Points principaux
- Le chikungunya est une maladie provoquée par le virus chikungunya, qui est transmise aux humains par des moustiques infectés. Des flambées épidémiques de grande ampleur et des cas sporadiques sont notifiés essentiellement dans les Amériques, en Asie et en Afrique, ainsi que des flambées occasionnelles de plus faible ampleur en Europe.
- Les symptômes du chikungunya sont similaires à ceux de la dengue et de la maladie à virus Zika, ce qui rend le chikungunya difficile à diagnostiquer. C’est pourquoi les pays ont du mal à déterminer avec précision le nombre de personnes infectées.
- Le chikungunya provoque une fièvre et des douleurs articulaires sévères, souvent handicapantes et pouvant durer longtemps. Les autres symptômes possibles comprennent une tuméfaction des articulations, des douleurs musculaires, des céphalées, des nausées, de la fatigue et des éruptions cutanées.
- À l’heure actuelle, deux vaccins contre le chikungunya ont été homologués dans plusieurs pays et/ou recommandés pour les populations à risque, mais ils ne sont pas encore largement disponibles et leur utilisation n’est pas généralisée. L’OMS et des conseillers experts externes examinent les données d’essai et de post-commercialisation des vaccins dans le contexte de l’épidémiologie mondiale du chikungunya afin de formuler d’éventuelles recommandations d’utilisation.
- Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique pour l’infection par le virus chikungunya, mais des médicaments antipyrétiques et analgésiques (comme le paracétamol), pour la fièvre et les douleurs, permettent de soulager les symptômes.
- Les cas sévères ou mortels de chikungunya sont rares, et concernent généralement des nouveau-nés ou des personnes âgées présentant d’autres pathologies.
Vue d’ensemble
Le chikungunya est une maladie virale transmise par les moustiques et provoquée par le virus chikungunya (CHIKV), un virus à ARN appartenant au genre alphavirus de la famille des Togaviridae. Le nom de « chikungunya » est dérivé d’un mot de la langue kimakonde, parlée dans le sud de la Tanzanie, qui signifie « se déformer » et décrit l’apparence voûtée des malades souffrant de douleurs articulaires violentes.
Répartition géographique et flambées épidémiques
Le virus chikungunya (CHIKV) a été identifié pour la première fois en République-Unie de Tanzanie en 1952, puis dans d’autres pays d’Afrique et d’Asie (1). Des flambées urbaines ont été signalées pour la première fois en Thaïlande en 1967 et en Inde dans les années 1970 (2). Depuis 2004, les flambées de CHIKV sont devenues plus fréquentes et plus étendues, en partie à cause d’adaptations virales permettant au virus de se propager plus facilement par les moustiques Aedes albopictus et parce que le CHIKV a été introduit dans des populations immunologiquement naïves. Le chikungunya est aujourd’hui identifié dans plus de 110 pays d’Asie, d’Afrique, d’Europe et des Amériques. La transmission a été interrompue pendant plusieurs années sur les îles où une forte proportion de la population est infectée puis immunisée ; cependant, la transmission persiste souvent dans les pays où une grande partie de la population n’a pas encore été infectée.
Toutes les régions où des populations d’Aedes aegypti ou d’Aedes albopictus sont établies connaissent désormais une transmission locale par les moustiques.
Transmission
Le virus chikungunya est transmis par les moustiques femelles infectés, le plus souvent Aedes aegypti et Aedes albopictus, qui peuvent également transmettre le virus de la dengue et le virus Zika. Ces moustiques piquent principalement pendant la journée et Aedes aegypti pique à l’extérieur et à l’intérieur. Ils pondent leurs œufs dans des récipients contenant de l’eau stagnante. Les deux espèces piquent à l’extérieur, et Aedes aegypti pique également à l’intérieur.
Lorsqu’un moustique non infecté pique une personne dont le virus circule dans le sang, le moustique peut ingérer le virus. Le virus se réplique ensuite dans le moustique pendant plusieurs jours, atteint ses glandes salivaires et peut être transmis à un nouvel hôte humain lorsque le moustique le pique. Le virus se réplique alors à l’intérieur de cette nouvelle personne infectée jusqu’à atteindre une concentration élevée dans son sang, après quoi il peut infecter d’autres moustiques et perpétuer le cycle de transmission.
Symptômes
Chez les cas qui présentent des symptômes, ces derniers font habituellement leur apparition 4 à 8 jours (fourchette allant de 2 à 12 jours) après la piqûre d’un moustique infecté. Le chikungunya se caractérise par une fièvre d’apparition brutale, souvent accompagnée de douleurs articulaires sévères. Ces douleurs articulaires, qui sont souvent très handicapantes, durent généralement quelques jours, mais peuvent persister pendant des semaines, des mois ou même des années. Les autres manifestations cliniques courantes comprennent une tuméfaction des articulations, des douleurs musculaires, des céphalées, des nausées, de la fatigue et des éruptions cutanées. Comme ces symptômes se superposent à d’autres infections, notamment celles dues au virus de la dengue et au virus Zika, les cas peuvent donner lieu à un diagnostic erroné. En l’absence de fortes douleurs aux articulations, les symptômes qui apparaissent chez les personnes infectées sont habituellement bénins et l’infection peut passer inaperçue.
La plupart des malades se rétablissent complètement. Toutefois, des cas occasionnels de complications oculaires, neurologiques et cardiaques ont été signalés à la suite d’infections par le virus chikungunya. Les personnes aux deux extrémités du spectre de l’âge courent un risque plus élevé de développer une forme grave de la maladie. C’est le cas des nouveau-nés infectés par la mère pendant l’accouchement, des nourrissons piqués par des moustiques infectés au cours des semaines suivant la naissance, et des personnes âgées souffrant d’affections sous-jacentes. Les personnes atteintes d’une forme grave de la maladie doivent être hospitalisées en raison du risque de lésions organiques et de décès.
Après la guérison, les personnes ont de fortes chances d’avoir acquis une immunité contre de futures infections par le virus chikungunya (4).
Produits de diagnostic
Le virus chikungunya peut être détecté directement dans des échantillons sanguins prélevés chez le malade au cours de la première semaine de la maladie par des tests d’amplification de l’acide nucléique comme la RT-PCR (transcription inverse et amplification en chaîne par polymérase).
D’autres tests peuvent détecter la réponse immunitaire d’une personne à l’infection par le virus chikungunya. Ceux-ci sont généralement utilisés après la première semaine d’infection afin de rechercher la présence d’anticorps dirigés contre le virus. Les taux d’anticorps sont généralement détectables dès la première semaine après l’apparition de la maladie et peuvent encore être détectés pendant environ 2 mois.
Traitement et vaccins
La prise en charge clinique vise essentiellement à soulager la fièvre et les douleurs articulaires au moyen d’antipyrétiques, d’analgésiques adaptés, d’un bon apport en liquides et de repos. Il n’existe pas de médicament antiviral spécifique contre l’infection par le CHIKV.
Le paracétamol ou l’acétaminophène sont recommandés pour soulager la douleur et faire baisser la fièvre jusqu’à ce que l’infection par la dengue soit exclue, car les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent augmenter le risque de saignement.
À l’heure actuelle, deux vaccins contre le chikungunya ont été homologués et/ou recommandés pour les populations à risque dans plusieurs pays, mais les vaccins ne sont pas encore largement disponibles et leur utilisation n’est pas généralisée. L’OMS et des conseillers experts externes examinent les données d’essai et de post-commercialisation du vaccin dans le contexte de l’épidémiologie mondiale du chikungunya afin de formuler d’éventuelles recommandations d’utilisation.
Prévention et lutte
La meilleure protection contre l’infection par le CHIKV consiste à éviter les piqûres de moustiques. Les personnes chez qui on soupçonne une infection par le CHIKV doivent éviter toute nouvelle piqûre de moustique pendant la première semaine de la maladie afin d’éviter de transmettre le virus à des moustiques, qui pourront à leur tour infecter d’autres personnes.
La principale méthode pour réduire la transmission du CHIKV consiste à lutter contre les moustiques vecteurs. Il faut pour cela mobiliser les communautés qui jouent un rôle essentiel dans la réduction des sites de reproduction des moustiques en vidant et en nettoyant chaque semaine les récipients contenant de l’eau, en éliminant les déchets et en soutenant les programmes locaux de lutte contre les moustiques.
Lors de flambées épidémiques, des produits insecticides peuvent être pulvérisés pour tuer les moustiques adultes, appliqués sur les surfaces intérieures ou voisines des récipients où se posent les moustiques et utilisés pour traiter l’eau contenue dans les récipients afin de tuer les larves de moustiques. Ces mesures peuvent également être prises à titre d’urgence par les autorités sanitaires pour lutter contre les moustiques.
Il est conseillé aux personnes qui vivent dans des zones de transmission du CHIKV ou qui s’y rendent de porter des vêtements qui réduisent au minimum l’exposition de la peau aux moustiques qui piquent pendant la journée. Les moustiquaires de fenêtre et de porte peuvent empêcher les moustiques de pénétrer dans les habitations. Des produits répulsifs peuvent être appliqués sur les vêtements et les zones découvertes de la peau, en respectant scrupuleusement les instructions figurant sur l’étiquette du produit. Ils doivent contenir du DEET, de l’IR3535 ou de l’icaridine.
Les moustiquaires imprégnées d’insecticide doivent être utilisées contre les moustiques qui piquent pendant la journée afin de protéger ceux qui dorment pendant la journée, en particulier les jeunes enfants et les personnes malades ou âgées.
Action de l’OMS
L’OMS aide les pays à surveiller et à lutter contre les arbovirus par la mise en œuvre de l’Initiative mondiale de lutte contre les arbovirus (en anglais).
L’action de l’OMS face au chikungunya consiste à :
- aider les pays à confirmer les flambées par l’intermédiaire de son réseau de laboratoires collaborateurs ;
- fournir un soutien technique et des orientations aux pays pour favoriser une gestion efficace des flambées de maladies transmises par les moustiques ;
- examiner les activités menées pour mettre au point de nouveaux outils, dont des produits insecticides et des techniques d’application ;
- formuler des stratégies, des politiques et des plans de gestion des flambées en se fondant sur des données probantes ;
- fournir un soutien technique et des orientations aux pays pour favoriser une gestion efficace des flambées épidémiques et une prise en charge efficiente des cas ;
- aider les pays à améliorer leurs systèmes de notification;
- fournir des directives et une formation sur la prise en charge clinique, le diagnostic et la lutte antivectorielle au niveau mondial et régional ;
- publier des lignes directrices et des manuels à l’intention des États Membres, portant sur la surveillance épidémiologique, les analyses de laboratoire, la prise en charge clinique des cas et la lutte antivectorielle ; et
- promouvoir des approches multidisciplinaires intégrées pour les arboviroses par la mise en œuvre de l’Initiative mondiale de lutte contre les arbovirus.
L’OMS encourage les pays à acquérir et à maintenir les capacités nécessaires à la détection et à la confirmation des cas, la prise en charge des malades et la mise en œuvre de stratégies de communication sociale visant à réduire la présence des moustiques vecteurs.
- Bettis AA, L’Azou Jackson M, Yoon IK, et al. The global epidemiology of chikungunya from 1999 to 2020: a systematic literature review to inform the development and introduction of vaccines. PLoS Negl Trop Dis 2022;16:e0010069. https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0010069
- Wimalasiri-Yapa BMCR, Stassen L, Huang X, et al. Chikungunya virus in Asia - Pacific: a systematic review. Emerg Microbes Infect. 2019;8(1):70-79. doi:10.1080/22221751.2018.1559708
- Russo G., et al., Chikungunya fever in Africa: a systematic review. Lancet Glob Health. 2020;114(3):136-144. doi:10.1080/20477724.2020.1748965
- Auerswald H, Boussioux C, In S, et al. Broad and long-lasting immune protection against various Chikungunya genotypes demonstrated by participants in a cross-sectional study in a Cambodian rural community. Emerg Microbes Infect. 2018;7(1):13.
- Organisation panaméricaine de la Santé. Preparedness and Response for Chikungunya Virus: Introduction in the Americas. Washington, DC. 2011. https://iris.paho.org/handle/10665.2/4009