Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

2020-DON297 - Danemark

6 novembre 2020

Aperçu de la situation

Depuis juin 2020, 214 cas humains de COVID-19 ont été identifiés au Danemark avec des variants du SARS-CoV-2 associés à des visons d’élevage, dont 12 cas avec un variant unique, selon un rapport communiqué le 5 novembre.

Description de la situation

Depuis juin 2020, 214 cas humains de COVID-19 ont été identifiés au Danemark avec des variants du SARS-CoV-2 associés à des visons d’élevage, dont 12 cas avec un variant unique, selon un rapport communiqué le 5 novembre. Les 12 cas ont été détectés en septembre 2020 dans le Jutland du Nord (Danemark). Les cas étaient âgés de 7 à 79 ans, 8 d’entre eux avaient un lien avec l’industrie de l’élevage du vison et 4 provenaient de la communauté locale.

Les premières observations suggèrent que le tableau clinique, la gravité de la maladie et la transmission parmi les personnes infectées sont semblables à ceux d’autres virus SARS-CoV-2 circulants. Cependant, ce variant, appelé « cluster 5 », présentait une combinaison de mutations ou des changements jamais encore observés auparavant. Les implications des changements identifiés dans ce variant ne sont pas encore bien comprises. Les résultats préliminaires indiquent que ce variant particulier associé au vison identifié chez cet animal et chez les 12 cas humains présente une sensibilité modérément réduite aux anticorps neutralisants. D’autres études scientifiques et en laboratoire sont nécessaires pour vérifier les résultats préliminaires communiqués et pour comprendre les implications potentielles de cette découverte en termes de produits de diagnostic, de traitements et de vaccins en cours de développement. En attendant, les autorités danoises prennent des mesures pour limiter la propagation de ce variant du virus parmi les visons et dans la population humaine.

Le SARS-CoV-2, le virus à l’origine de la COVID-19, a été identifié pour la première fois chez l’homme en décembre 2019. Au 6 novembre, il avait infecté plus de 48 millions de personnes, causant plus de 1,2 million de décès dans le monde. Bien que l’on pense que ce virus est ancestralement lié aux chauves-souris, l’origine du virus et les hôtes intermédiaires du SARS-CoV-2 n’ont pas encore été identifiés.

Les données disponibles suggèrent que le virus se transmet principalement d’une personne à l’autre par des gouttelettes respiratoires et un contact étroit, mais il existe également des exemples de transmission entre l’homme et l’animal. Plusieurs animaux qui ont été en contact avec des personnes infectées, tels que des visons, des chiens, des chats domestiques, des lions et des tigres, ont été testés positifs pour le SARS-CoV-2.

Les visons ont été contaminés à la suite d’une exposition à des personnes infectées. Ces animaux peuvent servir de réservoir pour le SARS-CoV-2, en se transmettant le virus entre eux, et représentent un risque de propagation du virus du vison à l’homme. Les personnes infectées peuvent alors transmettre le virus au sein de la population humaine. En outre, une rétrotransmission (transmission de l’homme au vison) peut se produire. Un virus animal qui se transmet à l’homme, ou une population animale susceptible de contribuer à amplifier et à propager un virus qui touche l’homme, sont des phénomènes préoccupants. Lorsque les virus circulent entre les populations humaines et animales, des modifications génétiques de ces virus peuvent se produire. On peut identifier ces changements grâce au séquençage du génome entier ; des expériences permettent ensuite d’étudier les effets possibles de ces changements sur la maladie chez l’homme.

À ce jour, six pays, à savoir le Danemark, l’Espagne, les États-Unis d’Amérique, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède, ont signalé à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) la présence du SARS-CoV-2 chez des visons d’élevage.

Action de santé publique

Les autorités danoises ont annoncé les mesures de santé publique prévues ou en cours suivantes :

  • abattage de tous les visons d’élevage (plus de 17 millions) au Danemark, y compris son cheptel reproducteur ;
  • renforcement de la surveillance de la population locale pour détecter tous les cas de COVID-19, y compris au moyen d’un dépistage de masse par PCR à l’échelle de la population pour la région du Jutland du Nord ; 
  • accroissement du pourcentage de séquençage génomique du SARS-CoV-2 détecté chez les personnes et les visons infectés au Danemark ;
  • partage rapide des séquences génomiques complètes du variant du SARS-CoV-2 détecté chez le vison ; et
  • instauration de nouvelles restrictions de circulation et d’autres mesures de santé publique dans les zones touchées du Jutland du Nord afin de réduire la transmission, y compris des restrictions de circulation entre les municipalités.

Évaluation du risque par l’OMS

Tous les virus, y compris le SARS-CoV-2, évoluent avec le temps. Les souches de SARS-CoV-2 qui infectent les visons et qui sont ensuite transmises à l’homme, peuvent avoir acquis des combinaisons uniques de mutations. Afin de comprendre pleinement l’impact de mutations données, des études poussées en laboratoire sont nécessaires. Ces investigations prennent du temps et sont menées en étroite collaboration entre les différents groupes de recherche.

Les résultats récents communiqués par l’Autorité danoise de santé publique (Statens Serum Institut) concernant le nouveau variant du SARS-CoV-2 identifié chez l’homme doivent être confirmés et évalués plus avant afin de mieux comprendre les implications potentielles en termes de transmission, de tableau clinique, de produits de diagnostic, de traitements et de développement de vaccins.

En outre, des analyses détaillées et des études scientifiques sont nécessaires pour mieux comprendre les mutations signalées. Le partage des séquences génomiques complètes des souches humaines et animales continuera de faciliter les analyses détaillées effectuées par les partenaires. Les membres du Groupe de travail de l’OMS sur l’évolution du virus SARS-CoV-2 travaillent avec des scientifiques danois pour mieux comprendre les résultats disponibles et collaborer à d’autres études. D’autres études scientifiques et en laboratoire seront entreprises pour comprendre les implications de ces virus en termes de produits de diagnostic disponibles, de traitements et de vaccins en cours de développement contre le SARS-CoV-2.

Les mesures prises par les autorités danoises limiteront la propagation continue des variants du SARS-CoV-2 associés au vison au Danemark, et ont notamment été mises en œuvre pour contenir le variant unique signalé à l’OMS. Ces mesures comprennent la restriction des déplacements des personnes, l’abattage d’animaux, le dépistage à grande échelle des personnes vivant dans les zones touchées et un séquençage génomique accru des virus du SARS-CoV-2 dans tout le pays.

Conseils de l’OMS

Cet événement souligne le rôle important que les populations de visons d’élevage peuvent jouer dans la transmission continue du SARS-CoV-2 et le rôle essentiel d’une surveillance rigoureuse, de l’échantillonnage et du séquençage du SARS-CoV-2, en particulier autour des zones où ces réservoirs animaux sont identifiés.

Les résultats préliminaires du Danemark intéressent le monde entier et l’OMS reconnaît l’importance de partager les informations épidémiologiques, virologiques et les séquences génomiques complètes avec d’autres pays et équipes de recherche, notamment par le biais de plateformes en accès libre.

L’OMS conseille de mener d’autres études virologiques pour comprendre les mutations spécifiques décrites par le Danemark et pour étudier plus avant l’évolution de l’épidémiologie en fonction du virus en termes de transmissibilité et de gravité de la maladie qu’il provoque. L’OMS conseille à tous les pays d’accroître le séquençage des virus SARS-CoV-2 dans la mesure du possible et de partager les données des séquences à l’échelle internationale.

L’OMS conseille à tous les pays d’améliorer la surveillance de la COVID-19 à l’interface animal-homme là où des réservoirs animaux sensibles au virus sont identifiés, notamment les élevages de visons. 

L’OMS rappelle également aux pays de renforcer les mesures de sécurité biologique et de sûreté biologique dans le secteur agricole autour des réservoirs animaux connus afin de limiter le risque d’événements zoonotiques associés au SARS-CoV-2. Cela comprend des mesures de lutte anti-infectieuse pour protéger les personnes qui travaillent avec des animaux, les visiteurs d’exploitations agricoles et ceux qui peuvent être impliqués dans l’élevage ou l’abattage d’animaux.

Les principes de base pour réduire le risque général de transmission des infections respiratoires aiguës sont les suivants :

  • éviter tout contact étroit avec les personnes atteintes d’infections respiratoires aiguës ;
  • se laver fréquemment les mains, surtout après un contact direct avec des personnes malades ou leur environnement ;
  • pour les personnes présentant des symptômes d’infection respiratoire aiguë, respecter les règles d’hygiène comme se tenir à distance des autres, tousser ou éternuer dans un mouchoir en papier ou un vêtement, et se laver les mains ;
  • porter un masque là où c’est nécessaire ; et
  • améliorer les pratiques standard de lutte anti-infectieuse dans les hôpitaux et les structures de soins, en particulier dans les services d’urgence.

Sur la base des informations actuellement disponibles concernant cet événement, l’OMS déconseille d’appliquer au Danemark des restrictions aux voyages et au commerce. L’OMS fournit des conseils dans sa publication intitulée Questions de santé publique à prendre en considération pour la reprise des voyages internationaux : elle recommande une évaluation rigoureuse des risques qui tienne compte du contexte national, des caractéristiques épidémiologiques et des schémas de transmission locaux, des mesures sanitaires et sociales nationales visant à lutter contre l’épidémie ainsi que des capacités des systèmes de santé du pays de départ et d’arrivée, y compris aux points d’entrée. En cas de symptômes évocateurs d’une affection respiratoire aiguë apparaissant pendant ou après un voyage, les voyageurs sont invités à consulter un médecin et à lui indiquer les voyages qu’ils ont effectués. Les autorités sanitaires doivent collaborer avec les secteurs des voyages, des transports et du tourisme afin de donner aux voyageurs, par l’intermédiaire des dispensaires, des agences de voyages et des opérateurs de transport, et aux points d’entrée, des informations permettant de réduire le risque général de contracter une infection respiratoire aiguë.

Plus d'informations

Pour de plus amples informations, voir :
Thèmes de santé, rubrique Coronavirus, sur le site Web de l’OMS
WHO Scientific brief on the transmission of SARS-CoV-2: implications for infection prevention precautions
Questions de santé publique à prendre en considération pour la reprise des voyages internationaux
OIE Update 6 on the COVID-19 situation in mink in Denmark
Fiche technique de l’OIE : Infection par le SRAS-CoV-2 chez les animaux 
OIE : Questions et réponses sur le COVID-19
FAO Exposure of humans or animals to SARS-CoV-2 from wild, livestock, companion and aquatic animals