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L’OMS lance une boîte à outils pour les écoles dans le but d’instaurer un environnement sans tabac ni nicotine

26 septembre 2023
Communiqué de presse
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« Chaque fois que je croise une personne qui fume, je retiens ma respiration et j’essaie de marcher plus vite. Je n’aime pas la fumée de cigarette. C’est mauvais pour la santé. Je ne sais pas pourquoi ils ont inventé la cigarette. J’aurais aimé que ça n’existe pas. »

« Oh, ils ont inventé la cigarette pour gagner de l’argent. Ils font des profits. »

Amir et Insar, écoliers du Kazakhstan

L’OMS lance une nouvelle boîte à outils destinée à délivrer des conseils pratiques à la direction et au personnel des écoles sur la manière d’élaborer des politiques efficaces de lutte contre la nicotine et le tabagisme dans les écoles, ainsi que de faire connaître ces politiques, d’informer à leur sujet et de les appliquer. Environ 88 % des fumeurs adultes allument leur première cigarette avant l’âge de 18 ans, et certains commencent dès l’âge de 11 ans. Alors que le tabagisme continue de diminuer chez les adolescents européens, la consommation de nouveaux produits à base de tabac et de nicotine (y compris les cigarettes électroniques) est en augmentation. Ces produits sont souvent commercialisés spécifiquement pour les jeunes qui constituent un marché cible important pour l’industrie du tabac. La boîte à outils de l’OMS complète le guide mondial pour l’instauration d’écoles sans nicotine ni tabac.

« Il est extrêmement préoccupant de constater que l’industrie du tabac continue de cibler les jeunes et de réaliser d’énormes profits, au détriment de leur santé. Les écoles doivent être, pour les jeunes, des espaces sûrs où ils ne sont pas exposés à des produits à base de nicotine, et où ils ne sont pas incités à en consommer. L’instauration d’un environnement sans fumée ni nicotine dans les établissements scolaires est essentielle pour empêcher les jeunes de commencer à fumer. Si nous ne prenons pas des mesures urgentes maintenant, nous risquons de voir émerger la prochaine génération de consommateurs de tabac et de nicotine sous l’effet des pratiques contraires à l’éthique utilisées par l’industrie du tabac », explique le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

Les recommandations de la boîte à outils

  1. Élaborer une politique en faveur d’une école sans tabac ni nicotine qui soit exhaustive et englobe ainsi l’ensemble des élèves et étudiants, tout le personnel enseignant et administratif, ainsi que tous les visiteurs.
  2. Dispenser une éducation préventive et un soutien à ceux qui veulent arrêter de fumer.
  3. Élaborer conjointement un plan de communication qui informe les jeunes sur tous les aspects de la consommation de tabac et de nicotine, des effets nocifs du tabagisme passif sur la santé aux tactiques de l’industrie du tabac, et faire de cette thématique un problème plutôt qu’une question de discipline.
  4. Pour une application optimale, il convient de prévoir des mesures pour remédier au non-respect des règles et de contrôler régulièrement l’efficacité de la politique.

Ce qui motive la consommation de tabac et de nicotine chez les jeunes

La consommation de tabac et de nicotine chez les jeunes n’est pas le fruit du hasard ; elle est influencée par une interaction complexe de facteurs, allant de l’activité de l’industrie, telle que les campagnes publicitaires et le marketing ciblés, aux pressions sociétales. Il est essentiel de comprendre ces facteurs pour élaborer des stratégies de prévention efficaces.

Certains des facteurs clés incitant les jeunes à acheter leur première cigarette électronique ou leur premier produit tabagique sont décrits ci-dessous.

Application déficiente des lois antitabac.

Même si, dans de nombreux pays, il est interdit de fumer dans les établissements scolaires, le laxisme des réglementations et les difficultés d’application peuvent rendre la consommation de tabac et de nicotine plus accessible aux élèves.

Marketing ciblé.

Les fabricants de tabac et de cigarettes électroniques ciblent les jeunes dans leurs campagnes publicitaires, en présentant leurs produits comme « stylés » ou « cool ». La glorification des produits du tabac et de la nicotine parvient encore à prendre le pas sur les messages percutants et les images graphiques qui soulignent leur nocivité pour la santé.

Des messages inefficaces à l’intention des jeunes.

Les messages qui accusent les fumeurs eux-mêmes de commencer à consommer du tabac et de la nicotine (en particulier chez les enfants), ceux qui abordent des thèmes compliqués ou multiples, qui comparent les risques ou qui utilisent inutilement des images liées aux produits du tabac peuvent être contre-productifs. La priorité n’est pas suffisamment accordée au facteur commercial déterminant de cette habitude nocive, à savoir la pression exercée par l’industrie.

Renforcer la pression des pairs.

Comme les fabricants de tabac réussissent à présenter l’usage du tabac et de la nicotine comme une habitude de modèles de réussite, cette image est involontairement amplifiée par les jeunes eux-mêmes. Si des enfants particulièrement influents auprès de leurs pairs commencent à fumer, d’autres peuvent ressentir le besoin de s’intégrer en imitant le comportement de leurs amis.

Redéfinir la conception des produits et en modifier l’image.

Les cigarettes électroniques sont souvent présentées comme des produits de consommation à « risque réduit », « sans fumée » et « socialement acceptables ». Ces stratégies de marque et d’image ont le potentiel de rendre le tabagisme de nouveau normal et d’encourager la consommation à long terme de produits à base de nicotine qui créent une dépendance en les déguisant en une alternative meilleure pour la santé. Ces techniques de positionnement social, associées à des tactiques de marketing stratégiques, sont particulièrement efficaces lorsqu’elles ciblent les enfants et les adolescents, et peuvent entretenir la dépendance à la nicotine chez les jeunes.

La nicotine crée une forte dépendance et est particulièrement nocive pour les jeunes cerveaux en développement. Les adolescents s’avèrent plus sensibles à la dépendance à la nicotine qui induit des altérations neurologiques à long terme, amplifiant ainsi leur risque de souffrir de divers troubles au fur et à mesure qu’ils vieillissent.

Prévenir la consommation de tabac et de nicotine chez les jeunes

Le tabagisme a des effets immédiats sur la santé et augmente le risque de contracter des maladies cardiovasculaires et respiratoires, le diabète et plus de 20 types de cancers, notamment du poumon, de la vessie, du larynx et de la bouche, tout au long de la vie.

Chaque année, le tabac fait plus de 8 millions de victimes, dont un nombre stupéfiant de 1,3 million de non-fumeurs succombant à des maladies attribuées au tabagisme passif, parmi lesquels 51 000 enfants. La principale préoccupation liée au tabagisme et à l’exposition au tabagisme passif chez les jeunes réside dans les effets nocifs de la nicotine sur le développement du cerveau des adolescents.

En outre, les enfants sont plus vulnérables aux différentes formes de marketing et de pression exercée par leurs pairs, et sont facilement influencés par leurs modèles. Il s’avère dès lors nécessaire d’adopter des mesures plus efficaces et plus complètes pour empêcher les enfants et les jeunes de commencer à consommer du tabac et de la nicotine.

Comme les enfants passent un tiers de leur temps éveillé à l’école, il est impératif de leur garantir la pureté de l’air et de protéger leur environnement informationnel contre les tactiques trompeuses et manipulatrices de l’industrie du tabac.

L’OMS/Europe espère que cette boîte à outils aidera les établissements d’enseignement du monde entier en leur fournissant les outils et les stratégies nécessaires afin de promouvoir un environnement plus sain, sans tabac ni nicotine, pour leurs élèves et étudiants