Les nouvelles orientations provisoires de l’OMS fournissent des informations utiles sur les mesures que les États membres, les autorités sanitaires et les employeurs peuvent prendre afin de protéger les travailleurs migrants contre la COVID-19 et ses incidences. Elles soulignent en outre la contribution essentielle des travailleurs migrants aux sociétés d’accueil dans la Région européenne de l’OMS, et la manière dont les activités de préparation, d’intervention et de relèvement face à la COVID-19 ont des répercussions sur la santé des travailleurs migrants.
La COVID-19 affecte directement et indirectement la santé des travailleurs migrants
La pandémie de COVID-19 et les mesures mises en place pour freiner la propagation de la maladie dans et entre les pays ont perturbé les marchés du travail et la mobilité des populations, portant ainsi préjudice à la santé et aux moyens de subsistance de nombreux travailleurs migrants.
« Les travailleurs migrants occupent souvent des postes de première ligne dans les secteurs des soins de santé, des transports, de la construction, de l’agriculture et de la transformation agroalimentaire dans la Région européenne de l’OMS. Au cours de la pandémie de COVID-19, ils ont apporté une contribution importante à leurs sociétés et économies d’accueil. Ces orientations provisoires mettent en évidence la manière dont ils font face à des défis spécifiques nécessitant l’adoption de politiques globales en matière d’économie, de protection sociale et d’emploi », a déclaré le docteur Gundo Aurel Weiler, directeur de la Division du soutien aux pays et des situations d’urgence.
Les travailleurs migrants peuvent occuper des emplois temporaires, informels ou non protégés, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux pertes d’emploi et aux réductions de salaire pendant la pandémie de COVID-19. Ils ont également tendance à vivre et à travailler dans des conditions de promiscuité qui ne leur permettent pas de respecter la distanciation physique, ce qui les expose à un risque accru de contracter la COVID-19.
Nombre d’entre eux, en particulier les sans-papiers ou ceux qui travaillent dans l’économie informelle (ou souterraine), sont confrontés à des problèmes concernant leur permis de travail et leur visa, et n’ont qu’un accès limité, voire inexistant :
- aux services de soins de santé et aux équipements de protection individuelle ;
- aux indemnités de maladie, au chômage ou aux prestations sociales ; ou
- aux informations sanitaires adaptées sur le plan linguistique et culturel concernant leurs droits et les règles de prévention des infections.
Les actions ou les inactions des pays ont de profondes conséquences
Les orientations soulignent que les travailleurs migrants peuvent souffrir de manière disproportionnée des restrictions de voyage et des réglementations frontalières. Ils sont en fait coincés entre le marteau et l’enclume : leur accès aux opportunités économiques et au soutien social dans les pays d’accueil est limité ou inexistant, mais ils ne peuvent pas partir sans risquer d’encourir des amendes, de s’endetter ou de s’exposer à d’autres risques pour leur santé et celle de leur communauté une fois dans leur pays.
S’ils réussissent à rentrer chez eux, ils risquent de se retrouver au chômage, de subir des contrecoups sociaux et d’être stigmatisés par ceux qui leur reprochent soit de propager potentiellement la COVID-19, soit de n’avoir pas réussi à envoyer des fonds qui sont une bouée de sauvetage pour de nombreuses familles et communautés.
Quand la coordination multisectorielle s’avère essentielle aux niveaux communautaire, national, régional et mondial
« Si nous voulons améliorer la santé des travailleurs migrants, ainsi que celle des populations des pays d’accueil et d’origine, nous devons adopter une approche solide, collaborative, multisectorielle et transfrontalière dans l’ensemble de nos États membres. Ces nouvelles orientations provisoires proposent des recommandations pratiques qui peuvent aider à relever les défis auxquels sont confrontés les travailleurs migrants et à atténuer l’impact négatif de la pandémie de COVID-19 », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
Parmi les recommandations politiques émises à l’adresse des États membres, il convient de mentionner les suivantes :
- susciter la collaboration entre les pays d’origine, de transit et d’accueil des migrants ;
- adhérer aux lignes directrices de l’OMS pour les mesures de quarantaine et d’isolement à domicile ;
- prendre en compte les travailleurs migrants dans les mesures d’intervention et de relèvement face à la COVID-19 ;
- prévenir de manière active la stigmatisation et la discrimination à l’égard des travailleurs migrants et des migrants rentrant dans leur pays ;
- promouvoir les informations sur la COVID-19 adaptées au contexte culturel et linguistique au sein des communautés de travailleurs migrants, ainsi qu’aux frontières et aux points d’entrée.
L’OMS/Europe demande également aux organisations d’employeurs et de travailleurs :
- de protéger la sécurité et la santé au travail des travailleurs migrants en élaborant des stratégies et des plans de prévention de la COVID-19 ;
- d’informer les travailleurs migrants sur les mesures de prévention des infections, ainsi que sur leur droit d’accès aux services de santé.
Enfin, les orientations provisoires énumèrent les mesures suivantes à l’intention des autorités et des prestataires de soins de santé :
- collecter et communiquer des données ventilées par statut et profession des migrants afin de mieux comprendre l’impact de la pandémie sur les populations de travailleurs migrants ;
- former les personnels de soins de santé aux approches tenant compte des besoins de migrants afin qu’ils puissent reconnaître les différentes vulnérabilités de ces travailleurs.
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les différentes vulnérabilités des travailleurs migrants et l’interdépendance du bien-être des personnes, quel que soit leur statut juridique ou leur contribution économique à la prospérité de la société. En suivant une approche fondée sur les droits de l’homme à tous les niveaux d’intervention liés à la COVID-19, les États membres peuvent ainsi veiller à ce que personne ne soit laissé de côté et garantir la protection de tous.