Cherchant à passer de la parole aux actes, la Plateforme des nouveaux médicaments de l'OMS/Europe vient d'organiser sa toute première réunion régionale, réunissant ses groupes de travail et les principaux acteurs concernés afin de dégager un consensus sur des questions clés et de formuler des recommandations concrètes pour les politiques.
Les 2 et 3 juillet 2024, des patients, des bailleurs de fonds, des États membres et des représentants de l’industrie pharmaceutique se sont réunis pour discuter des progrès accomplis jusqu’ici.
Parmi les questions abordées figuraient le point d'intersection entre les risques et les profits sur les marchés pharmaceutiques régionaux et mondiaux, l'analyse prospective (visant à repérer les technologies de santé, les médicaments et les thérapies en devenir avant qu’ils n’arrivent sur le marché, afin que les décideurs politiques puissent être mieux préparés) et les achats groupés - le tout dans le but principal ultime d'améliorer l'accès des populations à ces médicaments qui sauvent des vies, mais dont le coût est souvent prohibitif.
« Des pays de la Région européenne de l'OMS ont exprimé de vives inquiétudes quant aux pénuries de médicaments, à la hausse des prix et à l'impact des médicaments sur les budgets des soins de santé. Ces derniers supportent des charges toujours plus lourdes, et trop de familles sont confrontées à une crise du coût de la vie et à une inflation incontrôlée », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe.
Un consensus au sein d’un forum ouvert, dans la transparence
Ces dernières années, des progrès significatifs ont été accomplis en matière de recherche biopharmaceutique. Des avancées ont eu lieu en matière de prévention, de dépistage, de diagnostic et de traitement de nombreuses maladies, en grande partie grâce aux investissements des secteurs public et privé.
Parallèlement, les pouvoirs publics s'inquiètent de plus en plus des prix élevés des nouveaux médicaments prometteurs. Ces prix élevés, particulièrement préoccupants pour les petits pays de la Région, ont accentué les inégalités existantes et rendu certains incapables d’accéder aux traitements et, dans de nombreux cas, entraîné de gros problèmes d’argent.
Établi en 2023 en tant que mécanisme de collaboration unique et multilatéral visant à promouvoir le dialogue et l'échange des savoirs entre toutes les parties prenantes dans ce secteur, la Plateforme des nouveaux médicaments s'emploie à résoudre ces difficultés. Elle le fait en travaillant transversalement dans 4 grands domaines, ou groupes de travail : la transparence, la solidarité, la durabilité et les antimicrobiens innovants.
La réunion de Copenhague s'est déroulée dans un esprit d'ouverture, de transparence et de solidarité : tous les participants ont exprimé leurs points de vue, leurs préoccupations et leurs aspirations quant à la marche à suivre pour garantir l'accès de la population à ces médicaments.
Au cours des deux journées passées à Copenhague, les représentants de l'Initiative des petits États de l'OMS/Europe - les 12 plus petits États membres de la Région - se sont réunis séparément pour discuter de certaines des difficultés propres aux petits pays, telles que les pénuries de médicaments essentiels, le manque de pouvoir de négociation et d'achat, et les difficultés d'accès aux nouveaux médicaments onéreux.
« Il est clair pour nous tous qui sommes réunis ici que la situation actuelle ne sert pas les intérêts des patients, des bailleurs de fonds ou des producteurs, et qu’un changement est inévitable. Je pense que c’est la principale chose à retenir du processus que nous avons mené ensemble jusqu'à présent », a conclu le docteur Kluge.
À propos de la Plateforme pour l’accès aux nouveaux médicaments
La Plateforme pour l’accès aux nouveaux médicaments a entamé sa tâche au début de l’année 2023, à la suite d’un accord entre les 53 États membres de la Région européenne de l’OMS et en se fondant sur les travaux de l’Initiative d’Oslo pour les médicaments 2020-2022. Aujourd’hui, la Plateforme pour l’accès aux nouveaux médicaments regroupe 50 États membres et 49 acteurs non étatiques, et d’autres partenaires. Ces intervenants ont transmis des candidatures pour participer aux 4 groupes de travail temporaires, qui devraient finaliser leurs recommandations pour décembre 2025.