Investir dès aujourd’hui pour un avenir sain et prospère

16 août 2018

De hauts responsables du secteur de la santé, venus du monde entier, se retrouvent à Port Moresby cette semaine pour la réunion de haut niveau de l’APEC sur la santé et l’économie. Le thème en est « Transformer les soins de santé primaires par l’investissement, l’innovation et la collaboration », un enjeu dont l’importance n’a jamais été aussi grande.

 

Une flambée de poliomyélite frappe aujourd’hui la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et met en péril les enfants, les familles et l’économie. Cela illustre parfaitement qu’il faut continuer d’investir dans les soins de santé primaires pour que chaque homme, chaque femme et chaque enfant ait facilement accès aux services essentiels tels que la vaccination.

 

Il y a quarante ans, de hauts responsables de la santé venus du monde entier se sont réunis à la Première Conférence internationale sur les soins de santé primaires. La Déclaration d’Alma-Ata, adoptée à cette occasion, appelait les gouvernements et la communauté de la santé et du développement à agir d’urgence pour protéger et promouvoir la santé
  ̶  les soins de santé étant jugés essentiels pour atteindre cet objectif. Ce fut un moment décisif dans l’histoire de la santé publique : pour la première fois, le monde se fédérait autour de l’idée selon laquelle les soins de santé primaires permettent d’améliorer la santé de tous.

 

Ces 40 dernières années, de formidables succès ont été obtenus dans le domaine de la santé publique : progrès des sciences médicales et des technologies, augmentation de l’espérance de vie dans la plupart des pays, réductions massives des taux observés pour de nombreuses maladies mortelles et éradication de la variole. Parallèlement, l’ordre économique et géopolitique mondial a été profondément bouleversé.

 

En cours de route, la conception des soins de santé primaires comme clé de la santé a laissé place, partout dans le monde, à la mise en œuvre ciblée de programmes centrés sur certaines maladies.

 

Aujourd’hui, le monde s’est fédéré autour d’une nouvelle vision : les objectifs de développement durable (ODD). La couverture sanitaire universelle est indispensable à l’atteinte de ces objectifs. Elle consiste à faire en sorte que toutes les personnes puissent avoir accès à des services de santé de qualité, où et quand elles le souhaitent, sans connaître de difficultés financières. Les soins de santé primaires (le premier point de contact avec le système de santé) sont essentiels à la couverture sanitaire universelle.

 

Mais de nombreux obstacles empêchent de concrétiser cette vision.

 

Aujourd’hui, la moitié seulement de la population mondiale est couverte. Des centaines de millions de personnes n’ont pas accès aux services dont elles ont besoin pour rester en bonne santé, traiter une affection chronique ou se remettre d’une maladie. Les soins de santé primaires jouent également un rôle déterminant pour protéger les pays des menaces qui pèsent sur la sécurité sanitaire, telles les flambées de poliomyélite ou de tuberculose pharmacorésistante, et pour répondre aux catastrophes naturelles et aux autres situations d’urgence sanitaires.

 

Le personnel qualifié capable de prodiguer ces services est également insuffisant. Aujourd’hui, il manque 7,2 millions d’agents de santé dans le monde et c’est dans la région APEC, notamment ici en Papouasie-Nouvelle-Guinée, que la pénurie est la plus criante.

 

Le manque d’argent pour se payer des soins de santé primaires entrave également l’accès en certains endroits. De nombreuses personnes retardent ainsi le moment où elles consultent, et le niveau élevé des dépenses de santé payées directement par les patients engendre une spirale de pauvreté. Les enfants quittent l’école et renoncent à leurs aspirations professionnelles pour que l’argent des frais scolaires serve à payer les factures médicales d’un membre de la famille. Certains adultes quittent leur travail – ou ne peuvent en obtenir – car ils doivent s’occuper d’un malade dans leur famille.

 

Nous devons agir pour renforcer les services de santé primaires dans chaque pays. Ces efforts auront des répercussions au‑delà même de la santé. Les soins de santé primaires et la couverture sanitaire universelle ont le pouvoir d’améliorer non seulement la santé globale des populations, mais aussi les perspectives économiques et de développement de nations entières.

 

Avec la progression des maladies non transmissibles, le vieillissement de la population, les flambées de maladies nouvelles ou déjà connues et les autres urgences sanitaires, il est urgent d’investir davantage dans les soins de santé primaires.

 

En intégrant les soins de santé primaires à la couverture sanitaire universelle, toute personne, où qu’elle vive, sera protégée. Les gens pourront accéder aux services dont ils ont besoin sans connaître de difficultés financières. Les enfants continueront d’apprendre et les travailleurs de gagner leur vie.

 

Je sais que les gouvernements sont confrontés à de nombreuses priorités concurrentes, et la santé n’apparaît peut-être pas toujours comme la plus pressante. Mais le renforcement des soins de santé primaires présente un retour sur investissement garanti.

Auteurs

Dr Shin Young-soo

Directeur régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour le Pacifique occidental

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