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Diversité biologique

18 février 2025

Principaux repères

  • Plus de 75 % des cultures vivrières mondiales dépendent des pollinisateurs, ce qui représente une contribution annuelle à la production agricole mondiale de 235 à 577 milliards de dollars des États-Unis (USD).
  • Plus de 50 % des médicaments modernes proviennent de sources naturelles, notamment des antibiotiques issus de champignons et des analgésiques issus de composés végétaux.
  • Les forêts stockent 80 % de la biodiversité terrestre, absorbant environ 2,6 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an, et contribuant ainsi à atténuer les changements climatiques.
  • Les espèces exotiques envahissantes sont en cause dans 60 % des extinctions d’espèces, causant 423 milliards USD de dommages économiques mondiaux chaque année.
  • Les écosystèmes en bonne santé fournissent 75 % des ressources mondiales en eau douce, les zones humides jouant un rôle clé dans la purification de l’eau. Cependant, depuis 1970, 35 % des zones humides ont été perdues.
  • Les peuples autochtones, qui représentent environ 6 % de la population mondiale, sont des parties prenantes et des titulaires de droits essentiels dans la conservation et la gestion durable de la biodiversité. Ils gèrent plus de 38 millions de kilomètres carrés de terres dans le monde, dont près de 40 % de toutes les surfaces protégées.

 

Généralités

La biodiversité, c’est-à-dire la variété des organismes vivants de toute origine, est à la base de toute vie sur Terre. Ce terme comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes, et reflète la richesse génétique des plantes, des animaux, des micro-organismes et la complexité des écosystèmes.

Des écosystèmes qui fonctionnent bien, qui fournissent des services essentiels tels que de l’air pur, de l’eau douce, des médicaments naturels et la sécurité alimentaire, contribuent à la bonne santé des communautés. Ces écosystèmes jouent aussi un rôle régulateur à l’égard des maladies et aident à stabiliser le climat. Ainsi, les forêts absorbent plus de 2,6 milliards de tonnes de CO2 par an, participant ainsi à la régulation du climat et à la réduction de l’incidence des maladies liées à la pollution. Cependant, la perte de biodiversité, avec environ 1 million d’espèces menacées d’extinction, s’accélère à un rythme sans précédent, mettant en péril ces services vitaux et exacerbant les risques pour la santé publique à l’échelle mondiale.

Impact

Les gens dépendent de la biodiversité à bien des égards. La santé humaine est tributaire des ressources, des produits et des services des écosystèmes (comme l’eau douce, les aliments et les sources de carburant ; la régulation des ravageurs et des maladies des cultures ; et la régulation de la qualité de l’air, de l’eau et du sol) qui sont nécessaires à une bonne santé et à des moyens de subsistance féconds. La perte de biodiversité peut entraîner des effets directs importants sur la santé si les services écosystémiques ne répondent plus aux besoins sociétaux. Les changements dans les écosystèmes peuvent avoir des incidences sur les moyens de subsistance, les revenus, les migrations locales et peuvent même provoquer ou aggraver les conflits politiques.

Une meilleure compréhension de la biodiversité de la Terre a permis des découvertes médicales et pharmacologiques majeures. La diversité biologique des micro-organismes, de la flore et de la faune offre de nombreux avantages pour les sciences biologiques, pharmaceutiques et de la santé. C’est aussi la source des médecines traditionnelle et complémentaire (en anglais).

La perte de biodiversité a également de profondes conséquences économiques, en particulier dans des secteurs tels que l’agriculture, la pêche et les soins de santé. On estime que l’impact économique mondial de la perte de biodiversité s’élève à 10 000 milliards USD par an, si l’on inclut les coûts de santé dus à l’augmentation de la transmission des maladies et les pertes agricoles imputables au déclin des pollinisateurs. Ainsi, l’effondrement des populations d’abeilles, qui assurent la pollinisation des cultures pour une valeur supérieure à 235 milliards USD par an, menace la sécurité alimentaire et la nutrition mondiales.

Menaces pour la biodiversité et la santé

La perte de biodiversité se produit à un rythme alarmant, des estimations récentes montrant que le rythme d’extinction des espèces est actuellement 10 à 100 fois supérieur au rythme naturel. Cela est dû en grande partie aux activités humaines telles que la déforestation, la fragmentation des habitats et les changements climatiques. Cette perte menace les services écosystémiques essentiels, notamment la pollinisation, la fertilité des sols et la purification de l’eau, avec des conséquences directes sur la santé humaine. La dégradation des zones humides, qui filtrent l’eau douce, par exemple, a entraîné une baisse de 35 % de la couverture mondiale des zones humides depuis 1970, augmentant les maladies d’origine hydrique et réduisant la disponibilité de l’eau pour plus de 2 milliards de personnes.

La perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes deviennent des problèmes majeurs pour la santé. Lorsque les écosystèmes sont perturbés, des services tels que l’air pur, l’eau et la nourriture peuvent être touchés. De plus, nous perdons des ressources naturelles précieuses, comme les plantes et les animaux, qui peuvent receler des bienfaits inexploités pour la santé et la médecine.

Des systèmes alimentaires sains et durables

La biodiversité est à la base de systèmes alimentaires sains et durables. Elle influence directement la disponibilité et la valeur nutritionnelle des aliments, car un large éventail d’espèces végétales et animales, d’écosystèmes et de ressources génétiques contribue à une production alimentaire plus saine et plus résiliente. L’accès à une alimentation nutritive et variée en quantité suffisante est un déterminant fondamental de la santé.

La nutrition et la biodiversité sont interconnectées à différents niveaux, depuis les écosystèmes qui fournissent de la nourriture jusqu’à la diversité génétique au sein des espèces. Cette diversité influe sur la richesse nutritionnelle des aliments, y compris la disponibilité des micronutriments. Pour disposer d’une alimentation saine et d’un apport adéquat en nutriments, une grande biodiversité est indispensable.

La biodiversité offre un réservoir génétique pour le développement de cultures vivrières, d’animaux d’élevage et d’espèces marines résilients et durables. Elle joue un rôle crucial dans la sélection de variétés résistantes aux ravageurs, aux maladies et aux extrêmes climatiques. L’utilisation de ce potentiel génétique améliore la productivité et la résilience agricoles, réduit la dépendance aux intrants chimiques et promeut des pratiques durables. Non seulement la qualité des aliments s’en trouve améliorée, mais la santé et le bien-être de la communauté sont également favorisés.

La biodiversité soutient des services écosystémiques clés tels que la fertilité des sols, la lutte naturelle contre les ravageurs, la pollinisation et la régulation de l’eau. La préservation de la biodiversité dans les paysages agricoles favorise des systèmes alimentaires durables capables de produire des aliments nutritifs avec un impact minimal sur l’environnement.

Cependant, l’intensification des pratiques de production alimentaire a des incidences sur la nutrition et la santé mondiales. La dégradation de la biodiversité est due à des activités telles que l’utilisation excessive de l’irrigation, des engrais et des pesticides. La simplification de l’habitat (l’élimination sélective d’espèces, comme dans les monocultures) et la perte d’espèces augmentent les vulnérabilités, soulignant la nécessité de pratiques respectueuses de la biodiversité pour soutenir la sécurité alimentaire et la santé publique.

Recherche en santé et médecine traditionnelle

La médecine traditionnelle continue de jouer un rôle crucial dans les soins de santé, en particulier dans les contextes de soins de santé primaires. On estime que 60 % de la population mondiale utilise des médecines traditionnelles. Parmi les différentes formes que prend la médecine traditionnelle, l’utilisation des plantes médicinales apparaît comme la plus répandue dans le monde. Les plantes médicinales sont obtenues par la collecte et la culture à l’état sauvage, fournissant aux communautés et aux peuples autochtones des produits naturels à des fins médicinales, culturelles, voire nutritionnelles.

Maladies infectieuses

Les activités humaines perturbent la biodiversité et les écosystèmes, entraînant des répercussions sur leur structure et leurs fonctions. La déforestation, le changement d’affectation des terres, la perte et le morcellement des habitats, la croissance démographique, les changements climatiques, la pollution, les espèces exotiques envahissantes, les migrations, le commerce, entre autres facteurs, jouent tous un rôle dans les maladies. Ces perturbations influent sur l’abondance des organismes, et modifient la dynamique des populations et les interactions écologiques, ce qui finit par avoir un impact sur les maladies infectieuses. L’augmentation des contacts entre les espèces sauvages, le bétail et les humains augmente le risque de transmission de maladies.

La biodiversité joue un rôle crucial dans la régulation des maladies en maintenant des écosystèmes équilibrés où aucune espèce ne domine. Cet équilibre permet de limiter la propagation des zoonoses (maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’humain). Selon des études récentes, on estime que plus de 75 % des maladies infectieuses émergentes, telles que celles dues au virus Ebola ou Nipah, sont zoonotiques et surviennent souvent dans des zones où les écosystèmes et les habitats ont été perturbés par la déforestation ou le changement d’affectation des terres. En maintenant la biodiversité, les écosystèmes peuvent protéger les humains des risques d’exposition aux réservoirs de maladies.

Changements climatiques

Le climat fait partie intégrante du fonctionnement des écosystèmes et les changements dans les conditions climatiques des écosystèmes terrestres, aquatiques et marins ont un impact direct et indirect sur la santé humaine.

La biodiversité est influencée par la variabilité et les changements du climat, ainsi que par les phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresse, inondations, par exemple) qui ont des répercussions directes sur la santé des écosystèmes, la productivité et la disponibilité des biens et services écosystémiques destinés à l’utilisation humaine. L’acidification des océans, liée au niveau de carbone dans l’atmosphère, a une incidence sur la biodiversité marine. Les changements climatiques à plus long terme ont des effets sur la viabilité et la santé des écosystèmes, entraînant des modifications dans la répartition des plantes, des agents pathogènes, des animaux et même des établissements humains. Pour relever ces défis, on reconnaît de plus en plus le potentiel des approches écosystémiques, également appelées « solutions fondées sur la nature », pour atténuer les impacts des changements climatiques sur la biodiversité et la santé humaine et s’y adapter.

Les écosystèmes tels que les forêts et les zones humides agissent comme des puits de carbone naturels, absorbant le CO2 et régulant les températures mondiales. La destruction de ces écosystèmes accélère les changements climatiques, entraînant une augmentation des vagues de chaleur, des inondations et d’autres risques sanitaires liés au climat, notamment le stress thermique, la malnutrition et la propagation de maladies à transmission vectorielle comme le paludisme et la dengue.

Action de l’OMS

L’OMS élabore des plans de santé publique tenant compte de la biodiversité et établit des synthèses de données probantes sur la biodiversité et la santé au niveau mondial ; elle aide les pays à évaluer les vulnérabilités en santé dues à la perte de biodiversité et assure le suivi des politiques de santé tenant compte de la biodiversité pour garantir le respect des droits humains, de l’équité et de la santé pour toutes et tous.

Le Centre mondial de l’OMS pour la médecine traditionnelle soutient les systèmes de connaissances traditionnelles en s’appuyant sur un cadre fondé sur les droits qui promeut des pratiques de santé durables.

L’OMS défend le renforcement des systèmes de santé pour qu’ils soient résilients au climat et à la biodiversité en intégrant la biodiversité dans les politiques de santé publique par le biais d’approches telles que l’approche « Une seule santé » (en anglais), en luttant contre les maladies infectieuses et non transmissibles, et la résistance aux antimicrobiens, et en défendant la sécurité sanitaire des aliments et la sécurité alimentaire, dans le cadre d’une approche fondée sur l’équité impliquant l’ensemble du gouvernement et de la société.

L’OMS encourage la collaboration intersectorielle en fournissant des formations, des orientations et un soutien pour des politiques de santé tenant compte de la biodiversité. Le groupe de travail d’experts sur la biodiversité, les changements climatiques, « Une seule santé » et les solutions fondées sur la nature (en anglais) élabore des stratégies fondées sur des données probantes pour lutter contre la perte de biodiversité et ses impacts sur la santé. Une collaboration est en outre engagée avec l’initiative Nature for Health (N4H), qui lutte contre la perte de biodiversité et les changements climatiques pour prévenir les risques de pandémie à leur source, en promouvant des politiques et un développement des capacités alignés sur le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.