L’un des premiers effets négatifs de la pandémie de COVID-19 et des mesures sociales et de santé publique mises en place par les autorités sanitaires est rapidement devenu visible, en particulier aux frontières. La pandémie a en effet entraîné des fermetures et des contrôles aux frontières, perturbant les mouvements transfrontaliers des soins de santé, des produits médicaux et pharmaceutiques, ainsi que des denrées alimentaires et des fournitures de base. Elle a également semé la confusion et la méfiance.
Après la flambée épidémique, il est devenu évident que le rôle des autorités des points d’entrée était mal défini en termes de coordination de la riposte à la COVID-19. Comme nous le rappelle le docteur Evangelos Karagiannis, médecin de santé publique à l’Autorité sanitaire du port de Thessalonique (Grèce), cela a posé des problèmes pour le dédouanement des marchandises essentielles à la lutte contre la maladie, notamment les dispositifs médicaux et les équipements de protection individuelle.
Les points d’entrée sont sur la ligne de front pour la prévention, la détection et la riposte aux événements de santé publique susceptibles de survenir dans le cadre de voyages et de déplacements internationaux. On entend notamment par points d’entrée les ports, les postes-frontières et les aéroports. Comme le stipule le Règlement sanitaire international (RSI) (2005), les points d’entrée doivent être dotés des principales capacités habituelles, ainsi que des capacités nécessaires pour intervenir face à une urgence de santé publique de portée internationale, y compris d’un plan d’urgence en matière de santé publique.
« Les défis liés à la COVID-19 ont mis en évidence le rôle important que jouent les points d’entrée dans le maintien de la connectivité commerciale et la circulation transfrontalière des marchandises », explique le docteur Karagiannis. Ce dernier souligne que cela ne concerne pas seulement la riposte immédiate à la pandémie, mais aussi les efforts de relèvement ultérieurs pour renforcer la résilience face aux perturbations futures et garantir la capacité à contrer les menaces sanitaires. « Il est important d’établir une bonne collaboration entre toutes les institutions concernées par la protection de la santé publique avant et après la survenue d’une crise. Ainsi pouvons-nous continuer à travailler ensemble une fois la crise terminée et tirer profit des enseignements qui en ont été tirés », ajoute le docteur Karagiannis.
Afin de renforcer davantage les systèmes de santé et les capacités aux points d’entrée, l’OMS/Europe a organisé du 21 au 23 novembre 2023, en partenariat avec le centre collaborateur de l’OMS pour le Règlement sanitaire international : points d’entrée (Université de Thessalie, Grèce), un atelier sous-régional sur la santé aux frontières à Thessalonique dans le but de renforcer collectivement les capacités de détection et d’endiguement des menaces pour la santé publique aux points d’entrée, en mettant l’accent sur les ports et les postes-frontières. L’atelier a réuni 39 responsables de la santé publique, points focaux nationaux pour le RSI et experts des Balkans occidentaux et des pays voisins, notamment des représentants des partenaires stratégiques, afin d’examiner l’application des principales capacités du RSI (2005) en matière de santé frontalière et de procéder à un échange de données d’expérience dans ce domaine, et de recenser les lacunes et les actions prioritaires dans le but de renforcer la collaboration transfrontalière.
« Des exercices comme cet atelier nous aident à partager nos expériences, à échanger des idées et des points de vue avec nos homologues et, par conséquent, à aider toutes nos institutions à mieux remplir leurs fonctions », indique Dorothea Panagiotou, inspectrice de la santé publique, Autorité sanitaire du port de Thessalonique. « Avant la pandémie de COVID-19, nos connaissances des autres points d’entrée étaient purement théoriques. En fait, la pandémie a servi d’exemple concret qui nous a permis d’entrer en contact avec d’autres homologues, et nous devrions poursuivre cette coopération à l’avenir », a-t-elle ajouté.
Selon le professeur Christos Hadjichristodoulou, président de l’Organisation nationale grecque de la santé publique et coordinateur de l’action commune Healthy Gateways de l’UE, « il s’agit d’une occasion unique de créer et d’entretenir un réseau d’experts des points d’entrée au niveau régional, ce qui permettra également de favoriser la coopération future, l’échange de connaissances, d’informations et de bonnes pratiques afin d’améliorer la collaboration sanitaire aux frontières, et d’assurer la durabilité de ce réseau ».
« À l’OMS, nous menons une série d’activités de renforcement des capacités aux points d’entrée afin de favoriser la collaboration transfrontalière entre les États membres », explique Tanja Schmidt, cheffe d’équipe, Préparation et renforcement des capacités, Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire, OMS/Europe. « Comme nous l’avons constaté lors des récentes urgences sanitaires, les points d’entrée sont vraiment en première ligne pour la prévention, la détection et la réponse aux risques de santé publique, et c’est pourquoi nous sommes ici : pour soutenir le personnel et les systèmes de santé aux points d’entrée », ajoute Mme Schmidt.
« Nous voulons nous assurer que les pays sont capables de contrer les menaces sanitaires aux points d’entrée à tout moment et pendant les situations d’urgence », souligne le docteur Abebayehu Assefa Mengistu, coordinateur du centre de l’OMS pour les situations d’urgence sanitaire dans les Balkans. « Ces principales capacités sont nécessaires pour détecter à temps tout danger potentiel pouvant survenir aux points d’entrée et intervenir efficacement », ajoute-t-il.
Contexte de l’atelier
Cet atelier destiné aux Balkans occidentaux et aux pays voisins s’est concentré sur le renforcement collectif des capacités de détection et d’endiguement des menaces pour la santé publique aux points d’entrée, en mettant l’accent sur les ports et les postes-frontières.
En septembre 2018, le Comité régional de l’OMS pour l’Europe a souligné que les points d’entrée étaient l’un des domaines critiques de son premier pilier stratégique. Il a appelé tous les États membres « à déployer et à maintenir les capacités de routine et d’urgence aux points d’entrée désignés et à assurer une évaluation régulière » afin de contribuer à renforcer la préparation et la gestion des menaces sanitaires transfrontalières.
Malgré ces dispositions, les pays rencontrent des difficultés pour développer les capacités décrites dans le RSI (2005). L’atelier sous-régional visait à résoudre ce problème en proposant des conseils pour renforcer la collaboration transfrontalière entre pays voisins afin d’harmoniser les ressources, de renforcer la coordination et la communication, et de permettre la conduite d’opérations ou le déploiement d’efforts conjoints, eu égard notamment aux menaces de santé publique représentant une préoccupation commune.
L’atelier a été coordonné par l’OMS/Europe avec le soutien financier de l’Union européenne.