La nouvelle publication de l’OMS intitulée « Inclusive, sustainable, welcoming national sports federations » [Des fédérations sportives nationales inclusives, durables et accueillantes] vise à faciliter la prise de contact entre les fédérations sportives nationales et les clubs affiliés, lesquels manquent parfois d’informations et de soutien pour s’interroger sur les moyens d’amplifier les bénéfices de la vie active. Les organisations sportives qui accordent la priorité à la santé de leurs membres et de leurs communautés peuvent devenir des moteurs de changement positif dans la Région européenne de l’OMS et au-delà. Elles peuvent en effet avoir un impact déterminant sur la santé des enfants et des jeunes. Dans l’Union européenne (UE), 59 % des enfants et des jeunes sont incités à s’épanouir par leur participation à des clubs sportifs où les entraîneurs et les dirigeants servent de modèles actifs.
Plus de priorité à la santé
L’activité physique rend les personnes de meilleure humeur, améliore leur concentration et les protège contre les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et d’autres maladies non transmissibles. C’est pourquoi l’OMS recommande aux adultes de pratiquer au moins 150 minutes d’activité physique modérée par semaine, sachant que plus on s’adonne à ce genre d’activité, mieux c’est.
« Ce guide peut aider les fédérations sportives à développer une culture de promotion de la santé dans leurs clubs sportifs. Au-delà de la promotion de la compétition et des performances athlétiques, les clubs sportifs peuvent, avec les bonnes politiques en place, avoir un impact important sur la pratique de l’activité physique et l’adoption d’un régime alimentaire sain par la population locale, ainsi que sur l’abandon de comportements nuisibles pour la santé, comme la consommation d’alcool et de tabac », a expliqué le docteur Kremlin Wickramasinghe, conseiller régional de l’OMS/Europe pour la nutrition, l’obésité et l’activité physique.
Le nouveau guide de l’OMS, élaboré grâce au financement du programme Erasmus+ de l’UE dans le cadre de la coopération européenne en matière d’activité physique favorable à la santé (HEPA), comprend des exemples de programmes efficaces à cet égard, une liste de stratégies et d’interventions concrètes, ainsi que 28 outils à l’intention des fédérations sportives.
Créer un cercle vertueux
De nombreux contextes sont propices à une vie en bonne santé, notamment les clubs sportifs où plus de 615 millions de personnes dans l’UE pratiquent une activité et passent leur temps libre. La participation à des activités sportives est susceptible d’améliorer le bien-être physique et mental et d’encourager des choix de vie positifs.
Selon un récent rapport de l’OMS et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’augmentation de l’activité physique aux niveaux recommandés par l’OMS peut permettre à l’UE d’économiser chaque année jusqu’à 8 milliards d’euros en PPA (parités de pouvoir d’achat). À cette fin, les fédérations sportives peuvent être les principaux moteurs du changement dans tous les États membres de la Région européenne de l’OMS.
« Lorsque les individus reconnaissent que leur santé et leur bien-être sont valorisés par les fédérations et les clubs sportifs, ils sont incités à investir leurs ressources personnelles dans le renforcement de la capacité des fédérations et des clubs sportifs à promouvoir la santé. Cela permet d’améliorer les performances des athlètes de haut niveau, d’établir des mouvements émanant de la base, de fidéliser les membres, les entraîneurs et les dirigeants des clubs, et d’enclencher un cercle vertueux qui produira des dividendes encore plus importants à l’avenir », explique Aurélie Van Hoye, l’une des principaux auteurs du document d’orientation de l’OMS.
Études de cas : la Fédération française de football
L’une des études de cas présentées dans le guide de l’OMS porte sur les politiques de santé de la Fédération française de football (FFF). Fondée en 1919, la Fédération excelle aujourd’hui dans le football de base et d’élite, avec 1,9 million de membres et 400 000 bénévoles répartis dans 15 000 clubs.
La santé s’intègre parfaitement dans le cadre de la Fédération, en particulier grâce à son programme éducatif complet. Celui-ci s’adresse à tous les clubs et propose des lignes directrices et des études de cas accessibles via les ressources d’information de la FFF. Les brochures annuelles distribuées aux clubs par la Fondation du football mettent l’accent sur des thèmes tels que l’éducation, la diversité et la santé. Cette initiative témoigne de l’adoption d’une approche coordonnée de la promotion de la santé, visant à diffuser des outils et des formations.
Bien que la promotion de la santé ne soit pas mentionnée de manière explicite sur le site Web de la FFF, la Fédération défend naturellement des valeurs comme le plaisir, le respect, l’engagement, la tolérance et la solidarité.
Afin d’accorder une place encore plus importante à la santé, la FFF pourrait élaborer un programme unique et coordonné avec des outils, des formations et des lignes directrices, et créer un système d’évaluation avec des indicateurs de base. Les nouvelles orientations de l’OMS émettent des suggestions pour l’instauration d’un tel système.
Cinq grandes stratégies politiques
S’appuyant sur les bases factuelles les plus récentes à ce sujet, les orientations de l’OMS énoncent plusieurs stratégies politiques importantes susceptibles d’être adoptées par les fédérations sportives pour améliorer la santé et le bien-être.
- Élaborer une politique publique saine,
en accordant la priorité à la santé à tous les niveaux sportifs et en sensibilisant les décideurs à l’impact de leurs choix. - Instaurer un environnement favorable à la santé,
en veillant à ce que les installations sportives soient sécurisées, stimulantes et agréables afin d’améliorer le bien-être des athlètes et des membres. - Renforcer l’action communautaire en faveur de la santé,
en veillant à ce que les clubs fournissent des informations accessibles et en améliorant la qualité des pratiques sportives, les possibilités d’apprentissage, les partenariats et le financement de pratiques plus saines. - Acquérir des aptitudes,
en encourageant le développement personnel et social continu, en permettant aux individus de mieux maîtriser leur santé. - Réorienter les services de santé,
en considérant de manière holistique les membres des clubs sportifs, non seulement en tant que participants à des activités sportives, mais aussi en tant qu’individus à part entière, en mettant l’accent sur la promotion de la santé et en aidant la communauté à mener une vie saine.
« Nous espérons que les fédérations sportives trouveront les outils de promotion de la santé fondés sur des données probantes présentés dans ce rapport utiles pour diversifier leurs pratiques sportives afin que tout le monde puisse profiter du sport et en tirer des avantages. Les principes qui sous-tendent ce rapport sont conformes à la recommandation de l’UE sur l’activité physique favorable à la santé et à la campagne HealthyLifestyle4All de la Commission, et constituent un outil concret pour réaliser des progrès dans ce domaine », a expliqué Floor van Houdt, cheffe de l’unité « Sport » à la Direction générale de l’éducation, de la jeunesse, du sport et de la culture de la Commission européenne.