De nos jours, plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes et, d’ici 2050, cette proportion devrait atteindre les deux tiers.
Les gens vivent dans les villes pour être près des emplois, des possibilités d’éducation et des services. Elles peuvent être des endroits merveilleux pour les interactions sociales et l’accès aux activités culturelles.
Lorsque les villes sont construites en respectant de bons principes de planification, elles peuvent aussi être des communautés propices à la santé et au bien-être. Réfléchissez aux villes ou aux quartiers qui vous ont particulièrement plu, que ce soit pour y habiter ou en visite, à l’aspect qu’avaient ces lieux, à votre ressenti et même aux odeurs.
Il est probable que ces villes étaient pleines de gens et de vie, avec de larges trottoirs et des pistes cyclables pour circuler facilement et en sécurité, qu’elles avaient un système de transports publics accessibles et beaucoup de parcs et d’espaces verts où l’on pouvait faire de l’exercice à tout âge.
De nos jours malheureusement, de nombreuses villes en croissance rapide sont confrontées à une circulation dense, des bidonvilles surpeuplés et de grands buildings sans identité qui sont le terreau de l’aliénation, du bruit et de la violence. Tous ces facteurs ont un effet négatif sur notre santé mentale et physique comme sur notre bien-être.
La qualité de l’air est l’un des meilleurs «indicateurs» généraux pour savoir si une ville est propice ou nocive pour la santé. La raison en est que les niveaux de pollution sont en général faibles dans les villes bien planifiées avec de bons systèmes de transports, des rues où l’on peut marcher et des espaces verts pour filtrer l’air. En revanche, ils montent en flèche dans les milieux urbains donnant la priorité aux transports motorisés par rapport aux piétons ou aux cyclistes et qui permettent une extension incontrôlée de grands blocs gris de béton et d’asphalte sans interruption.
Plus de 80% des villes du monde dépassent les limites fixées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la qualité de l’air. Et plus de la moitié de celles qui surveillent la pollution de l’air signalent des niveaux au moins 3,5 fois supérieurs aux limites fixées par l’OMS.
La pollution de l’air tue insidieusement. Chaque année, 3 millions de personnes meurent prématurément du fait de la pollution de l’air extérieur, qui atteint les niveaux les plus élevés dans les grandes villes d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. La plupart de ces décès sont dus à des crises cardiaques, des AVC, des maladies respiratoires et des cancers pulmonaires, qui figurent tous aujourd’hui dans la liste des plus grands facteurs de mortalité au monde.
Lorsque de toutes petites particules invisibles de pollution pénètrent profondément dans les poumons et la circulation sanguine des gens, ces polluants toxiques s’accumulent dans l’organisme et finissent par provoquer des maladies cardiovasculaires et le cancer.
L’OMS estime que la pollution de l’air est à l’origine d’environ un décès sur trois par AVC, maladie respiratoire chronique et cancer pulmonaire, ainsi que d’un décès sur quatre par crise cardiaque. L’ozone au niveau du sol, résultat de l’interaction entre de nombreux polluants et la lumière du soleil, est également responsable de l’asthme et de maladies respiratoires chroniques.
La pollution de l’air représente pour la santé l’une des menaces les plus critiques auxquelles nous soyons confrontés de nos jours. La santé et le bien-être DOIVENT être la priorité numéro un en matière d’urbanisme. Si nous n’agissons pas dès maintenant, la pollution étouffera nos villes, augmentant encore plus la mortalité dans ce cadre de vie.
Comme la plupart des sources de pollution de l’air extérieur échappent au contrôle individuel, nous devons demander à nos maires et à nos autres dirigeants locaux de militer pour le changement et de s’engager à combattre frontalement le problème.
Les autorités locales et nationales doivent introduire des politiques et faire des investissements en faveur de transports plus verts, de logements, de production d’énergie et d’une industrie à bon rendement énergétique, ainsi que d’une meilleure gestion municipale des déchets.
Mais nous pouvons aussi mener le changement au niveau des communautés et des individus, par exemple en s’engageant à prendre le vélo ou les transports publics pour aller travailler, lorsqu’il existe des routes sûres pour ce faire ; à recycler les déchets ou à faire du compost ; à économiser l’eau et l’énergie chez soi et au bureau. Des stratégies comme les initiatives « pedibus » peuvent inciter les enfants à aller à l’école à pied en toute sécurité et la création de jardins urbains peut fournir à la fois des denrées saines et des lieux favorisant la santé, les interactions sociales et l’exercice physique.
Nombre de ces mesures pour améliorer l’hygiène du milieu aident aussi les gens à être physiquement plus actifs et à manger plus sainement, réduisant ainsi l’obésité et certaines maladies comme le diabète et les cardiopathies.
Nous savons que les villes peuvent faire des progrès spectaculaires lorsqu’elles prennent des mesures pour réduire la pollution de l’air. Près de la moitié de celles qui contrôlent la pollution de l’air dans les pays à haut revenu ont fait baisser celle-ci de 5 % entre 2008 et 2013.
Mais il est urgent d’agir plus vite, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où les progrès en matière de pollution n’ont guère été encourageants et où la qualité de l’air empire.
Nous devons nous assurer que les habitants connaissent les niveaux de pollution de l’air dans leur ville et qu’ils comprennent son effet délétère sur la santé. C’est le moyen le plus efficace de déclencher l’action.
L’OMS a uni ses forces avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement et la Coalition pour le climat et la qualité de l’air dans le cadre de la campagne Breathelife afin de donner aux citoyens l’accès à ces informations et de mobiliser les villes pour qu’elles collaborent et atteignent les niveaux requis de qualité de l’air d’ici 2030. Près de 40 villes dont Londres, Oslo, Santiago, Séoul, Singapour et San Antonio ont rejoint la campagne Breathelife et nous cherchons continuellement à étendre ce réseau.
En octobre de cette année, l’OMS organisera à Genève la première conférence mondiale sur la pollution de l’air et la santé. Elle réunira des ministres, des maires, des professionnels de la santé, des universitaires, des militants et des chercheurs pour échanger les connaissances et mobiliser l’action en vue d’améliorer la qualité de l’air et la santé à l’échelle mondiale.
Nous devons tous travailler ensemble pour que nos villes soient des endroits où l’on puisse vivre en meilleure santé et plus heureux.
Publié à l’origine par NewCities, organisation internationale à but non lucratif dont le but est de rendre les villes plus inclusives, plus connectées, plus saines et plus dynamiques.