand je réussis, c’est vraiment une bonne expérience », conclut-elle. « Nous recevons beaucoup d’éloges pour notre travail, et je pense que c’est parce que nous nous investissons, que nous nous asseyons pour passer du temps avec les gens, pour comprendre ce qui est important pour eux et quelles sont leurs forces et leurs faiblesses. Ça ne demande rien de bien extraordinaire... Il faut juste rester assis, écouter et vous baser sur ce que vous voyez. »