Gérer un hôpital quand son pays est attaqué – un témoignage de l’ouest de l’Ukraine

1 mars 2022
Communiqué de presse
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Pour les patients de l’hôpital de Novovolynsk, dans l’ouest de l’Ukraine, le retentissement des sirènes de raid aérien est soudainement devenu une réalité de tous les jours face à l’offensive militaire contre le pays. Les patients doivent quitter un établissement moderne en surface pour rejoindre un abri anti-bombes souterrain datant des années 1950, et doté d’une installation rudimentaire pouvant accueillir jusqu’à 300 personnes. 

« En une journée, les sirènes de raid aérien se sont déclenchées à 5 reprises. Nos patients sont pour la plupart des personnes âgées, dont certaines se déplacent en béquilles et souffrent de problèmes de santé aigus. Ils ne peuvent pas continuer à se déplacer jusqu’au bunker », explique M. Oleh Shypelyk, directeur de l’hôpital.

L’hôpital comprend 3 salles d’opération. Un service d’urgence fournit des soins médicaux de routine, et 6 équipes s’occupent des blessés. Toutes les ailes de l’hôpital sont équipées d’un générateur pour assurer un approvisionnement continu en électricité. 

Les personnels de santé se préparent à toute une série de scénarios au cas où l’hôpital deviendrait une cible de l’offensive militaire. « Les principaux besoins sont des générateurs supplémentaires pour assurer l’alimentation en électricité du service accueillant les patients atteints de COVID-19, qui doivent rester séparés des autres, et de la maternité, car les femmes doivent accoucher, que ce soit la guerre ou la pandémie de COVID-19 », explique M. Shypelyk. 

« Nous devons également équiper l’abri d’au moins 2 générateurs car en cas de bombardement, nous ne serons pas en mesure de transférer tout le matériel vers l’abri. Nous avons également besoin de matériel chirurgical supplémentaire. Si les hôpitaux doivent être bombardés, nous devons nous y préparer. » 

« Les personnels de santé doivent être protégés pour pouvoir continuer à sauver des vies », explique le docteur Jarno Habicht, représentant de l’OMS en Ukraine. « De même, les établissements de santé doivent être protégés et rester fonctionnels, sûrs et accessibles à tous ceux qui ont besoin de services médicaux essentiels. » 

La situation de l’approvisionnement en oxygène a atteint la cote d’alerte en Ukraine. Les camions sont en effet incapables de transporter les livraisons d’oxygène des usines vers les hôpitaux du pays, y compris la capitale Kiev.

Malgré les défis posés par la situation actuelle, l’OMS recherche activement des solutions pour accroître l’approvisionnement qui, d’ailleurs, prévoiront probablement l’importation d’oxygène (liquide et en bouteilles) à partir de réseaux régionaux. Ces fournitures devront transiter en toute sécurité, notamment par un couloir logistique passant par la Pologne. L’OMS s’efforce aussi d’assurer un approvisionnement en dispositifs médicaux nécessaires à l’oxygénothérapie et en fournitures pour le traitement des traumatismes.

Le directeur général de l’OMS a annoncé le déblocage de 3,5 millions d’USD supplémentaires provenant du Fonds de réserve de l’OMS pour les situations d’urgence afin d’acheter et de livrer des fournitures médicales urgentes. L’aide humanitaire de l’OMS dans le domaine de la santé devrait s’accroître à la suite de nouvelles évaluations des besoins. Elle s’ajoute aux fournitures médicales et de soins de traumatologie que l’OMS a aidé à prépositionner dans les établissements de santé. 

« Nous continuerons à dispenser des soins et à soutenir les personnes touchées par cette offensive militaire dans toute l’Ukraine », conclut le docteur Habicht. « La santé pour tous, en toutes circonstances, est au cœur de notre mission et de notre mandat. »