Le Sommet mondial sur le handicap qui aura lieu cette semaine doit être marqué par l’inclusion, l’engagement et l’action pour assurer un accès et des services équitables aux personnes handicapées. Le Sommet, qui se tiendra les 16 et 17 février, est organisé conjointement par le Ghana, la Norvège et l’International Disability Alliance (IDA), avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président du Ghana, Jonas Gahr Støre, Premier Ministre de Norvège, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé et Yannis Vardakastanis, Président de l’International Disability Alliance.
Grace est institutrice au Malawi. Elle a également été étudiante en licence à l’université et avait une petite entreprise de vente de vêtements d’occasion. Elle est atteinte d’albinisme, qui se caractérise par un déficit important dans la production de mélanine, ce qui entraîne l’absence partielle ou totale de pigment dans la peau, les cheveux et les yeux. La déficience visuelle fait partie du handicap.
Lorsque la pandémie de COVID-19 a été déclarée, l’université a organisé des cours en ligne. La plateforme en ligne n’était pas adaptée aux personnes souffrant de déficience visuelle. Grace ne pouvait donc pas poursuivre ses études. De plus, elle n’avait accès ni aux soins oculaires de base et ni à la crème solaire parce que l’établissement de santé le plus proche de chez elle était fermé. Elle n’a donc pas pu quitter son domicile pendant la pandémie, ce qui lui a fait perdre son emploi et une partie importante des revenus de la famille.
L’histoire de Grace n’est pas unique. En effet, cet exemple montre comment la pandémie a touché de manière disproportionnée plus d’un milliard de personnes atteintes d’une forme de handicap. Selon des données du Royaume-Uni, les personnes handicapées représentaient six décès sur 10 liés à la COVID-19 en 2020, et le risque de décès est plus marqué chez les femmes et les filles handicapées. Les personnes présentant un trouble de l’apprentissage ont quatre à cinq fois plus de risques d’être hospitalisées pour une COVID-19 et jusqu’à huit fois plus de risques de décéder de la maladie que les autres.
Même avant la pandémie, les personnes handicapées se heurtaient à une série d’obstacles dans leur vie quotidienne et pour accéder aux services sociaux : obstacles physiques qui empêchent l’accès aux établissements et à des interventions spécifiques, obstacles à l’information qui empêchent d’acquérir des connaissances dans les domaines de l’économie et de la santé et attitudes menant à de la discrimination.
Par conséquent, les personnes handicapées sont trois fois plus susceptibles de se voir refuser des soins, quatre fois plus susceptibles d’être traitées de manière inadéquate dans le système de soins et deux fois plus susceptibles d’être confrontées à des dépenses de santé catastrophiques. Et 80 % des personnes handicapées vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, où l’accès aux services de santé, financiers et sociaux de base peut être particulièrement difficile pour elles.
Cette situation est inacceptable. Alors que le monde se prépare à sortir de la pandémie, nous devons tous comprendre que la santé et le bien-être pour tous passent obligatoirement par la prise en compte du handicap parmi les priorités du secteur de la santé. Si ce n’est pas le cas, la couverture sanitaire universelle risque de rester utopique, puisqu’une personne sur sept dans le monde ne bénéficie pas des services de santé dont elle a besoin à un coût abordable. Admettre l’importance de la prise en compte du handicap n’est toutefois que la première étape vers la réalisation de la santé pour tous.
La deuxième étape consiste à s’engager à bâtir un secteur de la santé qui tienne compte du handicap et facilitera l’accès universel aux services de santé pour les personnes handicapées.
Le Sommet mondial sur le handicap 2022, aura principalement pour but de favoriser un engagement dans ce sens. En effet, ce sommet sera une tribune exceptionnelle et une occasion de réunir la communauté internationale en faveur de la prise en compte du handicap.
La troisième étape, essentielle, est d’agir. Toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements, la société civile, les organisations multilatérales, le secteur privé et d’autres partenaires, doivent collaborer à l’adoption d’une approche inclusive tenant compte du handicap. Nous devons concevoir des programmes équitables, y compris les services de santé, garantissant aux personnes handicapées le meilleur état de santé qu’elles sont capables d’atteindre, comme l’a demandé l’Assemblée mondiale de la Santé en 2021.
À la demande de ses États Membres, l’OMS publiera un rapport mondial sur le meilleur état de santé que les personnes handicapées sont capables d’atteindre sera présenté en décembre 2022, avec un guide pratique pour aider les pays à mettre en œuvre les recommandations figurant dans le rapport. La mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap dans l’ensemble de l’OMS, dans le cadre d’un plan d’action triennal, est un exemple de bonne pratique qui mérite d’être généralisée.
Il faut agir dès maintenant. Le Sommet mondial sur le handicap est un excellent tremplin qui doit être utilisé pour susciter un élan en faveur de politiques universelles d’inclusion du handicap. Ensemble, nous pouvons créer un secteur de la santé incluant les personnes handicapées et respectueux du droit à la santé de chaque personne. Un monde où la couverture sanitaire universelle est une réalité et où toutes les personnes sont protégées face aux situations d’urgence sanitaire.
Intérêts concurrents : aucuns
Provenance et examen par les pairs : aucune demande, aucun examen par les pairs