WHO/H. Dicko
A child is being vaccinated orally in Borno state, Nigeria
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Travailler ensemble pour libérer le potentiel vital des données

Nous célébrons 20 ans de collaboration entre l’OMS et l’UNICEF pour la collecte des données sur la vaccination

16 juillet 2018

La vaccination a fait d’immenses progrès au cours des 20 dernières années. Les données les plus récentes indiquent que dans le monde, plus de 116 millions de nourrissons ont reçu la totalité des trois doses du vaccin antidiphtérique-antitétanique-anticoquelucheux (DTC3) les protégeant contre des maladies infectieuses qui peuvent entraîner des maladies graves, des incapacités, voire être mortelles.

Depuis l’introduction du vaccin contre la méningite à méningocoque A en 2010, plus de 280 millions de personnes dans les pays africains touchés par la maladie ont été vaccinées. Et cela a permis de juguler cette maladie mortelle et de pratiquement l’éliminer de la Région.

La mortalité due à la rougeole dans le monde a chuté de 84%: le nombre des décès dus à la maladie qui était de 550 000 environ en 2000 était estimé à moins de 90 000 en 2016. Pour la première fois, ce nombre passait ainsi en dessous du seuil des 100 000 par an.

Cette réussite est due en grande partie aux États Membres et à leur mise en œuvre efficace des programmes nationaux de vaccination avec le soutien des partenaires mondiaux, notamment de l’Alliance Gavi. Ces progrès peuvent être mesurés grâce à l’existence de données fiables et précises sur la couverture vaccinale. Ces données permettent à l’OMS, à l’UNICEF, à l’Alliance Gavi et aux autres partenaires de la vaccination d’aider les États Membres à mieux déterminer où les enfants ne bénéficient pas de la vaccination; où se situent les plus grands risques de flambées de maladies à prévention vaccinale; où ces flambées surviennent d’ores et déjà; et où les efforts doivent être élargis et concentrés.

Deux décennies pour des données plus solides

2018 marque le 20e anniversaire du formulaire commun OMS/UNICEF de déclaration sur la vaccination – un formulaire unique utilisé par tous les pays pour enregistrer les données relatives aux taux nationaux de vaccination et aux cas de maladies à prévention vaccinale; surveiller l’approvisionnement en vaccins et leurs prix; et suivre les calendriers et les politiques de vaccination. Depuis l’introduction du formulaire en 1998, les données de vaccination pour plus de 2,7 milliards de nouveau-nés ont été enregistrées en utilisant ce formulaire.

Mais la collecte des données de vaccination n’a pas dès le début été un processus conjoint OMS-UNICEF. Même si nos deux organisations ont commencé à recueillir les données relatives à la couverture vaccinale nationale à la fin des années 1970, dans le cadre du Programme élargi de vaccination (PEV) dont le but est de rendre les vaccins accessibles à tous les enfants, nous le faisions séparément, à différents moments de l’année, et en appliquant des méthodes différentes.

Ces processus indépendants aboutissaient à des estimations différentes de la couverture vaccinale mondiale, rendant difficile leur utilisation par la communauté internationale pour orienter le soutien là où il était le plus nécessaire. Ils représentaient aussi une double charge de travail pour les pays à qui il était demandé de collecter et de déclarer les données deux fois par an. Le formulaire commun a représenté un changement salutaire: le processus conjoint OMS‑UNICEF de collecte de données sur la vaccination dans le monde, qui utilise une méthodologie homogène et se traduit par un ensemble unique d’estimations plus solides, permet non seulement d’aider les parties prenantes et les partenaires de la vaccination à suivre les progrès vers les cibles du Plan d’action mondial pour les vaccins, mais joue également un rôle essentiel pour mesurer l’impact des investissements mondiaux dans la vaccination.

Mettre à profit science, technologie et innovation

En 1998, lorsque le formulaire commun a été lancé pour la première fois, la plupart des programmes de vaccination nationaux proposaient la vaccination contre six maladies – la coqueluche, la diphtérie, la poliomyélite, la rougeole, le tétanos et la tuberculose – et ciblaient essentiellement les enfants de moins d’un an. Aujourd’hui, les progrès scientifiques et le développement ont permis d’élargir la portée des programmes de vaccination: les pays vaccinent désormais contre 10 maladies au minimum, le nombre des vaccins disponibles a plus que triplé, et les vaccins sont désormais administrés à toutes les étapes de la vie. Ces changements ont nécessité des systèmes de données et de suivi plus sophistiqués qui permettent de gérer cette complexité accrue des programmes.

En conséquence, les innovations dans la collecte des données permettent désormais d’enregistrer, par l’intermédiaire du formulaire commun, non seulement les données sur la couverture vaccinale et le nombre de cas de maladies à prévention vaccinale, mais aussi de suivre le prix des vaccins dans 195 pays, et d’enregistrer les progrès par rapport aux objectifs de vaccination mondiaux.

Ces données sont utilisées de nombreuses façons pour améliorer la santé et le bien-être des enfants et des adultes, et notamment dans les buts suivants:

  1. Dévoiler les lacunes dans la couverture vaccinale

    Le formulaire commun fournit des estimations annuelles du nombre d’enfants non vaccinés et met en lumière les inégalités dans la couverture vaccinale. Grâce aux informations sur le nombre d’enfants qui ne sont pas vaccinés dans chaque pays, les gouvernements et leurs partenaires sont en mesure d’orienter les programmes de vaccination et les ressources vers les lieux ayant le plus besoin d’un soutien.

  2. Fournir des données probantes en vue de l’élaboration de recommandations mondiales

    Les données du formulaire constituent une ressource cruciale pour les experts mondiaux et régionaux de la vaccination, comme le Groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE) sur la vaccination et le Conseil d’administration de l’Alliance Gavi, puisqu’il leur fournit les données et les éléments probants nécessaires pour faire des recommandations en vue de renforcer la vaccination systématique et d’accélérer les progrès vers les objectifs mondiaux en matière de vaccination. Outre qu’elles protègent davantage de personnes contre les maladies à prévention vaccinale, ces recommandations contribuent à bâtir les fondations de systèmes de santé résilients.

  3. Suivre l’introduction et l’adoption de vaccins nouveaux ou sous-utilisés

    L’amélioration de l’équité dans les programmes de vaccination est un élément crucial pour assurer la vaccination pour tous. Le formulaire commun permet de recueillir des données sur l’introduction de vaccins nouveaux ou sous-utilisés dans les pays, et de connaître les calendriers nationaux de vaccination pour comprendre quels sont les vaccins utilisés par les pays, et à quel âge et selon quels intervalles ils sont administrés.

  4. Promouvoir la transparence dans l’établissement des prix des vaccins

    Pour vacciner le maximum de personnes, les pays doivent pouvoir avoir accès à des vaccins abordables. Les prix des vaccins et les données sur les achats provenant du formulaire commun alimentent la plateforme OMS sur le prix des produits vaccinaux à l’achat (WHO’S Vaccine Product Price Procurement Platform), une base de données qui vise à améliorer la transparence sur les prix des vaccins et à aider les pays à prendre des décisions d’achat en toute connaissance de cause, renforçant ainsi l’équité entre les pays à revenu faible, intermédiaire ou élevé.

Tandis que nous célébrons le 20e anniversaire du formulaire commun de déclaration et l’engagement de tous les pays dans le processus de collecte de données sur la vaccination, nous devons aussi reconnaître qu’il reste encore beaucoup à faire. Dans ce contexte, le besoin de ressources pour soutenir la collecte et la diffusion de données au niveau local est encore plus criant: elles fourniront les informations nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable et construire un monde où la vaccination est accessible à tous.

L’OMS et l’UNICEF sont reconnaissants à l’Alliance Gavi, aux principales parties prenantes et aux partenaires du développement de leur extraordinaire soutien et engagement – pour que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devienne réalité, afin de construire un monde où les vaccins sont accessibles à tout un chacun, la participation de tous est indispensable.

Auteurs

Dre Princess Nothemba Simelela

Sous-Directrice générale
Famille, femmes, enfants et adolescents
OMS

Dr Robin Nandy

Conseiller principal et chef des vaccinations
UNICEF

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