Par une chaude matinée d’août, à Istanbul, Ezgi a mis au monde son fils avec l’aide d’une équipe de sages-femmes et de médecins qualifiés. Son nouveau-né était l’un des 1,2 million de bébés nés en Türkiye cette année-là.
Tout au long de sa grossesse, de son accouchement et de la période post-partum, Ezgi a reçu le soutien inestimable d’une sage-femme compétente qui l’a accompagnée pendant plusieurs mois. La sage-femme a informé Ezgi des options qui s’offraient à elle pour l’accouchement, lui a enseigné des techniques de gestion de la douleur, l’a aidée à prendre des décisions (comme pour établir un contact corporel avec son bébé immédiatement après la naissance) et l’a conseillée pour l’allaitement.
Pour la sage-femme, les besoins émotionnels d’Ezgi étaient aussi importants que ceux du bébé. Même après sa sortie de l’hôpital, Ezgi a continué à bénéficier du soutien de la sage-femme, ce qui était extrêmement important, étant donné que c’était la première fois qu’elle était mère.
L’histoire d’Ezgi montre à quel point il est important que les sages-femmes soient bien formées et qualifiées pour assurer le bien-être physique et mental de la mère comme de l’enfant. Cette histoire n’a rien d’exceptionnel. Dans toute la Région européenne de l’OMS, des femmes vivent des expériences similaires lorsqu’elles ont accès aux soins d’une sage-femme. Il est prouvé que les soins prodigués par des sages-femmes, lorsqu’il s’agit de professionnel(le)s habilité(e)s à exercer dans un cadre réglementé et ayant reçu une formation initiale et continue, vont de pair avec une amélioration de la qualité de l’encadrement et à une réduction rapide et durable de la mortalité maternelle et néonatale.
Améliorer la formation des sages-femmes
La qualité de la formation des sages-femmes est un facteur essentiel pour garantir qu’ils ou elles possèdent les connaissances, les aptitudes et les compétences nécessaires pour prodiguer des soins efficaces, en toute sécurité, aux femmes et aux nouveau-nés lors de l’accouchement.
Pour garantir une formation de qualité aux sages-femmes, il est important de disposer de programmes de formation bien établis et homologués qui répondent aux normes internationales. Les sages-femmes devraient également pouvoir bénéficier d’un développement professionnel continu et d’opportunités de formation permanente afin de maintenir leurs connaissances et leurs compétences à jour.
En tant que professeur associé au département de soins obstétricaux de l’université Cumhuriyet et dans le cadre de son travail à la Confédération internationale des sages-femmes, Burcu Yurtsal se consacre à la promotion de la profession par le biais de la formation, l’une des 4 priorités stratégiques pour les personnels de santé et d’aide à la personne, tant à l’échelle mondiale que dans la Région. L’effet boule de neige que les services obstétricaux ont sur les populations et les systèmes de santé nationaux est ce qui motive Burcu, donne un sens à son travail et lui insuffle de l’espoir pour le futur.
« Lorsque je vois à quel point mes étudiants en obstétrique sont travailleurs et passionnés, je suis convaincue que nous disposerons d’une main-d’œuvre qui sera capable de répondre aux besoins des femmes. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. Nous devons tendre à l’excellence dans la formation, en nous améliorant chaque jour. Avec nos diplômes universitaires, nous sommes déterminés à assurer la formation de nos futures sages-femmes en nous inspirant des besoins des femmes de notre pays », explique-t-elle.
« Ma vision », ajoute Burcu, « est qu’à l’avenir, toutes les femmes de Türkiye puissent choisir de mettre au monde leurs bébés avec l’aide d’une sage-femme et que les naissances sans complications deviennent moins médicalisées ».
Investir dans la formation des sages-femmes pour répondre aux normes internationales est un moyen rentable d’améliorer les résultats en matière de santé maternelle et néonatale tout en allégeant la charge qui pèse sur les systèmes de soins de santé en limitant la nécessité d’interventions coûteuses et non nécessaires.
Pour répondre aux normes internationales, la formation des sages-femmes doit inclure une vaste expérience pratique, notamment la réalisation d’un grand nombre d’examens prénatals et la prise en charge d’au moins 20 femmes enceintes tout au long de leur grossesse. Les sages-femmes diplômées doivent également être en mesure d’assister les accouchements compliqués et les nouveau-nés nécessitant des soins particuliers.
Remédier à la pénurie de sages-femmes dans la Région
La pandémie de COVID-19 a ouvert de nouvelles perspectives pour la formation des sages-femmes et les services qu’elles assurent. Pour améliorer l’accès à la formation et la qualité des soins dispensés par les sages-femmes, il est essentiel de tirer parti de ces nouvelles possibilités, notamment des technologies numériques innovantes.
Dans certaines parties de la Région, toutefois, il est difficile de garantir qu’il y aura suffisamment de sages-femmes capables de répondre aux besoins de la population. Le rapport phare de l’OMS/Europe intitulé « Health and care workforce in Europe: time to act » [Personnels de santé et d’aide à la personne en Europe : il est temps d’agir] souligne que c’est la profession de sage-femme qui a enregistré le plus faible taux de croissance dans la Région ces dernières années.
Pour résoudre ce problème, des investissements sont nécessaires afin d’augmenter le nombre de sages-femmes diplômées, de faciliter le développement du corps enseignant et d’élaborer des politiques éducatives visant à assurer le déploiement et le maintien en poste des sages-femmes dans les communautés rurales et isolées.
Toute femme devrait pouvoir accoucher avec l’aide de personnes qualifiées, comme l’a fait Ezgi. Il est temps d’agir, d’investir dans la formation des sages-femmes et de veiller à ce que toute femme ait accès aux soins et au soutien dont elle a besoin à l’un des moments les plus importants de sa vie.