Le 11 juin 2022, Harun Tulunay a commencé à avoir de la fièvre. Au début, il a pensé qu'il avait la COVID-19, mais ensuite, il s’est inquiété car il avait l’impression que c’était autre chose.
« Mes ganglions lymphatiques faisaient mal, ils étaient gonflés et c’était très douloureux. Ma fièvre est montée à 39,6 °C. Je prenais de l'ibuprofène et des analgésiques pour ne pas frissonner. Le 5e jour, je suis resté couché sur le canapé, incapable de bouger, incapable de dormir. Je me sentais seul et la douleur était insupportable. »
Quelques semaines plus tôt, plusieurs cas de variole du singe avaient été détectés dans des pays de la Région européenne de l'OMS. Au 14 juillet, il y avait plus de 8900 cas confirmés de variole du singe dans la Région. Les chiffres les plus élevés ont été signalés en Allemagne, en Espagne, en France et au Royaume-Uni, mais des cas ont été notifiés dans 35 pays et territoires de la Région.
« Lorsque j’ai été adressé à un hôpital spécialisé en santé sexuelle pour un dépistage de la variole du singe, je n’avais qu’une ampoule sur le nez. Au début, elle avait la taille d’une pointe de stylo, puis elle n’a cessé de grandir et de devenir plus douloureuse. À cause des lésions dans ma gorge, je ne pouvais pas avaler, manger ou boire. C’était pénible », dit Harun.
La variole du singe est généralement considérée comme bénigne et la plupart des gens se rétablissent en quelques semaines, sans traitement. Cependant, cette maladie est souvent source d'inconfort ou de douleurs, et peut parfois entraîner des complications requérant un suivi médical attentif. Ce fut le cas pour Harun, dont les symptômes se sont aggravés après son admission à l’hôpital.
« Lorsque les tests ont révélé que j’avais la variole du singe, j’ai été mis en isolation dans un autre hôpital spécialisé dans les maladies infectieuses. Je ressentais seulement du soulagement, parce que maintenant, je savais ce que j’avais. Mais j’avais encore peur parce que, malgré le fait que je milite pour la santé sexuelle, je ne pensais pas que la variole du singe pouvait être si grave. Le niveau de la douleur m’a surpris. J’ai aussi pris conscience de ma solitude. Je ne pouvais pas recevoir la visite de mes amis ou de ma famille. Je pensais que si je mourais de cette maladie, je mourrais seul. »
Pendant 10 jours, Harun a été soigné avec du tecovirimat, un antiviral mis au point pour la variole et désormais autorisé pour la variole du singe par l’Agence européenne des médicaments (EMA). Il est nécessaire d’obtenir d’urgence plus de données à l’échelle internationale concernant son efficacité pour le traitement de la variole du singe chez l’homme.
« Toutes les questions sans réponse ont affecté ma santé mentale. Je n’avais encore jamais été hospitalisé, et l’incertitude autour de cette maladie était stressante. On m’administrait des analgésiques puissants, des antibiotiques à cause d’une infection bactérienne secondaire, et j’étais alimenté par perfusion intraveineuse. Tout ce que je voulais, c’était de ne plus avoir mal », explique Harun.
« Même maintenant, parler des cicatrices que pourrait laisser la variole du singe fait monter en moi une émotion. Je ne veux pas porter des cicatrices qui me rappelleraient ce mois affreux. Je ne veux pas me regarder dans le miroir et voir ça. »
Les principales mesures visant à maîtriser cette flambée épidémique sont la recherche des contacts et l’isolement. Il est très important que les personnes chez lesquelles la variole du singe a été détectée révèlent leurs contacts pour que ceux-ci puissent être alertés et surveiller l’apparition de symptômes.
« Lorsque j’ai dit à mes amis et à mes collègues que j’avais la variole du singe, tout le monde m’a vraiment soutenu et a essayé de m’aider. »
La flambée actuelle dans la Région européenne de l’OMS est préoccupante, parce qu’elle ne ressemble pas aux flambées précédentes. Des études sont en cours pour mieux comprendre l’épidémiologie, les sources de l’infection et les modes de transmission.
Actuellement, la principale stratégie de prévention contre la variole du singe est la sensibilisation. Les nouveau-nés, les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes présentant des déficiences immunitaires antérieures risquent d’avoir des symptômes plus importants et, dans de rares cas, de succomber.
« Nous pensons toujours que ça n’arrive qu’aux autres. Les médecins et les scientifiques sont formidables, mais si quelqu’un qui a vécu la même chose peut vous dire à quoi vous devez vous attendre, c’est très important », fait remarquer Harun.
« Comme je vis avec le VIH depuis 2016, je sais à quel point il peut être réconfortant d’entendre le récit d’autres personnes. C’est pourquoi j'ai voulu fait part de mon histoire concernant la variole du singe, qui est une maladie encore relativement peu connue. Je ne savais rien à son sujet quand je l'ai attrapée. Le fait est que je ne souhaite ça à personne. Je veux aussi montrer que je vais bien. Oui, ça a été grave, mais je vais mieux. »
Les conseils d’Harun
« Je veux que les gens soient vigilants. Faites preuve de considération, soyez gentil et isolez-vous si vous avez des symptômes. Soyez attentif et faites attention aux symptômes tels que les éruptions cutanées, la fièvre et les douleurs musculaires. Soyez aussi le défenseur de votre propre santé et connaissez vos droits. Il existe un vaccin, donc demandez-le. Et si vous avez la variole du singe, demandez d’être soigné. »
Si vous vivez dans un pays où le vaccin est disponible pour vous et vos proches contacts, faites-vous vacciner. Si vous pensez avoir été exposé à une personne atteinte de la variole du singe, contactez immédiatement votre médecin ou votre agent de santé, qui sera en mesure de vous donner les bons conseils.
Pour les contacts, l'OMS recommande une prophylaxie post-exposition par un vaccin approprié de deuxième ou troisième génération, idéalement dans les 4 jours suivant la première exposition.
En fonction de la disponibilité d’un vaccin, certains pays incluent aussi des stratégies prévoyant la vaccination de toutes les personnes qui, d'après l’épidémiologie, sont exposées à un haut risque.
Comprendre la prévention et le traitement de la variole du singe
Si le contact physique étroit et prolongé est un facteur de risque de transmission connu, on ignore actuellement si la variole du singe peut être transmise en particulier par voie sexuelle. Des études sont nécessaires pour mieux comprendre ce risque.
Des études scientifiques sont en cours pour évaluer la faisabilité et la pertinence d’une vaccination pour la prévention et la maîtrise de la variole du singe. Certains pays ont pris ou élaborent des mesures pour proposer un vaccin aux personnes susceptibles de contracter la maladie, comme le personnel de laboratoire, les équipes d'intervention rapide et les agents de santé. Le tecovirimat n’est pas encore largement disponible.
L'OMS travaille avec les pays touchés ; elle facilite l’échange d’informations et encadre la surveillance, le dépistage, la prévention des infections, la prise en charge clinique, la communication sur les risques et la mobilisation des communautés. L'OMS collabore également avec les fabricants de vaccins pour évaluer la possibilité de produire davantage de vaccins contre la variole du singe et la variole s'il est nécessaire de vacciner les personnes les plus exposées ou celles qui pourraient subir d’importantes complications.