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Les soins de santé sont-ils abordables ? Un nouveau rapport examine la situation de la République de Moldova en matière de couverture sanitaire universelle

28 décembre 2020
Communiqué de presse
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Les réformes du système de santé entreprises en République de Moldova ont permis d’accroître le nombre de personnes bénéficiant de soins de santé financés par des sources publiques et d’élargir la gamme des services couverts. L’amélioration de l’accès aux soins a réduit les besoins non satisfaits en la matière. Or, le recours accru à ces services a aussi augmenté l’exposition des patients aux paiements directs, par exemple, les restes à charge pour les médicaments ambulatoires. Un nouveau rapport publié par l’OMS révèle qu’en République de Moldova, environ un ménage sur 6 doit subir des dépenses de santé catastrophiques.

Quand les médicaments sont principalement à l’origine des difficultés financières

Les difficultés financières concernent largement les moins nantis, les retraités et les habitants des zones rurales. Les médicaments ambulatoires sont principalement à l’origine des paiements directs catastrophiques, et leur contribution aux difficultés financières a augmenté au fil du temps.

Pour les ménages les plus pauvres, les soins hospitaliers sont la deuxième cause des dépenses de santé catastrophiques, probablement liées aux paiements informels pour les soins hospitaliers (utilisation d’argent liquide ou de cadeaux pour obtenir des services), qui ont également augmenté.

Une protection financière mise en péril par les lacunes en matière de couverture

Si le pourcentage de la population couverte par la caisse nationale d’assurance maladie a augmenté ces dernières années en République de Moldova, plus de 10 % des habitants du pays n’en bénéficient toujours pas, en raison notamment du lien existant entre cette prestation et le paiement des cotisations d’assurance maladie. Le nombre de personnes travaillant dans le secteur informel et ne pouvant régler ces cotisations est important.

Or, même lorsque l’on est couvert par la caisse d’assurance maladie, la protection financière peut être mise en péril par la gamme limitée de médicaments ambulatoires financés par des sources publiques, les restes à charge élevés pour ces médicaments, un mécanisme déficient d’achats stratégiques et la pratique des paiements informels.

En raison de ces lacunes dans la couverture, les ménages les plus pauvres risquent fort de ne pas être assurés, de se heurter à des obstacles financiers pour accéder aux services de santé et de faire face à des dépenses de santé catastrophiques.

La pandémie met en avant l’importance de la couverture sanitaire universelle

Dans ses efforts de lutte contre la COVID-19, la République de Moldova a utilisé des fonds de réserve pour garantir la gratuité des traitements hospitaliers pour tous, que l’on soit couvert ou non par la caisse d’assurance maladie. À mesure que les perturbations économiques à long terme causées par la COVID-19 deviennent plus évidentes, cette mesure à court terme pourrait devenir permanente. Si l’on n’assujettit plus le droit à l’ensemble des services de santé, et pas seulement aux soins hospitaliers, au paiement des cotisations, tout le monde sera dès lors couvert.

La refonte de la couverture des médicaments ambulatoires contribuera également à renforcer la protection financière, par exemple en élargissant la gamme des médicaments ambulatoires couverts, en veillant à ce que les ménages pauvres et les personnes souffrant d’affections chroniques soient exemptés du reste à charge et en introduisant un plafond généralisé pour le reste à charge.

L’instauration de la couverture sanitaire universelle exige un engagement à augmenter les dépenses publiques de santé de manière régulière. C’est encore plus important dans le contexte de la COVID-19 qui nécessite un plus grand investissement public dans la santé, une meilleure utilisation des ressources existantes et une action politique soigneusement conçue pour réduire les besoins non satisfaits et les difficultés financières des personnes exposées au risque de pauvreté et d’exclusion sociale.

« La couverture sanitaire universelle doit rester un objectif politique à la base des efforts de relèvement et de reconstruction déployés dans les mois à venir, » a déclaré le docteur Natasha Azzopardi-Muscat, directrice de la Division des politiques et systèmes de santé des pays au Bureau régional de l’OMS pour l’Europe.