Principaux faits
- Toutes les formes d’amiante, y compris le chrysotile, sont cancérogènes pour l’être humain.
- Les données issues d’une revue systématique montrent qu’une proportion importante des travailleurs manuels de l’industrie de la construction à l’échelle mondiale sont exposés à l’amiante.
- On estime que plus de 200 000 décès sont dus à l’exposition professionnelle à l’amiante dans le monde, soit plus de 70 % de tous les décès dus à des cancers d’origine professionnelle.
- L’utilisation de l’amiante a été interdite dans plus de 50 États Membres de l’OMS.
Vue d’ensemble
Le terme amiante désigne un groupe de minéraux à texture fibreuse dont les utilisations commerciales sont actuellement, et ont été historiquement, largement répandues, mais qui peuvent causer des décès et de graves problèmes de santé chez les travailleurs et les autres personnes exposées à ces fibres (plus de 200 000 décès chaque année dans le monde, ainsi qu’une lourde charge de morbidité).
Selon les évaluations menées par l’OMS, toutes les formes d’amiante causent plusieurs types de cancer, et l’amiante provoque également des maladies respiratoires chroniques. En raison de son utilisation dans les matériaux de construction, toute personne qui travaille dans la construction, l’entretien et la démolition de bâtiments où l’amiante a été utilisé est potentiellement à risque, même de nombreuses années ou décennies après la mise en place de l’amiante.
Les maladies liées à l’amiante peuvent être évitées, et le moyen le plus efficace de les prévenir est d’arrêter l’utilisation de toutes les formes d’amiante pour prévenir l’exposition, comme l’ont déjà fait plus de 50 États Membres de l’OMS par le biais de mesures juridiques, et de le remplacer par des matériaux à faible risque. Prévenir l’exposition à l’amiante, c’est aussi protéger les travailleurs lors des travaux d’entretien lorsque l’amiante est déjà en place, et lors du désamiantage.
Pourquoi l’amiante pose-t-il problème ?
L’amiante désigne un groupe de minéraux à texture fibreuse d’origine naturelle. Il a actuellement et a eu historiquement de nombreux usages commerciaux en raison de ses propriétés physiques (solidité, résistance à la chaleur). Il se présente sous six formes principales, et la forme la plus fréquemment utilisée actuellement est le chrysotile (amiante blanc).
Selon les évaluations menées par l’OMS, les six principales formes d’amiante sont cancérogènes pour l’être humain. L’exposition à l’amiante, y compris le chrysotile, provoque des cancers du poumon, du larynx et des ovaires, ainsi que le mésothéliome (un cancer des muqueuses des cavités pleurale et péritonéale). Il est aussi démontré scientifiquement que l’amiante entraîne des pathologies respiratoires chroniques telles que l’asbestose (fibrose des poumons), ainsi que d’autres effets néfastes sur les poumons.
En raison des usages largement répandus de l’amiante, et donc du nombre élevé de personnes potentiellement exposées à ce matériau, on estime que l’amiante cause des décès et des problèmes de santé chez un grand nombre de personnes chaque année.
Impact
Selon l’OMS et l’Organisation internationale du Travail (dernières estimations conjointes OMS/OIT), l’exposition à l’amiante au travail est à l’origine de plus de 200 000 décès chaque année dans le monde (sur la base des estimations de 2016), ce qui représente plus de 70 % des décès dus aux cancers d’origine professionnelle. Outre ces estimations relatives à la mortalité, on estime également que l’exposition à l’amiante est à l’origine d’une lourde charge de morbidité (perte de près de 4 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité — une mesure standardisée de la morbidité). Un nombre important de décès et de problèmes de santé sont également attribués à l’exposition à l’amiante en dehors du lieu de travail. Il a également été démontré que la co-exposition à la fumée de tabac et aux fibres d’amiante augmente considérablement le risque de cancer du poumon — et plus le tabagisme est important, plus le risque est grand.
Quelles sont les personnes à risque ?
Une revue systématique des estimations conjointes de l’OMS et de l’OIT a révélé que les études menées à ce jour suggèrent qu’une proportion substantielle des travailleurs manuels de l’industrie de la construction dans le monde sont exposés à l’amiante (1), les éléments de preuve disponibles ont cependant été jugés de « faible qualité » et des études supplémentaires sont nécessaires à ce sujet. Il existe également une exposition lors de l’extraction et du traitement de l’amiante, ainsi que lors de la production et de l’utilisation de produits contenant de l’amiante, par exemple les mâchoires de frein, plaquettes de frein et embrayages de l’industrie automobile, et en particulier les matériaux de construction tels que les plaques de fibrociment en amiante utilisées pour les toitures. Toute personne qui découpe ou installe des produits contenant de l’amiante est potentiellement à risque.
L’exposition aux fibres d’amiante se produit également lorsque les produits contenant de l’amiante se sont dégradés, par exemple lors de l’entretien ou de la démolition de bâtiments et de l’élimination des déchets de construction. Les dommages causés aux bâtiments par des catastrophes naturelles sont particulièrement préoccupants si des matériaux de construction contenant de l’amiante ont été utilisés. Toute personne qui travaille dans la construction, l’entretien et la démolition de bâtiments où l’amiante a été utilisé est potentiellement à risque, même de nombreuses années ou décennies après la mise en place de l’amiante.
Prévention et lutte
Les maladies liées à l’amiante peuvent être évitées, et le moyen le plus efficace de les prévenir est de cesser d’utiliser toutes les formes d’amiante pour prévenir l’exposition. Plus de 50 États Membres de l’OMS ont légiféré pour interdire l’usage de l’amiante. En plus des considérations économiques et commerciales conventionnelles, les décisions de légiférer ont pris en compte toute une gamme de coûts et d’avantages, parmi lesquels les coûts de la prestation des soins de santé et de la perte de productivité de la main-d’œuvre. Prévenir l’exposition à l’amiante, c’est aussi protéger les travailleurs lors des travaux d’entretien lorsque l’amiante est déjà en place, et lors du désamiantage.
Problèmes
En raison de l’usage autrefois fréquent de l’amiante dans la construction dans de nombreux pays, les travailleurs devront être protégés contre l’exposition lors de l’entretien des bâtiments ou du désamiantage pendant encore de nombreuses années. Du fait de la longue période qui s’écoule entre l’exposition et le développement des maladies liées à l’amiante (période de latence), les décès et les problèmes de santé causés par l’amiante se poursuivront pendant de nombreuses années après qu’un pays a interdit toute utilisation de ce matériau, et pour diverses raisons, certains pays utilisent encore l’amiante. Les efforts de sensibilisation, de surveillance des maladies et de formation du personnel médical, des inspecteurs du travail et des professionnels de la santé au travail devront être maintenus à long terme.
Matériaux de substitution de l’amiante
Plusieurs solutions de remplacement et substituts à l’utilisation de l’amiante ont été identifiés, et des évaluations des matériaux de substitution pour la santé humaine ont été publiées. De nombreuses fibres de substitution de l’amiante chrysotile évaluées par l’OMS présentent un danger relativement faible pour la santé humaine, bien qu’on ait constaté un risque cancérogène élevé pour certains substituts. Il existe cependant de nombreux matériaux non fibreux et peu dangereux, comme des matériaux classiques de construction, que l’on peut substituer au chrysotile pour de nombreux usages.
Action de l’OMS
La résolution WHA58.22 de l’Assemblée mondiale de la Santé sur la prévention du cancer exhorte les États Membres à accorder une attention toute particulière aux cancers liés aux facteurs d’exposition évitables, notamment les substances chimiques en milieu professionnel, et à l’environnement.
En plus de l’aide apportée pour faire face aux expositions résultant de l’usage historique de toutes les formes d’amiante, les efforts d’élimination des maladies liées à ce minéral visent tout particulièrement les pays utilisant encore de l’amiante chrysotile.
En collaboration avec l’Organisation internationale du Travail, d’autres organisations intergouvernementales et la société civile, l’OMS œuvre avec les pays à l’élimination des maladies liées à l’amiante en :
- reconnaissant que le moyen le plus efficace d’éliminer les maladies liées à l’amiante est de mettre fin à l’utilisation de tous les types d’amiante ;
- fournissant des informations sur les solutions de remplacement de l’amiante par des substituts plus sûrs et en mettant au point des mécanismes économiques et technologiques pour encourager son remplacement ;
- adoptant des mesures pour prévenir l’exposition à l’amiante en place et à l’amiante libéré pendant le retrait de ce minéral (désamiantage) ;
- améliorant le diagnostic précoce, le traitement des maladies liées à l’amiante, et les services de réadaptation qui prennent en charge les patients qui en souffrent ;
- établissant des registres des personnes qui sont ou ont été exposées à l’amiante, et en organisant une surveillance médicale des travailleurs exposés ; et
- en fournissant des informations sur les dangers associés aux matériaux et produits contenant de l’amiante, et en attirant l’attention sur le fait que les déchets contenant de l’amiante doivent être traités comme des déchets dangereux.
- Schlünssen, Vivi et al (2023). The prevalences and levels of occupational exposure to dusts and/or fibres (silica, asbestos and coal): A systematic review and meta-analysis from the WHO/ILO Joint Estimates of the Work-related Burden of Disease and Injury. https://doi.org/10.1016/j.envint.2023.107980