WHO / Nathalie Germain Julskov
Un nouveau rapport de l’OMS/Europe préconise une stratégie coordonnée pour réduire la consommation de sel et améliorer la détection et la maîtrise de l’hypertension.
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Chaque jour, les maladies cardiovasculaires tuent 10 000 personnes dans la Région européenne de l’OMS ; elles touchent plus fréquemment les hommes que les femmes

Un rapport de l’OMS/Europe met en garde contre des niveaux fatals de consommation de sel et une hypertension artérielle non maîtrisée

15 mai 2024
Communiqué de presse
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Copenhague (Danemark), le 15 mai 2024 

La plupart des habitants de la Région européenne de l’OMS consomment beaucoup trop de sel, et plus d’un adulte sur 3 âgé de 30 à 79 ans souffre d’une élévation de la pression artérielle, ou hypertension. Ceci a son importance, car une consommation élevée de sel augmente la pression artérielle, ce qui constitue un facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires telles que les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Un nouveau rapport de l’OMS/Europe, « Action on salt and hypertension » [Agir contre le sel et l’hypertension], préconise une stratégie coordonnée pour réduire la consommation de sel et améliorer la détection et la maîtrise de l’hypertension pour protéger la santé de la population. 

Décès prématurés dus à des maladies cardiovasculaires : des statistiques alarmantes

Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause d’invalidités et de décès prématurés dans la Région européenne, puisqu’elles sont chaque année à l’origine de plus de 42,5 % des décès. Cela représente 10 000 décès par jour. 

Selon le rapport de l’OMS/Europe, les hommes de la Région courent près de 2,5 fois plus de risques que les femmes de mourir d’une de ces maladies. Il y a également un clivage géographique : la probabilité de mourir jeune (entre 30 et 69 ans) d’une maladie cardiovasculaire est presque 5 fois plus élevée en Europe orientale et en Asie centrale qu’en Europe occidentale. 

« Les maladies cardiovasculaires et l’hypertension sont généralement évitables... et peuvent être maîtrisées », déclare le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. « Quatre millions... un chiffre qui donne le vertige : c’est le nombre de décès causés chaque année par les maladies cardiovasculaires – principalement chez les hommes, en particulier dans la partie orientale de notre Région de l’OMS. Tels sont les faits, mais nous pouvons changer les choses. Nous savons ce qui fonctionne, mais nous ne parvenons pas toujours à mettre en œuvre des stratégies fondées sur des données probantes, ce qui se traduit par un nombre inacceptable de décès évitables. La mise en œuvre de politiques ciblées visant à réduire de 25 % la consommation de sel pourrait permettre de sauver quelque 900 000 vies dues aux maladies cardiovasculaires d’ici à 2030 ».

Une consommation de sel élevée, un risque majeur pour la santé dans la Région

Presque tous les pays de la Région européenne (52 sur 53) enregistrent une consommation quotidienne moyenne de sel supérieure à la limite maximale recommandée par l’OMS : 5 g (environ 1 cuillère à café) par jour. 

La consommation excessive de sel est le principal facteur de l’hypertension et, par conséquent, des décès dus aux crises cardiaques, aux accidents vasculaires cérébraux et à d’autres maladies cardiovasculaires. Les principaux coupables sont souvent la cuisine de rue et les aliments transformés.

Le contrôle de la quantité de sel dans les aliments transformés peut avoir un impact positif sur la santé de la population. 

L’hypertension artérielle, un tueur silencieux

L’hypertension artérielle est le principal facteur de risque de décès et d’invalidité dans la Région européenne. Elle y est responsable de près d’un quart des décès et de 13 % des invalidités. Généralement, elle ne se manifeste par aucun symptôme, mais si elle n’est pas maîtrisée, elle peut avoir des conséquences dévastatrices, telles qu’une crise cardiaque et des accidents vasculaires cérébraux. La Région européenne enregistre la prévalence la plus élevée au monde de l’hypertension.

Une stratégie coordonnée : réduire la consommation de sel et maîtriser l’hypertension

Le nouveau rapport de l’OMS/Europe préconise une approche coordonnée pour réduire la consommation de sel et mieux contrôler les niveaux d’hypertension. Ces mesures peuvent sauver des milliers de vies chaque jour dans la Région européenne. Nous savons ce qui est efficace, et il existe des interventions et des outils dont il est prouvé scientifiquement qu’ils permettent de réduire la consommation de sel et de lutter contre l’hypertension, mais de nombreux pays ne sont pas en mesure de les mettre en œuvre. Les décideurs peuvent prendre des mesures plus énergiques pour éliminer ces obstacles et améliorer la santé de la population.
  • Introduire des politiques contraignantes pour limiter la consommation de sel. Des mesures axées sur la population sont nécessaires pour ramener la consommation de sel vers le niveau maximal recommandé par l’OMS. Il s’agit notamment de fixer des limites obligatoires de la quantité de sel dans les aliments consommés de manière habituelle, dont les produits alimentaires industriels, et dans les aliments servis dans des échoppes ou des cantines ; de prévoir un étiquetage obligatoire sur le devant des emballages pour aider le consommateur à opérer des choix éclairés et plus sains ; et d’organiser des campagnes de sensibilisation pour promouvoir un changement de comportement afin de réduire la consommation de sel au sein de la population. 
  • Résister à l’opposition de l’industrie alimentaire. Lorsqu’il est question de réduire la consommation de sel au sein de la population, il devient évident que les intérêts fondamentaux de la santé publique et de l’industrie alimentaire s’opposent. Du point de vue de l’industrie alimentaire, les aliments à teneur élevée en sel sont souvent ceux qui produisent le plus de bénéfices. Mais le fait est que ce type d’alimentation met en jeu la santé du consommateur. La réduction de la consommation de sel au sein de la population par une modification obligatoire de la composition des aliments produit des résultats rapides, est réalisable, supprime des coûts et, en définitive, sauve des vies. 
  • Soigner efficacement l’hypertension. L’hypertension doit être diagnostiquée et gérée à l’aide de protocoles de traitement normalisés et de soins prodigués en équipe dans des unités de soins primaires. Il est capital d’élargir l’accès à des médicaments et à des appareils médicaux essentiels pour les personnes ayant reçu un diagnostic d’hypertension. 
  • Affiner les lignes directrices. Les bases factuelles montrent que des lignes directrices simplifiées, facilement compréhensibles, pertinentes dans le paysage clinique local sont plus susceptibles d’être mises en pratique.
  • Renforcer les connaissances des patients. Des éléments probants indiquent qu’un approfondissement des connaissances du patient sur l’hypertension, ses complications et l’efficacité du traitement améliore l’observance thérapeutique en cas d’hypertension. 
  • Adopter une approche centrée sur le patient. Donner la priorité à ce qui importe pour le patient peut aussi améliorer l’observance thérapeutique.
  • Mettre en œuvre une politique sensible au genre. Cela peut contribuer à lutter contre les inégalités en matière de détection et de maîtrise de l’hypertension.
  • Renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement. Renforcer la chaîne d’approvisionnement contre les situations d’urgence permet un traitement ininterrompu.