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Étude de l’impact négatif de la pandémie sur la santé mentale et le bien-être des enfants portugais

20 juin 2023
Communiqué de presse
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En 2022, plus de la moitié des enfants portugais étaient souvent malheureux, révèle une nouvelle enquête de l’OMS/Europe sur le comportement des enfants d’âge scolaire en matière de santé (HBSC), réalisée en collaboration avec Aventura Social. 

Le 11 mars 2020, plusieurs mesures ont été mises en œuvre pour freiner la propagation du virus de la COVID-19, notamment la fermeture des établissements d’enseignement et des restrictions aux déplacements en dehors du domicile. Ainsi, de nombreux enfants d’âge scolaire ont dû passer à un enseignement en ligne de mars à août 2020 et de janvier à février 2021. 

À leur retour à l’école, les mesures de prévention et d’intervention ont été maintenues. Il s’agissait notamment de l’utilisation de masques homologués, du maintien d’une distance physique, de la définition d’un sens de déplacement dans les bâtiments scolaires, de la réalisation de tests contre la COVID-19 et du respect de plans de vaccination. En cas de résultat positif au test, il était demandé aux enfants de s’isoler à la maison pendant 7 à 10 jours. Si certains enfants ont fait preuve de résilience et ont bien vécu cette nouvelle réalité, d’autres ont vu leur santé mentale et leur bien-être se dégrader. 

Le vécu des adolescents pendant la crise de la COVID-19

« En associant activement les adolescents à nos travaux de recherche, nous pouvons obtenir des informations précieuses sur les aspects qui ont un impact direct sur leur bien-être », déclare Cátia Branquinho, membre de l’équipe HBSC au Portugal. « Leur point de vue peut jouer un rôle essentiel dans l’élaboration d’interventions et de stratégies visant à améliorer leur santé mentale, et leur qualité de vie en général. » 

Consciente de l’importance de travailler en partenariat avec les jeunes et de les faire participer aux discussions sur les questions qui les concernent directement, l’équipe a interrogé des adolescents sur leur vécu et leur santé mentale pendant la pandémie. 

Joana, âgée aujourd’hui de 13 ans, explique le manque de motivation qu’elle ressentait à la maison : « La COVID-19 a provoqué chez moi certains problèmes : manque d’attention et de concentration, et stress. Je n’avais envie de rien faire, je voulais juste dormir, manger et faire d’autres choses basiques de la vie quotidienne. »

Mariana, 13 ans également, explique que la distanciation sociale a eu une incidence négative sur sa santé mentale : « J’ai attrapé la COVID-19 deux fois et j’ai été confinée chez moi 4 fois, incapable de sortir. Je ne suis pas tombée très malade, mais ma mère bien, et mon espoir s’est évanoui, avec cette sensation de la regarder et d’avoir peur de la perdre. Ce sentiment de vivre dans la même maison et de ne pas pouvoir se voir, le fait de porter un masque alors qu’on est chez soi, avoir mal tout le temps, et ne pouvoir voir mes grands-parents que de l’autre côté de la fenêtre, ça m’a changée. »

Lara (12 ans) explique qu’elle retrouve peu à peu confiance en elle : « Avec tout ce qui s’est passé, j’ai tellement peu de motivation que je n’ai même plus envie de faire ce que j’avais l’habitude de faire. J’ai cessé de parler à beaucoup d’amis, mais j’ai commencé à interagir de nouveau avec des gens après avoir été déconfinée, et ma confiance en moi s’est améliorée. »

Des pressions sur la santé mentale des adolescents 

« Les enfants éprouvent de plus en plus le sentiment d’être incapables de faire face à la situation parce qu’ils sont malheureux », explique Tania Gaspar, enquêtrice principale pour HBSC au Portugal. 

Selon l’équipe, 72,3 % des enfants ont déclaré se sentir heureux et 27,7 % étaient malheureux. « Ces statistiques indiquent une dégradation de la santé mentale par rapport aux données des 2 études précédentes, réalisées en 2014 et en 2018 », explique Tania. Par ailleurs, au fil des ans, plus d’enfants signalent se sentir si malheureux qu’ils ont du mal à gérer la situation. 

L’étude a révélé une augmentation des comportements d’automutilation et du nombre d’enfants qui se considèrent en surpoids, ce qui a un impact négatif sur leur santé et la perception de leur corps. 

« Face à de nouvelles difficultés, nous nous engageons à améliorer en permanence la santé mentale et le bien-être de ces enfants d’âge scolaire », ajoute Margarida Gaspar de Matos, enquêtrice principale adjointe pour HBSC au Portugal. 

L’équipe d’Aventura Social soutient activement la création et le maintien en service d’un « observatoire de la santé et du bien-être psychologique : suivi et intervention » dans les écoles portugaises, relevant de la Direction générale des statistiques de l’éducation et de la science du Portugal. Cette initiative vise à assurer la collecte et l’observation des indicateurs de santé et de bien-être psychologiques dans les écoles portugaises, en vue de concevoir des propositions d’intervention adaptées, en fonction des besoins recensés, et ce par tranche d’âge et par région géographique.

Le texte de cet article a été modifié le 20/06/2023 pour y faire figurer les chiffres exacts (72,3 % et 27,7 %) au lieu des pourcentages erronés mentionnés dans le texte initial (53,1 % et 18 %).