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Royaume des Pays-Bas : améliorer les soins centrés sur le patient grâce aux technologies numériques

20 juin 2024
Communiqué de presse
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« Avec ça, je peux me détendre et m’échapper tout en restant physiquement ici », nous confie Yoran en mettant un casque de réalité virtuelle fourni par son équipe médicale. Yoran, l’un des 100 000 patients reçus annuellement au Centre médical universitaire Radboud de Nimègue (Royaume des Pays-Bas), est aussi un adolescent qui aime ce que font la plupart des adolescents. Il se trouve qu’il a besoin d’une assistance médicale pour digérer les aliments. 

Pendant ses séjours de longue durée à l’hôpital, le casque de réalité virtuelle lui permet de choisir tout un ensemble d’activités, allant des jeux avec mouvements physiques aux pratiques de pleine conscience et de méditation. « Mon jeu préféré est celui où l’on met une balle dans l’un des 3 gobelets, puis on les mélange et je dois deviner où elle se trouve », dit-il, toujours absorbé par le jeu.

Des solutions de santé numérique de pointe sont proposées à des patients comme Yoran depuis 2022, date à laquelle l’hôpital a investi dans un vaste processus de modernisation numérique. Ces technologies permettent de remodeler les soins de santé et d’améliorer le bien-être des patients, tout en aidant les professionnels de santé à dispenser des soins plus personnalisés.

Une nouvelle approche pour le bien-être et la guérison

Les patients, en particulier ceux qui doivent effectuer des séjours prolongés à l’hôpital, éprouvent souvent du stress, de l’anxiété et de l’inconfort. Traditionnellement, la sédation et la prise de médicaments sont les principales solutions apportées à ce problème. Les avancées de la technologie numérique permettent cependant aux patients de vivre leur hospitalisation autrement en leur offrant une alternative qui non seulement soulage le stress et la douleur, mais apporte également un sentiment de normalité.

Outre la réalité virtuelle, le Centre médical universitaire Radboud propose aux patients des tablettes numériques et des smartphones afin de personnaliser leur séjour. En touchant simplement l’écran et sans quitter son lit, on peut contrôler l’éclairage de sa chambre, ajuster les rideaux et même inviter les autres patients et le personnel à venir discuter via une plaque de porte numérique placée à l’extérieur.

Les technologies de réalité virtuelle se singularisent par leur double fonctionnalité : elles permettent non seulement de divertir les patients, mais elles peuvent aussi aider les personnels de santé et d’aide à la personne à établir des liens plus profonds avec ces derniers. Par exemple, un personnel infirmier peut, d’un commun accord, visionner le contenu simultanément à l’aide d’un dispositif interconnecté. Cela lui permet d’engager des conversations et de guider le patient à travers les scénarios du jeu, créant ainsi un lien qui va au-delà des interactions habituelles entre le patient et le soignant.

« Il y a quelques années, nous avons reçu dans le service de traumatologie une patiente qui avait subi un accident très grave. Elle avait des fractures quasiment partout. Nous l’avons encouragée à essayer la réalité virtuelle comme thérapie », se souvient un personnel infirmier du Centre médical universitaire Radboud. 

« Elle a choisi un scénario sur la nage avec les dauphins. Même si elle portait un grand casque, on pouvait voir les émotions sur son visage. Elle en a pleuré. Elle m’a ensuite raconté qu’elle avait l’habitude de faire de la plongée en apnée pendant les vacances, mais qu’elle avait dû arrêter pour des raisons de santé. Son meilleur souvenir était d’avoir nagé avec une maman dauphin et son petit. Elle a pu donc revivre ce beau souvenir grâce à la réalité virtuelle. »

Des solutions numériques pour les plus petits

Conscient de l’ouverture sur le monde extérieur que peuvent offrir les technologies numériques, le Centre médical universitaire Radboud a décidé de rendre la réalité virtuelle accessible même aux bébés qui sont trop jeunes pour porter des casques. Au lieu de cela, les plus jeunes patients peuvent découvrir le monde grâce à la technologie des « plafonds numériques ».

Lorsque le personnel infirmier baisse la lumière et que des papillons colorés apparaissent au plafond, un sourire se dessine sur le visage de Sef, un bébé âgé de 5 mois. Il est silencieux et complètement fasciné. Si aucune technologie ne peut remplacer une véritable expérience en plein air, cela reste cependant la meilleure autre solution lorsque l’on est confiné entre les murs d’un hôpital.

Un autre personnel infirmer raconte l’histoire d’un enfant qui a passé la toute première année de son existence au Centre. Le plafond numérique l’a aidé à explorer de nouveaux mondes tout en lui apportant une importante stimulation sensorielle.

« Ce bébé n’était jamais sorti de l’hôpital. Il n’avait connu que ça », explique le personnel infirmier. « Mais regarder le plafond numérique l’a rendu très heureux. Nous aimons voir les bébés heureux, mais ce qui est encore plus important, cela les met à l’aise, sachant que l’hôpital peut être un environnement très stressant. Ces solutions numériques peuvent ainsi représenter un soulagement pour toute la famille. »

Perspectives

Sanne van Alphen, responsable de l’information dans le domaine des soins infirmiers au Centre médical universitaire Radboud, espère que les technologies ne se contenteront pas uniquement d’améliorer le séjour des patients à l’hôpital, mais qu’elle le raccourcira également. « Peut-être qu’un jour les outils numériques permettront à nos patients de sortir plus tôt et de bénéficier de soins à distance, chez eux, au sein de leur famille. Grâce aux progrès de la santé numérique, les enfants et les adultes n’auront peut-être plus besoin de séjourner ici aussi longtemps. Je pense que personne n’a envie d’être à l’hôpital, même si c’est agréable. »

Elle espère également que la communication et l’échange de données entre les différents établissements se feront de manière plus transparente. « Le médecin d’un patient à domicile doit être en mesure de fournir des informations à notre hôpital ou à tout autre hôpital, de sorte que nous n’ayons pas à demander au patient de réciter l’intégralité de ses antécédents médicaux. Nous passons trop de temps à rassembler ces informations alors que nous préférerions passer davantage de temps avec nos patients. J’espère que les outils numériques nous faciliteront la tâche. »

Sanne van Alphen fait ici allusion à l’interopérabilité, à savoir la possibilité, pour les systèmes d’information sanitaire, de se connecter et d’échanger des informations entre eux au-delà des frontières nationales et internationales. Pour que les systèmes d’information sanitaire soient efficaces et rentables, ils doivent disposer de données sûres, cohérentes et bien structurées.

Soutien de l’OMS/Europe

Le rapport de l’OMS/Europe intitulé « Digital health in the WHO European Region: the ongoing journey to commitment and transformation » [La santé numérique dans la Région européenne de l’OMS : le cheminement actuel pour un engagement et une transformation] révèle que 43 États membres considèrent l’amélioration du partage des informations sanitaires et de l’interopérabilité comme des priorités stratégiques. 

En 2023, l’OMS/Europe et la Commission européenne ont lancé un projet conjoint visant à renforcer les systèmes d’information sanitaire et à stimuler la gouvernance et l’interopérabilité des données de santé dans les 53 pays de la Région européenne de l’OMS.

« Les solutions numériques mises à la disposition des patients et des prestataires de soins aujourd’hui auraient semblé tout droit sorties de la science-fiction il y a à peine 10 ans. Cela nous rend enthousiastes et pleins d’espoir quant aux innovations futures », a expliqué David Novillo Ortiz, conseiller régional de l’OMS/Europe pour les données et la santé numérique. 

« L’OMS/Europe est là pour guider la transformation numérique et veiller à ce que tous les pays de notre Région puissent bénéficier de technologies sûres et accessibles dans le domaine sanitaire. » 

L’approche innovante des soins de santé au Centre médical universitaire Radboud est parfaitement alignée sur le Plan d’action régional de l’OMS/Europe pour la santé numérique qui plaide en faveur de l’adoption de solutions centrées sur le patient et évolutives au niveau national ou régional et ce, afin d’adapter la santé publique et les systèmes de santé à l’ère du numérique.