WHO/Blink Media (Francesca Volpi)
Pour faire reculer le tabagisme dans la Région européenne de l’OMS, les pays ont besoin d’un large éventail de politiques et de mesures de soutien.
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Les Pays-Bas à l’avant-garde de la lutte antitabac

31 juillet 2023
Communiqué de presse
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Les Pays-Bas ont franchi une étape importante en devenant le quatrième pays au monde, après la Türkiye, le Brésil et l’île Maurice, à adopter les 6 mesures rentables et très efficaces (connues sous le nom de MPOWER) qui aident les pays à limiter la demande de tabac. Cette avancée est présentée dans le rapport tout récemment publié par l’OMS concernant l’épidémie mondiale de tabagisme. 

Les progrès réalisés aux Pays-Bas témoignent de l’engagement politique du gouvernement dans la lutte antitabac et constituent un excellent exemple de collaboration entre les pouvoirs publics, les organisations internationales de la santé et la société civile.

Un exemple pour d’autres pays

Le nouveau rapport de l’OMS souligne que les Pays-Bas ont atteint le degré maximal d’application des 6 mesures MPOWER recommandées par l’OMS : surveillance, protection des personnes contre la fumée du tabac, aide au sevrage tabagique, mise en garde contre les dangers du tabac, application de l’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage, et augmentation des taxes sur le tabac.

« Je suis ravi de voir que les Pays-Bas sont des champions de la lutte antitabac. Je les félicite d’avoir pris l’initiative d’adopter et de mettre en œuvre les politiques de contrôle rigoureuses dont nous connaissons l’efficacité, et j’espère que cela incitera d’autres pays à agir et à récolter les avantages de ces politiques pour la santé et l’économie », déclare le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

Les résultats des mesures appliquées sont déjà visibles. En 2014, les fumeurs représentaient 25,7 % de la population néerlandaise, mais en 2021, cette proportion était tombée à 20,6 %. Si les femmes sont moins nombreuses à fumer que les hommes, la prévalence du tabagisme chez les hommes et les femmes a diminué à des rythmes comparables.

« Les organismes de la société civile, les experts en matière de santé et les professionnels de santé sont les principaux moteurs de tout ce que nous réalisons en matière de lutte contre le tabagisme aux Pays-Bas », commente M. Maarten van Ooijen, secrétaire d’État à la Santé, au Bien-être et aux Sports, à propos des conclusions du rapport de l’OMS. « Ce sont d’abord eux qui méritent les louanges adressées à notre pays par l’Organisation mondiale de la santé. »

S’appuyer sur des données probantes et surmonter les obstacles : un combat de longue haleine 

Les Pays-Bas sont à l’avant-garde de la lutte antitabac. En 1957, un large débat sur les dangers du tabac s’est ouvert dans le pays. À l’époque, le Conseil de la santé des Pays-Bas a publié un rapport intitulé « Le tabagisme et la santé » qui dénonçait sans détour le lien entre le tabagisme et le cancer du poumon. Ce rapport influent a incité les organismes du secteur de la santé, dont la Société néerlandaise contre le cancer, à prendre des mesures proactives.

« À partir de ce moment-là, le nombre de preuves établissant un lien entre le tabagisme et de multiples types de cancer et d’autres affections potentiellement mortelles, y compris les maladies cardiovasculaires et respiratoires, n’a fait qu’augmenter », explique le docteur Angela Ciobanu, administratrice technique au Bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles. « À eux seuls, les produits du tabac tuent chaque année 8,7 millions de personnes. » 

Dans les années 1970, des mesures politiques d’envergure contre le tabagisme ont été proposées dans des rapports du Conseil de la santé, qui ont eu une grande influence. Toutefois, nombre de ces propositions n’ont pas été immédiatement mises en œuvre. En 1975, un institut national de lutte contre le tabagisme a été créé, ce qui a conduit à la fondation du Centre néerlandais d’expertise sur la lutte contre le tabagisme (STIVORO), qui est devenu responsable de la mise en œuvre d’interventions contre le tabagisme, telles que les campagnes de sensibilisation et l’aide au sevrage tabagique.

Dans les années qui ont suivi, les Pays-Bas ont pris d’autres mesures pour combattre le tabagisme. En 1982, des mises en garde exposant les dangers du tabac pour la santé sont apparues sur les paquets de cigarettes, et en 2005, le pays s’est engagé encore plus résolument à protéger la santé de la population en devenant partie à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.

Vers un avenir sans fumée

Les efforts se sont intensifiés en 2015 avec le lancement de la campagne « Génération sans tabac », qui a reçu un large soutien de la part de la population et est ainsi devenue le « Mouvement pour une génération sans tabac ». 

Trois ans plus tard, en 2018, le gouvernement néerlandais et 70 organisations ont signé un accord national à finalité préventive, comprenant un large éventail de mesures politiques visant à lutter contre la consommation excessive d’alcool, le surpoids et l’obésité, et l’usage du tabac. Concernant le tabac, les objectifs énoncés par cet accord étaient de réduire la proportion de fumeurs à moins de 5 % de la population du pays d’ici à 2040 et d’éliminer le tabagisme chez les enfants et les femmes enceintes.

Dès 2021, les Pays-Bas avaient remédié à d’importantes failles dans la lutte contre le tabagisme en bannissant la publicité pour les produits du tabac aux points de vente et en interdisant les fumoirs dans les endroits publics, sur les lieux de travail et dans les transports en commun.

M. van Ooijen explique son ambition pour l’avenir : « Bien que nous fassions des progrès en ce qui concerne la réduction de la prévalence du tabagisme et l’amélioration de notre politique de lutte contre le tabac, nous sommes encore loin du but. Nous allons continuer à nous battre ensemble pour une génération sans tabac en 2040 ! » 

« Nous constatons qu’il nous reste encore un long chemin à parcourir avant de débarrasser la Région européenne de l’OMS de la morbidité, de la mortalité et de la dépendance liées au tabac », renchérit le docteur Kluge. « Il est urgent d’accélérer la mise en œuvre des mesures stipulées dans la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. Ce faisant, nous pouvons épargner à des millions de personnes les souffrances dues aux maladies provoquées par le tabac, et éviter des décès. »