La santé mentale et la résilience psychologique pendant la pandémie de COVID-19

27 mars 2020
Communiqué de presse
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Alors que la pandémie de coronavirus se propage dans le monde entier, elle suscite une inquiétude, une crainte et un stress généralisés qui sont autant de réactions naturelles et normales à la situation changeante et incertaine dans laquelle nous nous trouvons.

« La question que nous nous posons tous est de savoir comment gérer la situation de stress qui évolue si rapidement dans nos vies et nos communautés, et comment y faire face. Nous pouvons ici faire appel aux remarquables pouvoirs de force et de coopération que nous possédons heureusement aussi en tant qu’êtres humains. Et c’est sur cela que nous devons essayer de nous focaliser afin de faire face le plus efficacement possible à cette crise en tant qu’individus, membres de la famille et de la communauté, amis et collègues », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

L’OMS prend très au sérieux l’impact de la crise sur la santé mentale des populations, et surveille la situation en collaboration avec les autorités nationales, tout en délivrant des informations et des conseils aux pouvoirs publics et au public.

Lors d’un point de presse tenu le 26 mars, le docteur Kluge, accompagné du docteur Aiysha Malik, responsable technique, Département de la santé mentale et de l’abus de substances psychoactives, Siège de l’OMS, et du docteur Dorit Nitzan, directrice par intérim pour les situations d’urgence régionales, OMS/Europe, ont répondu aux questions sur les problèmes de santé mentale dans le contexte de la COVID-19, et évoqué les outils, les techniques et les interventions permettant d’y faire face.

« Avec les effets perturbateurs de la COVID-19, notamment la distanciation sociale, qui dominent actuellement notre vie quotidienne, il importe de nous surveiller, de nous appeler et de chatter en vidéo, d’être attentifs et sensibles aux besoins uniques de santé mentale des personnes dont nous nous occupons et sur lesquels nous veillons. Notre anxiété et nos craintes doivent être reconnues et non pas ignorées, mais mieux comprises et prises en compte par les individus, les communautés et les pouvoirs publics », a déclaré le docteur Hans Kluge.

De nombreuses questions portaient sur des groupes de population spécifiques, notamment les enfants et les personnes âgées.

Quel pourrait être l’impact de la crise COVID-19 sur la santé mentale des enfants ?

C’est en effet une période sans précédent pour nous tous, en particulier pour les enfants dont la vie se trouve fortement perturbée. Les enfants sont susceptibles d’éprouver de l’inquiétude, de l’anxiété et de la peur. Il peut s’agir de types de peurs très similaires à celles que connaissent les adultes, comme la peur de mourir, la peur de voir mourir leurs proches, ou la peur provoquée par ce que représente l’administration d’un traitement médical. Si les écoles sont fermées après la prise de mesures nécessaires, les enfants peuvent ne plus avoir ce sentiment de structure et de stimulation que procure cet environnement, et ils ont moins l’occasion d’être avec leurs amis et de bénéficier de ce soutien social qui est essentiel pour leur bon bien-être mental.

Le fait d’être à la maison peut soumettre certains enfants à un risque accru d’incidents de protection de l’enfance, ou une exposition accrue à ce genre d’incidents, voire les rendre témoins de violences interpersonnelles si leur domicile ne constitue pas un lieu sûr. Cette situation est certes très préoccupante.

Bien que tous les enfants soient réceptifs aux changements, les jeunes enfants peuvent trouver les changements en cours difficiles à comprendre, et les jeunes enfants comme les plus âgés peuvent exprimer de l’irritabilité et de la colère. Les enfants peuvent avoir envie de se rapprocher davantage de leurs parents, leur imposer plus d’exigences et, à leur tour, certains parents ou personnes ayant la charge d’enfants peuvent être eux-mêmes soumis à une pression excessive.

Des stratégies simples peuvent permettre de remédier à cette situation, notamment en donnant aux jeunes l’amour et l’attention dont ils ont besoin pour dissiper leurs craintes, et en étant honnête avec les enfants, en leur expliquant ce qui se passe d’une manière qu’ils puissent comprendre, même s’ils sont très jeunes. Les enfants sont très perspicaces et réceptifs, et ils modèleront leur réaction sur celle des personnes qui veillent sur eux. Les parents doivent également être soutenus dans la prise en charge de leurs propres facteurs de stress afin qu’ils puissent servir de modèle à leurs enfants. Il peut être bénéfique d’aider les enfants à trouver des moyens de s’exprimer par des activités créatives, et de structurer la journée, si c’est possible, en établissant des routines, en particulier s’ils ne vont plus à l’école.

Des services de santé mentale et de soutien psychosocial doivent être mis en place, et les services de protection de l’enfance doivent s’adapter afin de garantir que les enfants des familles qui en ont besoin puissent toujours bénéficier de soins et d’attention.

Quel est l’impact psychologique de cette maladie sur les personnes âgées ?

En ce qui concerne les personnes âgées et celles souffrant d’affections pré-existantes, le fait d’être considéré comme plus vulnérable à la COVID-19 et d’entendre que l’on est très vulnérable peut être extrêmement effrayant et très alarmiste. Parmi les effets psychologiques exercés sur ces populations, il convient de mentionner l’anxiété et le sentiment de stress ou de colère. Les effets peuvent être particulièrement difficiles chez les personnes âgées pouvant souffrir de déclin cognitif ou de démence. En outre, certaines personnes âgées peuvent déjà être socialement isolées et ressentir de la solitude, ce qui peut aggraver leur santé mentale.

Sur une note positive, les personnes âgées peuvent prendre de nombreuses initiatives elles-mêmes ou avec le soutien d’un aidant, si nécessaire, afin de protéger leur santé mentale en ce moment. Il s’agit notamment des nombreuses stratégies que nous préconisons pour l’ensemble de la population, comme la pratique d’une activité physique, le maintien des habitudes ou la création de nouvelles routines, et la participation à des activités qui suscitent un sentiment d’accomplissement. Le maintien des liens sociaux est également important. Certaines personnes âgées peuvent très bien utiliser les supports numériques, et d’autres peuvent avoir besoin de conseils à ce sujet. Une fois encore, les services de santé mentale et de soutien psychosocial ainsi que d’autres services pertinents pour cette population doivent rester disponibles pour le moment.

Les effets de la COVID-19 sur les personnes âgées seront au centre de la prochaine séance d’information de l’OMS qui aura lieu le jeudi 2 avril à 11 heures (heure de Paris), et sera diffusée en streaming sur la page Facebook de l’OMS/Europe ainsi que sur la chaîne YouTube.