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Un extrait du plan d’action conjoint OMS-FAO-OMSA-PNUE relatif à l’approche « Une seule santé » (2022-2026) : œuvrer ensemble pour la santé des humains, des animaux, des plantes et de l’environnement.
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5 choses à savoir sur l’approche « Une seule santé » dans la Région européenne de l’OMS

23 mars 2023
Communiqué de presse
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Si le concept « Une seule santé » n’est pas nouveau, il a pris de l’importance ces dernières années. Cette approche, qui met l’accent sur le lien existant entre la santé des humains, des animaux et des écosystèmes, est désormais incontournable face à l’augmentation des zoonoses (notamment la COVID-19, la grippe aviaire et la variole du singe) dans la Région européenne de l’OMS. Que devons-nous donc savoir sur l’approche « Une seule santé » ? Et comment l’OMS/Europe aide-t-elle les pays d’Europe et d’Asie centrale à la mettre en pratique ?

Voici 5 choses à savoir sur l’approche « Une seule santé » dans la Région européenne de l’OMS.

1. La santé des humains, des animaux et des écosystèmes est étroitement liée.

À l’échelle mondiale, 6 maladies infectieuses émergentes sur 10 chez l’humain trouvent en fait leur origine chez les animaux sauvages et domestiques. Plus de 30 nouveaux agents pathogènes humains ont été détectés ces 30 dernières années, dont 75 % proviennent d’animaux.

Ce lien entre la santé animale et la santé humaine continuera de se resserrer alors que la population humaine augmente, occupe de nouveaux territoires et vit en contact plus étroit avec les animaux ; que les changements climatiques et l’exploitation des sols favorisent la propagation des zoonoses et des maladies à transmission vectorielle ; et que les maladies se propagent plus rapidement à mesure que le commerce et les voyages se développent au niveau mondial. 

L’approche « Une seule santé » reconnaît ce lien étroit entre les personnes, les animaux et notre environnement, et propose une stratégie intégrée et unifiée afin que les menaces sanitaires puissent être contrées de manière globale, par la collaboration d’experts dans de multiples disciplines (vétérinaires, médecins, épidémiologistes, praticiens de la santé publique et spécialistes de la faune). Cette collaboration peut déboucher, par exemple, sur de nouvelles méthodes de surveillance et de lutte contre les maladies.

2. L’approche « Une seule santé » s’applique à toute une série de problématiques, des zoonoses à la sécurité sanitaire des aliments, en passant par la résistance aux antimicrobiens.

Les problématiques relevant de l’approche « Une seule santé » sont les suivantes : 
  • la résistance aux antimicrobiens ; 
  • les zoonoses – par exemple, la rage et l’anthrax ; 
  • les maladies à transmission vectorielle – principalement la maladie de Lyme, mais aussi la dengue, le chikungunya et la maladie de Chagas ;
  • la sécurité sanitaire des aliments et les maladies d’origine alimentaire – la campylobactériose est l’une des maladies d’origine alimentaire les plus courantes dans la Région.
Pourquoi la résistance aux antimicrobiens, par exemple, est-elle une problématique relevant de l’approche « Une seule santé » ? Les germes et parasites résistants aux antimicrobiens (ceux qui sont résistants aux médicaments censés les combattre) peuvent rapidement se propager dans les établissements de soins, les aliments et l’environnement (sol et eau), ce qui complique le traitement de certaines infections chez les humains et les animaux, et accroît le risque de propagation des pathologies, de maladie grave et de décès.

L’OMS a d’ailleurs déclaré que la résistance aux antimicrobiens constituait l’une des 10 principales menaces mondiales pour la santé publique.

3. Nous devons renforcer l’adoption de l’approche « Une seule santé ». 

Grâce à cette approche, les pays ont pu s’attaquer avec succès à certaines infections zoonotiques. Par exemple, la coordination entre plusieurs agences gouvernementales et de recherche spécialisées dans la santé humaine, animale et environnementale a permis de réduire les infections humaines à Salmonella (liées à la consommation de produits de volaille) au Royaume-Uni dans les années 1990.

Un autre exemple plus récent concerne la résistance aux antimicrobiens, un travail important ayant été réalisé dans la Région pour renforcer la coordination multisectorielle et mettre en place des systèmes intégrés de surveillance de la résistance aux antimicrobiens. La dissémination rapide d’informations consolidées sur la résistance aux antimicrobiens et l’utilisation de ces substances dans les communautés, les établissements de soins de santé, la production alimentaire et d’autres domaines affectant l’environnement contribue à réduire l’impact dévastateur de ce phénomène de résistance sur la santé publique, l’environnement et les systèmes agroalimentaires. 

Or, dans de nombreux autres domaines, les pays peinent à adopter l’approche « Une seule santé ». 

La pandémie de COVID-19 a mis en exergue la nécessité de renforcer cette approche. On considère en effet que les connaissances lacunaires du concept « Une seule santé » ainsi que le manque de prévention et de stratégies intégrées dans ce domaine ont joué un rôle pivot dans la propagation de la pandémie. Il importe d’instaurer sans attendre une surveillance améliorée et un système de santé plus global et intégré. On a donc observé un renforcement de l’engagement politique et du soutien international afin d’intensifier l’adoption de l’approche « Une seule santé » et d’améliorer la santé dans le monde. Il en va de même pour la Région européenne de l’OMS. 

4. L’OMS/Europe contribue à renforcer les alliances « Une seule santé » aux niveaux régional, national et local.

Si l’approche « Une seule santé » est un concept de portée mondiale, la stratégie adoptée par l’OMS/Europe à cet égard est ancrée localement, avec pour objectif de répondre aux besoins spécifiques des pays et de renforcer les alliances « Une seule santé » aux niveaux régional, national et local. 

En ce qui concerne les actions concrètes menées dans ce domaine, l’OMS/Europe a organisé des ateliers visant à renforcer les connaissances et les capacités en matière de surveillance et d’échange d’informations ; à officialiser et à renforcer la collaboration intersectorielle ; et à donner aux pays les moyens de mieux se préparer et de mieux intervenir face aux épidémies de zoonoses. Depuis 2021, des ateliers ont été organisés dans 7 pays et territoires (Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Croatie, Kazakhstan, Kosovo* et Roumanie). Des ateliers sont aussi prévus dans d’autres pays (Bulgarie, Géorgie et Kirghizistan) en 2023 et au-delà. 

L’OMS/Europe aide également les États membres de la Région à élaborer des plans d’action nationaux de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, et de préparation et de riposte aux urgences sanitaires. L’Organisation élabore actuellement une feuille de route dans ce domaine pour la Région, sur la base de l’approche « Une seule santé ».

En outre, en 2022, l’OMS/Europe a institué le premier Groupe consultatif technique européen de l’OMS sur l’approche « Une seule santé », composé de 22 experts de renom, afin de délivrer des conseils et des orientations stratégiques à l’OMS/Europe. Ce dernier œuvre actuellement à la conception du premier « Cadre opérationnel sur l’approche « Une seule santé » dans la Région européenne de l’OMS » afin d’aider les pays à mettre en œuvre cette approche au niveau national.

Sur le plan politique, l’OMS/Europe collabore avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en Europe et en Asie centrale afin de créer des environnements plus propices à l’adoption et au déploiement de l’approche « Une seule santé » dans différents domaines d’activité. 

Sur le plan des connaissances, l’OMS/Europe élabore actuellement un Recueil de pratiques sur l’approche « Une seule santé », une compilation des enseignements tirés dans la Région qui présente les avancées récentes en matière d’adoption de l’approche « Une seule santé » au niveau national, et encourage l’échange de connaissances et l’apprentissage par les pairs.

5. L’approche « Une seule santé » est plus que jamais d’actualité. 

Si de nombreux problèmes de santé dont la résolution pourrait bénéficier de l’application du concept « Une seule santé » ne datent pas d’hier et sont là pour durer, l’adoption d’une approche habituelle ne permettra pas d’y remédier. Nous devons changer radicalement la manière dont nous nous attaquons à ces problèmes de santé. Il faut notamment prévoir de nouveaux mécanismes de responsabilisation, un financement accru, des axes de travail spécifiques ainsi que des structures de gestion rationalisées.

* Toutes les références au Kosovo, qu’il s’agisse du territoire, des institutions ou de la population, dans ce texte doivent être comprises dans le plein respect de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations Unies et sans préjudice du statut du Kosovo.