Ben Ogden, un coach personnel et créateur de contenu de 24 ans, essaie d’inciter les gens à parler de leur santé mentale. Il s’y prend d’une manière peu conventionnelle : il se rend dans des gares bondées
du Royaume-Uni avec une pancarte en carton sur laquelle on peut lire, par exemple, « si vous avez des problèmes de santé mentale, parlons-en », en laissant intentionnellement une faute d’orthographe afin d’attirer
l’attention des passants.
« Je crois vraiment que la santé mentale doit être un sujet de conversation normal », a expliqué Ben dans son discours d’ouverture lors de la toute première réunion de la Coalition paneuropéenne
pour la santé mentale, « surtout avec les jeunes, et surtout après la pandémie ».
Depuis octobre 2021, Ben se rend dans la gare de Leeds et d’autres villes du Royaume-Uni avec une pancarte. Le message change, allant de l’allusion à ses propres combats contre la dépression à une invitation plus générale
comme celle ci-dessus. L’idée est d’encourager les passants, malgré leur emploi du temps chargé, à s’approcher de lui et à s’exprimer dans leurs propres mots sur leur santé mentale.
« C’est pourquoi je vais dans les gares », explique-t-il. « Cette conversation que l’on peut tenir rapidement dans une gare peut avoir un impact énorme sur leur journée. »
Le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes âgés de 10 à 19 ans
La santé mentale, en particulier celle des jeunes, est une source de préoccupation croissante dans la Région européenne de l’OMS. Selon l’association Santé mentale Europe, plus de 9 millions de jeunes de
la Région font état d’une mauvaise santé mentale. Même avant la pandémie, le suicide était la deuxième cause de décès chez les 10 à 19 ans.
« J’ai toujours eu un peu de mal avec ma santé mentale », explique Ben. « En vérité, c’est le confinement et plusieurs problèmes personnels qui ont dû entraîner la détérioration
de mon état mental. »
Le Groupe consultatif technique de l’OMS/Europe sur les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale a indiqué que la santé mentale des jeunes s’est aggravée à cause de la pandémie.
Les raisons en sont l’isolement social, l’anxiété générale due à la pandémie et le climat d’incertitude lié à la scolarité et à la vie professionnelle. Bien que
parler des problèmes de santé mentale puisse aider, il peut être difficile pour les jeunes de s’exprimer en raison d’une stigmatisation bien ancrée.
Ben était également réticent à l’idée de partager ses sentiments avec sa famille et ses amis. « Je ne voulais pas leur mettre la pression », ajoute-t-il. L’idée des pancartes est née
lorsqu’il a pris la peine de demander à un de ses meilleurs amis comment il se sentait mentalement.
« On souffrait tous les deux de problèmes de santé mentale », raconte Ben. « Alors je lui ai demandé si ça allait bien. Et nous avons fini par parler pendant quelques heures de notre état mental. Après
cette conversation, je me suis dit que, si en se voyant tous les jours ces 3 derniers mois, aucun d’entre nous ne s’était rendu compte qu’on avait tous deux des problèmes, qu’en est-il de quelqu’un qui ne
voit ses amis, disons, qu’une fois par semaine ? »
Engager une conversation
L’idée derrière les pancartes était de trouver un moyen d’engager la conversation. Leur première utilisation fut une expérience éprouvante. « Nous sommes allés à Leeds à
10 heures du matin, et nous n’avons finalement enregistré la vidéo qu’à 15 h 30. Je pense que nous avons passé toute la journée à méditer, à errer, à remettre encore et encore
à plus tard », se souvient-il. « Et puis je me suis dit : « en fait, il ne s’agit pas de moi, il s’agit des autres ». »
« Si vous regardez la vidéo originale, vous verrez que j’étais littéralement pétrifié. Je me sentais tellement gêné », a-t-il ajouté.
La bravoure de Ben a porté ses fruits : depuis cette première vidéo, son public a rapidement augmenté. Entre 70 000 et 100 000 personnes regardent ses vidéos directs. Celles-ci durent généralement environ
1 heure, et ont reçu plus d’un million de « likes ». Ses abonnés ont également créé un serveur Discord pour poursuivre les conversations sur la santé mentale en dehors des diffusions en direct,
avec une dizaine de salles différentes pour encourager les conversations en tête-à-tête sur la santé mentale.
Les efforts de Ben font écho aux nombreuses demandes pour que l’on investisse davantage dans la santé mentale, en particulier dans celle des jeunes. Cette demande est si importante que 2022 a été déclarée
Année européenne de la jeunesse. Ces 3 dernières années, Santé mentale Europe a organisé une campagne d’une semaine en mai, appelée Semaine européenne de la santé mentale, afin d’attirer
l’attention sur les problèmes de santé mentale et d’inciter les responsables politiques et le grand public à agir.
Cette année, le thème de la semaine est « Défendez la santé mentale », et vise à mettre en lumière les problèmes de santé mentale chez les jeunes. La campagne révèle une
série de demandes politiques adressées aux décideurs de l’Union européenne afin de combler les lacunes dont souffrent actuellement les systèmes de santé mentale, notamment quand il s’agit de la
santé mentale des jeunes.
De même, l’OMS/Europe a attiré l’attention sur la santé mentale des jeunes avec le lancement d’un nouveau programme axé sur la qualité des soins de santé mentale chez les enfants et les adolescents
au Bureau de la qualité des soins d’Athènes. La promotion de la santé mentale des jeunes est également l’un des axes de travail de la Coalition paneuropéenne pour la santé mentale, à laquelle
Ben s’est adressé à l’occasion de sa première réunion à Copenhague (Danemark).
Pour Ben, la question qui se pose aux gouvernements et aux autres instances est de savoir comment appliquer son action à plus grande échelle. « Je ne sais pas comment – de l’école, au lycée, aux universités
et aux lieux de travail, j’ai l’impression qu’il doit y avoir quelque chose qui vous épaule d’un bout à l’autre, comme une carrière professionnelle. »
Ben a l’intention de continuer son action. Il a même brandi une pancarte devant l’hôtel de ville de Copenhague après la réunion de la Coalition, sa première en dehors du Royaume-Uni.
Participez à la conversation sur les médias sociaux. Vous pouvez retrouver Ben sur TikTok (@itsbenogden) et sur Instagram (@iambenogden).