Un nouveau rapport de l’OMS/Europe analysant le marché du travail dans le secteur de la santé en Ukraine révèle les défis importants auxquels se heurtent les personnels de santé et d’aide à la personne du pays, en particulier dans le domaine des soins infirmiers. Réalisé avec le soutien financier de l’Union européenne (UE), il met en évidence les graves pénuries dans le secteur des soins de santé primaires et dans les principales spécialités, les effectifs infirmiers étant particulièrement touchés.
Les conclusions brossent un tableau qui donne à réfléchir d’un secteur aux prises avec les effets conjugués de la pandémie de COVID-19, des conflits en cours et des pressions migratoires. Les disparités géographiques exacerbent le problème, les régions rurales mal desservies étant les plus affectées.
Lors d’un événement organisé à Kiev, le docteur Natasha Azzopardi-Muscat, directrice de la Division des politiques et des systèmes de santé des pays à l’OMS/Europe, a présenté les résultats de l’étude à un public d’éducateurs, de professionnels de santé et de responsables politiques. Les discussions ont porté sur les moyens de remédier à la pénurie de personnels infirmiers, de renforcer la formation et d’améliorer les stratégies de recrutement et de maintien des effectifs.
« Les systèmes de santé ne peuvent fonctionner sans personnels de santé », a expliqué le docteur Azzopardi-Muscat. « Ce rapport fournit une base de données probantes essentielle pour aider l’Ukraine à investir dans son personnel infirmier, pierre angulaire de systèmes de santé résilients et durables. Il est essentiel de relever ces défis, non seulement pour redresser le système de santé ukrainien, mais aussi pour parvenir à la couverture sanitaire universelle. »
Le rapport, intitulé « Results of initial health labour market analysis in Ukraine » [Résultats de l’analyse initiale du marché du travail dans le secteur de la santé en Ukraine] souligne la nécessité d’adopter des politiques ciblées pour remédier aux déséquilibres de main-d’œuvre, notamment par de meilleures incitations au recrutement en zone rurale, l’amélioration des conditions de travail et la planification stratégique des effectifs. L’OMS a soutenu l’Ukraine par l’élaboration d’un outil de planification des effectifs afin de prévoir les besoins en personnels de santé pour les 5 à 10 prochaines années, en tenant compte des tendances telles que les migrations urbaines et les changements démographiques.
Le docteur Jarno Habicht, représentant de l’OMS en Ukraine, a mis en avant l’urgence d’agir : « ce rapport souligne que le renforcement de la profession d’infirmier n’est pas seulement une question de santé ; c’est une priorité nationale. Les personnels infirmiers jouent un rôle central dans la prestation des soins et la promotion de la confiance dans le système, en particulier en période de crise. Grâce à des partenariats solides et à des mesures décisives, l’Ukraine peut instaurer un système de santé plus équitable et plus résilient. »
Le rapport affirme que les soins de santé primaires constituent le fondement d’un système de santé résilient et efficace, et qu’ils joueront un rôle crucial dans les processus de relèvement et de transformation de l’Ukraine. L’engagement du ministère de la Santé en faveur d’une approche axée sur les soins de santé primaires est essentiel pour relever les défis actuels et aligner le système de santé ukrainien sur les normes de l’UE.
Le vieillissement des personnels de santé est une question urgente qui a un impact sur la durabilité du capital humain dans le secteur des soins de santé. Le rapport révèle que plus de 50 % des médecins des soins de santé primaires du pays ont plus de 50 ans et 29 % ont plus de 60 ans, un quart d’entre eux pouvant d’ailleurs prétendre à la retraite.
Cette évolution démographique exacerbe les pénuries de main-d’œuvre, en particulier dans les zones rurales, où les différences sont importantes : seuls 17 % des médecins des soins de santé primaires et 7 % de l’ensemble des personnels infirmiers desservent les 30 % de la population résidant dans ces régions. La densité des médecins de soins de santé primaires exerçant dans les zones rurales est inférieure de moitié à celle des zones urbaines, d’où la nécessité urgente d’une répartition équitable des professionnels de santé.
La publication suggère que pour relever ces défis, il faut réformer les programmes de formation pour les aligner sur les normes de l’UE afin de garantir la qualité, la pertinence et l’adaptabilité aux exigences actuelles en matière de soins de santé. L’actualisation des programmes de formation en soins infirmiers et médicaux contribuera à doter une nouvelle génération de professionnels de santé des aptitudes et compétences nécessaires pour relever les défis d’une population vieillissante et améliorer les services de soins de santé primaires.
Le rapport souligne qu’en accordant la priorité aux soins de santé primaires, l’Ukraine peut mettre en place un système de santé solide et équitable qui répond aux besoins de tous les citoyens, s’aligne sur les normes de l’UE et favorise la résilience face aux défis à venir.
L’événement de lancement a permis aux parties prenantes d’examiner des solutions pratiques, comme renforcer le rôle des personnels infirmiers dans la prestation de services, encourager le leadership et instaurer des environnements de travail favorables. Les participants ont défini un plan d’action visant à combler les lacunes critiques en matière de main-d’œuvre, en mettant l’accent sur la motivation, l’éducation et les parcours professionnels des personnels infirmiers.
Cette initiative représente une étape importante dans l’unification des secteurs des soins de santé et de l’éducation en Ukraine afin de relever les défis en matière de main-d’œuvre et d’assurer l’avenir du système de santé.