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Noyade

13 décembre 2024

L’essentiel

  • Chaque année, on enregistre environ 300 000 décès par noyade dans le monde.
  • La noyade touche de manière disproportionnée les enfants et les jeunes. Les enfants de moins de 5 ans représentent près d’un quart de l’ensemble des décès par noyade.
  • La noyade est la quatrième cause de décès chez les enfants âgés de 1 à 4 ans et la troisième cause de décès chez ceux âgés de 5 à 14 ans.
  • 92 % des décès par noyade surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
  • Les résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies et par l’Assemblée mondiale de la Santé fixent le cap pour les efforts mondiaux de prévention de la noyade.

Vue d’ensemble

La noyade est le processus d’altération de la fonction respiratoire résultant d’une submersion/immersion dans un liquide. Ses conséquences peuvent être classées en plusieurs catégories : décès, morbidité et absence de morbidité.

La noyade est une charge pour l’ensemble des économies et des Régions, mais :

  • les taux de décès par noyade sont près de trois fois supérieurs dans les pays à revenu faible ou intermédiaire que dans les pays à revenu élevé ;
  • plus de la moitié des noyades dans le monde se produisent dans les Régions OMS du Pacifique occidental et de l’Asie du Sud-Est.

Depuis 2000, le taux mondial de mortalité par noyade a chuté de 38 %, passant de 6,1 à 3,8 pour 100 000 habitants. Malgré ces avancées, les décès par noyade continuent de représenter une crise de santé publique, qui pourrait être évitée, et les baisses observées ces 20 dernières années sont inférieures à celles nécessaires pour atteindre les nombreux objectifs de développement durable auxquels la prévention de la noyade contribue. 

Facteurs de risque

Âge

Le risque de noyade est particulièrement élevé chez les jeunes enfants car ceux-ci évaluent mal les risques, ne savent pas bien nager et ont des compétences insuffisantes en sécurité aquatique. Le risque de noyade augmente lorsque les enfants jouent dans l’eau sans la surveillance active d’un adulte. 

Les enfants et les jeunes adultes âgés de 0 à 29 ans représentent plus de la moitié (57 %) de l’ensemble des décès par noyade. Les taux de noyade les plus élevés sont enregistrés chez les enfants âgés de 0 à 4 ans. Au niveau régional, c’est dans la Région OMS de la Méditerranée orientale que les taux de noyade chez les enfants de 0 à 4 ans sont les plus élevés (16,8 décès pour 100 000 habitants). Dans la Région OMS du Pacifique occidental, les enfants âgés de 5 à 14 ans meurent plus souvent par noyade que de toute autre cause.

Sexe

Le taux de mortalité par noyade est plus de deux fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Les hommes sont également plus susceptibles que les femmes d’être hospitalisés pour des noyades non suivies de décès. D’après les études réalisées, si les taux de noyade sont plus élevés chez les hommes, c’est qu’ils sont davantage en contact avec l’eau et qu’ils ont des comportements plus risqués, comme le fait de nager seul, de boire de l’alcool avant d’aller se baigner seul ou de pratiquer des activités nautiques.

Pauvreté et inégalités

La noyade touche de manière disproportionnée les pauvres et les personnes marginalisées. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les formes que prend l’exposition quotidienne (utilisation d’étangs, de rivières ou de lacs pour se laver et laver les vêtements, ou encore de puits à ciel ouvert pour collecter de l’eau) augmentent le risque de noyade.

Exposition professionnelle

Les personnes exerçant des professions telles que la pêche commerciale ou de subsistance courent un risque de noyade beaucoup plus élevé. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que plus de 32 000 pêcheurs meurent chaque année dans l’exercice de leur profession. Le changement climatique a rendu plus dangereuses encore les conditions de travail de la plupart des pêcheurs, les conditions météorologiques extrêmes et les catastrophes naturelles se faisant plus fréquentes et destructrices.

Risques liés au climat

Le changement climatique provoque des phénomènes météorologiques plus extrêmes, tels que les inondations et les vagues de chaleur. La noyade est responsable de 75 % des décès dus aux inondations. Les risques de noyade dus aux inondations sont particulièrement élevés dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où les systèmes d’alerte précoce et les infrastructures d’atténuation des inondations sont insuffisamment développés.

Les vagues de chaleur augmentent le risque de noyade. À mesure que les températures augmentent, de plus en plus de personnes veulent se rafraîchir et passent davantage de temps dans l’eau et sur l’eau.

Transport par voie d’eau

Les déplacements par voie d’eau, en particulier dans des conditions météorologiques dangereuses ou sans équipement de sécurité approprié, peuvent augmenter le risque de noyade. Dans nombre de pays à revenu faible ou intermédiaire, ces transports sont nettement moins réglementés que dans les pays à revenu élevé. Les déplacements quotidiens se font souvent à bord d’embarcations surpeuplées et offrant une mauvaise sécurité, manœuvrées par du personnel qui n’a pas été formé à reconnaître les conditions dangereuses ni à naviguer en haute mer.

Migrations et personnes à la recherche d’un refuge

De plus en plus de personnes sont déplacées ou migrent en raison des conflits, de l’instabilité politique ou économique et des changements climatiques. Nombre d’entre elles empruntent des voies de migration irrégulières très dangereuses, notamment pour traverser de vastes étendues d’eau dans des conditions difficiles, souvent dans des embarcations surpeuplées non dotées d’équipement de sécurité ou manœuvrées par du personnel non formé.

Prévention

Il existe de nombreuses mesures de prévention de la noyade. Couvrir les puits, utiliser des barrières de sécurité ou des parcs pour les jeunes enfants, clôturer les piscines ou contrôler l’accès à l’eau par d’autres moyens permettent de réduire fortement l’exposition aux dangers liés à l’eau et les risques eux-mêmes.

Bien encadrés, les services communautaires de garde d’enfants d’âge préscolaire peuvent réduire le risque de noyade et présentent d’autres avantages prouvés pour la santé. Une autre démarche consiste à enseigner aux enfants d’âge scolaire les bases de la natation, de la sécurité aquatique et des techniques de sauvetage. Néanmoins, ces activités doivent être menées en mettant l’accent sur la sécurité et en adoptant une démarche globale de gestion des risques incluant un programme de formation dont le niveau de sécurité a été testé, un espace sécurisé pour les formations, la sélection des enfants à former et un taux d’encadrement adapté.

Selon l’argumentaire d’investissement établi par l’OMS, qui modélise les effets des investissements dans les mesures de prévention de la noyade entre aujourd’hui et 2050, la mise en œuvre à plus grande échelle de seulement deux interventions permettrait d’engendrer des économies. En investissant dans des programmes de garderie pour les enfants d’âge préscolaire et en enseignant aux enfants les bases de la natation, 774 000 enfants de moins seraient victimes de noyades d’ici à 2050. Sur cette même période, 178 000 autres enfants éviteraient les traumatismes sévères dus aux noyades non suivies de décès et les pertes d’espérance de vie connexes. La mise en œuvre à grande échelle de ces deux interventions devrait engendrer des économies de plus de 400 milliards USD, soit neuf fois le coût initial.

Se doter de politiques et de lois efficaces est également important pour prévenir les noyades. Ainsi, si l’on veut améliorer la sécurité sur l’eau et empêcher les noyades, il est essentiel de mettre en place et d’appliquer des réglementations sur la navigation de plaisance, le transport maritime et les ferries. En renforçant la résilience face aux inondations et en gérant les risques connexes grâce à une meilleure planification de la préparation aux catastrophes et de l’utilisation des terres ainsi que des systèmes d’alerte précoce, on peut prévenir les noyades lors des inondations.

L’élaboration d’une stratégie nationale sur la sécurité des eaux intérieures peut fournir des orientations et un cadre stratégiques pour la conduite de l’action multisectorielle et le suivi et l’évaluation des activités.

Action de l’OMS

Le Rapport de situation mondial sur la prévention de la noyade montre que, si les décès par noyade ont fortement baissé au cours des dernières années, celle-ci reste un problème de santé d’ampleur mondiale, souvent négligé, qui nécessite une action urgente. Les gouvernements doivent renforcer les mesures de prévention ayant fait la preuve de leur efficacité et accorder une attention prioritaire à la prévention de la noyade et à son intégration aux autres programmes de santé publique.

En avril 2021, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la première résolution de son histoire sur la prévention de la noyade, qui met en exergue les liens entre celle-ci et le développement durable, l’équité sociale, la santé urbaine, les changements climatiques, la réduction des risques de catastrophe et la santé et le bien-être de l’enfant. Elle y prie l’OMS de coordonner les efforts multisectoriels dans ce domaine, et fait du 25 juillet la Journée mondiale de prévention de la noyade.

En mai 2023, la Soixante-Seizième Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution tendant à accélérer encore les mesures dans ce domaine jusqu’en 2029. Par cette résolution, l’OMS s’est engagée à mettre en place une alliance mondiale pour la prévention de la noyade avec les organisations du système des Nations Unies, les partenaires internationaux de développement et les organisations non gouvernementales. En outre, l’OMS était chargée d’établir un rapport de situation mondial sur la prévention de la noyade en vue d’une publication en 2024.

À l’échelle nationale, l’OMS collabore avec les ministères de la santé de plusieurs pays à revenu faible ou intermédiaire, appuie l’élaboration de stratégies nationales de prévention de la noyade et soutient la conduite d’interventions à bases factuelles dans ce domaine. En outre, l’OMS finance les travaux de recherche menés dans les pays sur différentes problématiques prioritaires associées au problème. Au niveau régional, l’OMS organise des programmes de formation et des ateliers réunissant des représentants des gouvernements, des ONG et des organismes des Nations Unies qui sont actifs sur cette question.