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L’impact varié de la COVID-19 sur la vaccination systématique dans la Région européenne

16 juillet 2021
Communiqué de presse
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Les estimations de l’OMS et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) publiées le 15 juillet 2021 et relatives à la couverture vaccinale systématique en 2020 font état d’une baisse de 1 % de cette couverture vaccinale dans la Région européenne de l’OMS (de 95 % en 2019 à 94 % en 2020, la troisième dose du vaccin à valences diphtérie, tétanos et coqueluche (DTC3) servant d’indicateur de référence).

La couverture vaccinale systématique reste élevée dans la Région qui, d’ailleurs, a enregistré une baisse moins importante en 2020 que toutes les autres Régions du monde. Les chiffres pour 2020 sont préliminaires car ils se fondent sur les données communiquées par 36 (68 %) des États membres de la Région seulement à l’aide du formulaire annuel de rapport conjoint OMS/UNICEF. Ils seront révisés ultérieurement en 2021 une fois que des données plus complètes seront disponibles.

La diminution relativement faible de la couverture régionale par le DTC3 témoigne des efforts intenses déployés par les ministères de la Santé de la Région pour poursuivre la vaccination des enfants ou leur administrer des vaccins de rattrapage et ce, malgré les restrictions programmatiques dues aux mesures de riposte à la pandémie de COVID-19.

Cette diminution masque toutefois d’importantes variations d’un pays à l’autre, des baisses plus importantes dans plusieurs pays, ainsi qu’un manque de données lorsque les perturbations liées à la COVID-19 ont également affecté la capacité de collecte et de communication des données nationales relatives à la couverture vaccinale systématique.

Parmi les 36 États membres européens pour lesquels des estimations sont disponibles, une baisse générale significative (≥ 5 %) de la couverture vaccinale systématique (tous antigènes confondus) a été signalée par l’Azerbaïdjan, la Bulgarie, la Géorgie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et la République de Moldova.

Des baisses moins importantes, avec des valeurs inférieures à l’objectif régional de 95 % de couverture vaccinale, ont été signalées par l’Italie (tous les antigènes) ainsi que par le Danemark, la Lituanie et la Roumanie (vaccins combinant la valence rougeole et la valence rubéole).

Plusieurs pays ont signalé une légère augmentation de la couverture par le DTC3 et la première dose du vaccin à valence rougeole (MCV1), les augmentations les plus notables ayant été rapportées par l’Estonie et Saint-Marin. L’Ukraine a signalé une diminution de la couverture par le MCV1, mais aussi une augmentation de la couverture par le DTC1 et le DTC3.

Le Monténégro a fait état d’une couverture à la fois faible et inquiétante du vaccin antirougeoleux qui est tombée à 24 % en 2020, contre 33 % en 2019 (une couverture déjà bien insuffisante). D’autres pays ont fait état de niveaux de couverture comparables à ceux de 2019.

La multiplication du nombre d’enfants non vaccinés peut inverser le recul des cas de rougeole

Afin d’éliminer la rougeole et de la rubéole, il importe particulièrement de parvenir à une couverture vaccinale optimale (≥ 95 %) avec 2 doses de vaccin combinant la valence rougeole et la valence rubéole à tous les niveaux sous-nationaux (provinces, régions et districts) et ce, en comblant les lacunes en matière d’immunité chez tous les groupes d’âge.

Bien que les cas de rougeole déclarés aient considérablement diminué (de plus de 104 000 en 2019 à environ 12 000 en 2020, et seulement 59 de janvier à mai de cette année), tout recul de la couverture vaccinale peut entraîner une hausse rapide du nombre d’enfants vulnérables, et provoquer éventuellement d’importantes flambées épidémiques à l’avenir.

En outre, il est probable que certains facteurs liés à la prise de mesures nationales en vue de lutter contre la COVID-19 au cours de l’année 2020 aient contribué à la baisse observée des cas de rougeole signalés dans la Région. Il s’agit par exemple :

  • de la baisse des consultations hospitalières et médicales lors des confinements totaux ou partiels ayant sans doute empêché le dépistage des cas de maladie plus bénins ;
  • d’une diminution de la transmission des virus de la rougeole et de la rubéole grâce à des mesures à caractère non pharmaceutique telles que les recommandations de rester à la maison, la fermeture d’écoles, l’interdiction des rassemblements de masse, la fermeture des frontières internationales, la distanciation physique généralisée ainsi que l’amélioration de l’hygiène des mains et les comportements à adopter en cas de toux ou d’éternuement ;
  • de l’interruption ou de la perturbation de la surveillance des maladies en raison de la réaffectation de ressources humaines et d’autres ressources à la riposte à la COVID-19.

La rougeole reste endémique dans de nombreux pays du monde, et réapparaîtra partout où elle rencontrera suffisamment de personnes vulnérables à infecter. En cas de non-vaccination, il est vital pour la santé des enfants que des vaccins de rattrapage contre la rougeole ou toute autre maladie à prévention vaccinale soient administrés le plus rapidement possible.

Relever les défis de la COVID-19 au niveau national

Les variations relativement faibles de la couverture vaccinale signalées par de nombreux pays de la Région en 2020 témoignent de l’engagement des systèmes de santé nationaux et des efforts importants entrepris par ceux-ci afin de garantir, et d’assurer aux parents et aux personnes s’occupant d’enfants, que les séances de vaccination systématiques pourront se poursuivre parallèlement à la prise de mesures appropriées de lutte anti-infectieuse sur les lieux de vaccination, tant pour les parents que pour les personnels de santé.

Aux Pays-Bas, par exemple, d’après les données préliminaires publiées à ce sujet, la couverture vaccinale est restée relativement élevée pour presque tous les vaccins en 2020 et ce, malgré une baisse temporaire de la couverture mensuelle en mars 2020. Plusieurs initiatives mises en œuvre conjointement ont permis d’éviter une perturbation majeure de la prestation des services de vaccination en 2020 :

  • Les événements de vaccination de groupe ou de masse ont été convertis en séances personnelles avec les parents et les enfants.
  • Les vaccinations non effectuées ont été reprogrammées en combinaison avec d’autres vaccinations (par exemple, le vaccin contre le papillomavirus humain avec celui contre la méningite ACWY).
  • Tous les établissements de soins maternels et infantiles sont restés ouverts, un seul parent et un seul enfant étant autorisés à s’y rendre à la fois.
  • L’invitation à la vaccination était accompagnée d’un prospectus informant les populations de la sécurité de la vaccination systématique pendant la pandémie de COVID-19.
  • La sécurité de la vaccination pendant la pandémie a également été mise en avant par les médias.

Le Programme européen pour la vaccination à l’horizon 2030

Afin de relever les défis de ces dix prochaines années, y compris l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les systèmes de vaccination et la couverture vaccinale, la Région va lancer une nouvelle stratégie de vaccination qui sera présentée à la session du Comité régional de l’OMS pour l’Europe de septembre 2021. Le Programme européen pour la vaccination à l’horizon 2030 est un cadre politique dirigé par les pays et axé sur le renforcement des systèmes de vaccination afin de réduire la charge des maladies à prévention vaccinale chez tous les individus à tous les âges.

Bilan mondial

Dans le monde, 23 millions d’enfants n’ont pas reçu de vaccins salvateurs dans le cadre des services de vaccination systématique en 2020, soit 3,7 millions de plus qu’en 2019. Il s’agit du nombre le plus élevé d’enfants non vaccinés depuis 2009, ce qui nous ramène plus d’une décennie en arrière. La majorité de ces enfants (jusqu’à 17 millions) n’ont pas reçu un seul vaccin, ce qui met en évidence les immenses inégalités en matière d’accès à la vaccination.

Sans un taux élevé de vaccination infantile, les pays sont confrontés à des risques d’épidémies multiples. Les conséquences pourraient s’avérer catastrophiques dans le contexte de la COVID-19, en particulier dans les pays aux systèmes de santé les plus fragiles.