Face à un sentiment d’urgence croissant pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, il importe d’adopter des approches dépassant le cadre des innovations techniques en vue de mieux intégrer tout un ensemble de facteurs, notamment les contextes culturels. Un rapport publié aujourd’hui par l’OMS/Europe tente d’aborder de manière systématique le rôle des comportements et des contextes culturels dans les pratiques de gestion des déchets, ainsi que leur impact sur la santé et le bien-être.
Le rapport examine les rôles de la culture dans la production et la gestion des déchets solides municipaux (par opposition aux déchets industriels ou aux eaux usées) et la manière dont cela influence les conditions de santé et de bien-être.
Avec la montée du consumérisme, les déchets en sont venus à symboliser le dénuement de sens. Le rapport met en avant l’importance de faire de la gestion des déchets une pratique utile et sensée aux niveaux individuel, communautaire et national en s’appuyant sur les connaissances acquises dans le domaine des sciences humaines et sociales liées à la santé. À l’aide d’études de cas et d’exemples de bonnes pratiques provenant des États membres de l’OMS, il montre comment les stratégies de réduction, de réutilisation et de recyclage sont souvent profondément enracinées dans notre culture et peuvent faire l’objet d’une mobilisation sur le terrain, si les pouvoirs publics créent les conditions nécessaires.
Le rapport s’inspire de l’analyse exploratoire de 193 articles, et est publié dans le cadre de la série de rapports de synthèse du Réseau des bases factuelles en santé.
Qu’entend-on par optique culturelle ?
L’adoption d’une approche culturelle repose sur la compréhension du fait que différents groupes font appel, pour fonctionner, à tout un ensemble de catégories, d’hypothèses et d’impératifs moraux. La culture est un terrain complexe où se croisent des pratiques et des valeurs politiques, économiques, écologiques, juridiques, éthiques et morales qui influencent les attitudes et les expériences liées à la santé et à la gestion des déchets. Les facteurs culturels opèrent également à différents niveaux, des coutumes locales aux normes nationales.
L’adoption d’une optique culturelle aide les responsables politiques à mieux comprendre les diverses manières dont les groupes d’une population donnée et les habitants d’une région se comportent, agissent et acquièrent leurs connaissances ainsi que les différences observées à cet égard d’une population et d’une région à l’autre. Elle permet également de reconnaître la diversité caractérisant les cultures apparemment communes, ce qui est particulièrement important compte tenu de la répartition inégale des impacts négatifs de la production, du traitement et de l’élimination des déchets. On peut aussi adopter une optique culturelle afin de comprendre les perceptions et le vécu de ces inégalités, et d’adapter les interventions sensibles au contexte les plus à même de réduire les risques et de promouvoir la santé et le bien-être.
Un rôle clé pour les communautés et la participation
L’attention portée aux différences entre les cultures et au sein d’une même culture permet de mettre en évidence les multiples dimensions d’une intervention utile et efficace. Il est essentiel que les réglementations, les lois et les mesures d’incitation tiennent compte des contextes culturels influant sur la production de déchets en amont (cultures de consommation et d’élimination à grande échelle) et la gestion des déchets en aval (élimination, valorisation, recyclage, etc.). Le rapport souligne l’importance de faire participer les personnes et les communautés à l’élaboration des politiques relatives aux déchets afin de promouvoir la santé et le bien-être.
Les différents acteurs concernés par la gestion des déchets, qu’ils soient impliqués dans ces pratiques ou affectés par celles-ci, doivent aussi parvenir à une compréhension commune. On doit en outre promouvoir le recours à des processus décisionnels participatifs en matière de gestion des déchets en collaboration avec les parties prenantes locales afin de mieux comprendre les préoccupations et les perceptions des risques au niveau local, et de prendre les mesures qui s’imposent. Les initiatives locales, telles que les opérations de nettoyage menées au niveau communautaire, les projets artistiques ou les initiatives scientifiques citoyennes, peuvent également être soutenues et appliquées à grande échelle pour catalyser le changement et assurer la durabilité.