Au cours de sa 36e réunion, qui s’est tenue les 19 et 20 octobre 2022, la Commission régionale européenne de certification de l’éradication de la poliomyélite a confirmé que la Région européenne de l’OMS reste exempte de toute propagation endémique de poliovirus sauvages.
Cette conclusion s’appuie sur un examen approfondi des rapports des 53 États membres de la Région pour 2021, qui détaillent la couverture vaccinale contre la poliomyélite, la préparation et l’action contre les flambées épidémiques, le niveau de sensibilité de la surveillance et les activités de confinement des laboratoires.
« Nous fondant sur les informations que nous avons examinées, nous pouvons dire que la Région reste exempte de poliovirus sauvages – un constat qui doit faire la fierté de chacun d’entre nous. Mais nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers. Tant que la transmission de poliovirus sauvages se poursuit dans d’autres parties du monde, nous continuons de courir un risque », explique le professeur David Salisbury, président de la Commission régionale européenne de certification de l’éradication de la poliomyélite.
Couverture vaccinale
Cette Commission a observé avec inquiétude un déclin de 1 % de la couverture vaccinale (de 95 % en 2019 à 94 % en 2020) pour l’ensemble de la Région. Ce recul ne s’est pas poursuivi en 2021, la couverture se maintenant toujours à 94 %. Cependant, certains pays ont connu une baisse significative de la couverture pendant cette période, et les milliers d’enfants qui n’ont pas été vaccinés ces dernières années restent vulnérables.
Les lacunes en matière d’immunité de la population ont déjà permis la propagation du virus, car des poliovirus dérivés d’une souche vaccinale ont été détectés dans plusieurs pays de la Région en 2021 et en 2022. La circulation des poliovirus est possible là où des lacunes en matière d’immunité persistent, et tous les pays sont donc encouragés à maintenir une couverture élevée à chaque niveau sous-national et à mener des campagnes de rattrapage si nécessaire.
Préparation et intervention face aux flambées épidémiques
La Commission régionale européenne de certification de l’éradication de la poliomyélite a également recommandé que tous les pays renforcent leur degré de préparation à d’éventuelles importations de poliovirus, et exhorté certains pays plus exposés à des risques d’importation, puis de propagation du virus à renforcer leurs plans d’action contre les épidémies, leurs programmes de vaccination et leurs systèmes de surveillance des maladies.
La Commission a félicité le Tadjikistan pour avoir pris des mesures immédiates et drastiques, en 2021, afin d’arrêter une flambée de poliovirus de type 2 dérivé d’une souche vaccinale, réussissant ainsi à respecter l’obligation d’interrompre la circulation du virus en moins de 12 mois, imposée pour que la Région puisse conserver son statut « exempt de poliomyélite ».
De même, les détections de virus en Israël, au Royaume-Uni et en Ukraine en 2022 ont déclenché des interventions de grande envergure, bien qu’en Ukraine, la réaction soit entravée par la guerre en cours. La Commission régionale européenne de certification de l’éradication de la poliomyélite jugera de l’efficacité et des résultats de ces mesures lors de sa réunion annuelle de 2023.
Surveillance des maladies
En cohérence avec la stratégie mondiale d’éradication de la poliomyélite pour 2022-2026, la Commission a souligné l’importance d’une surveillance de qualité, capable de détecter rapidement les poliovirus dans tous les pays. Il s’agit notamment de veiller à ce que des échantillons de selles et/ou échantillons environnementaux soient prélevés et envoyés rapidement au laboratoire national agréé par l’OMS ou au laboratoire régional de référence désigné pour la poliomyélite dans le pays.
La Commission régionale européenne de certification de l’éradication de la poliomyélite s’est dit préoccupée par le fait que quelques laboratoires nationaux pour la poliomyélite n’ont pas participé au test annuel d’aptitude à l’isolement des virus ou ne l’ont pas réussi en 2021.
Confinement en laboratoire
Le respect des exigences internationales en matière de confinement des poliovirus est essentiel pour limiter les risques associés à la poliomyélite pour les populations dans chaque pays et au-delà du territoire national. Le risque de propagation en cas de rupture du confinement est particulièrement élevé dans les zones où la couverture vaccinale est faible et où la population est donc peu immunisée contre la poliomyélite.
Outre ses recommandations relatives au confinement des poliovirus, la Commission régionale européenne de certification de l’éradication de la poliomyélite a relevé que certains pays n’ont pas encore nommé de coordinateur national pour les poliovirus. Comme les poliovirus sauvages de type 2 et 3 ne circulent plus nulle part dans le monde, la Commission a rappelé aux pays de réévaluer en permanence les inventaires nationaux, en mettant l’accent sur les matériels infectieux et potentiellement infectieux contenant des poliovirus sauvages de type 2 et 3, ainsi que des poliovirus dérivés de souches vaccinales.
Conformément au Plan d’action mondial de l’OMS visant à réduire au minimum le risque d’exposition au poliovirus associé aux établissements après l’éradication par type des poliovirus sauvages et l’arrêt progressif de l’utilisation du vaccin antipoliomyélitique oral (GAPIII), les pays doivent de toute urgence assurer la destruction ad hoc ou le transfert de ces matériels s’ils sont détenus dans des établissements où la détention de poliovirus n’est pas essentielle.
Le texte intégral des conclusions et recommandations de la 36e réunion de la Commission régionale européenne de certification de l’éradication de la poliomyélite sera publié sur ce site Web dans un prochain rapport de réunion.