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Maltraitance des personnes âgées

15 juin 2024

Principaux faits

  • Environ une personne âgée de plus de 60 ans sur six a été victime d’une forme de maltraitance dans son environnement familier au cours de l’année écoulée.
  • Les taux de maltraitance des personnes âgées sont élevés dans les institutions telles que les maisons de retraite et les établissements de soins de longue durée, deux membres du personnel sur trois reconnaissant avoir commis un acte de maltraitance au cours de l’année écoulée.
  • Les taux de maltraitance des personnes âgées ont augmenté pendant la pandémie de COVID-19.
  • La maltraitance des personnes âgées peut entraîner de graves traumatismes physiques et avoir des conséquences psychologiques à long terme.
  • Il s’agit d’un problème qui risque de s’amplifier, compte tenu du vieillissement rapide de la population dans de nombreux pays.
  • La population mondiale de personnes âgées de plus de 60 ans devrait au moins doubler, passant de 900 millions en 2015 à quelque 2 milliards en 2050.


Vue d’ensemble

La maltraitance des personnes âgées consiste en un acte unique ou répété, ou en l’absence d’intervention appropriée, dans le cadre d’une relation censée être une relation de confiance, qui entraîne des blessures ou une détresse morale pour la personne âgée qui en est victime. Ce type de violence constitue une violation des droits humains et englobe les violences physiques, sexuelles, psychologiques ou morales ; les abus matériels et financiers ; l’abandon ; le défaut de soins ; et l’atteinte grave à la dignité ainsi que le manque de respect.

Ampleur du problème

La maltraitance des personnes âgées est un problème de santé publique important. En 2017, une analyse de 52 études réalisées dans 28 pays de diverses régions a révélé que, au cours de l’année précédente, une personne âgée de plus de 60 ans sur six (15,7 %) avait été victime d’une forme de maltraitance (1). Bien qu’il n’existe guère de données rigoureuses, cette analyse donne une estimation de la prévalence du nombre de personnes âgées touchées par différents types de maltraitance (voir tableau 1).

Les données sur l’ampleur du problème dans les institutions telles que les hôpitaux, les maisons de retraite et les autres établissements de soins de longue durée sont rares. Toutefois, selon une analyse d’études récemment réalisées sur la maltraitance des personnes âgées en institution (2), 64,2 % des membres du personnel ont déclaré avoir commis un acte de maltraitance au cours de l’année écoulée.

Tableau 1 : Analyses systématiques et méta-analyses

Maltraitance des personnes âgées dans leur environnement familier (1) Maltraitance des personnes âgées en institution (2)
Type de maltraitance Déclaré par les personnes âgées Déclaré par les personnes âgées et leurs représentants Déclaré par le personnel
Prévalence globale 15,7 % Données insuffisantes 64,2 %, soit 2 employés sur 3
Maltraitance psychologique : 11,6 % 33,4 % 32,5 %
Maltraitance physique : 2,6 % 14,1 % 9,3 %
Abus financier : 6,8 % 13,8 % Données insuffisantes
Défaut de soins : 4,2 % 11,6 % 12,0 %
Atteinte sexuelle : 0,9 % 1,9 % 0,7 %


De nouvelles données indiquent que la prévalence de la maltraitance des personnes âgées tant dans leur environnement familier qu’en institution a augmenté pendant la pandémie de COVID-19. Par exemple, une étude réalisée aux États-Unis laisse entendre que la prévalence dans l’environnement familier pourrait avoir augmenté de près de 84 % (3).  

À l’échelle mondiale, le nombre de cas de maltraitance des personnes âgées devrait s’accroître, compte tenu du vieillissement rapide de la population dans de nombreux pays. Même si la proportion de personnes âgées victimes de maltraitance reste constante, leur nombre augmentera rapidement du fait du vieillissement de la population, pour atteindre quelque 320 millions de victimes d’ici à 2050, date à laquelle la population mondiale de personnes âgées de plus de 60 ans sera passée à 2 milliards.

Conséquences

La maltraitance des personnes âgées peut avoir de graves conséquences physiques et mentales, financières et sociales, y compris, par exemple, des lésions corporelles, des décès prématurés, la dépression, un déclin cognitif, la ruine financière et un placement dans une maison de retraite. Pour les personnes âgées, les conséquences de la maltraitance peuvent être particulièrement graves et la convalescence plus longue (4).

Facteurs de risque

Parmi les caractéristiques individuelles qui augmentent le risque de faire l’objet de maltraitance figurent notamment la dépendance fonctionnelle ou le handicap, une mauvaise santé physique, une déficience cognitive, une mauvaise santé mentale et un faible revenu. Les caractéristiques individuelles qui augmentent le risque de commettre un acte de maltraitance comprennent la maladie mentale, l’usage de substances psychoactives ainsi que la dépendance (souvent financière) de l’auteur des actes de maltraitance à l’égard de la victime. Au niveau relationnel, le type de relation (par exemple, conjoint/partenaire ou enfant/parent) et le statut marital peuvent être associés à un risque élevé de maltraitance, mais ces facteurs varient selon les pays et les régions. Les facteurs communautaires et sociétaux liés à la maltraitance des personnes âgées peuvent inclure l’âgisme à l’encontre des personnes âgées et certaines normes culturelles (par exemple, la normalisation de la violence). Le fait de bénéficier d’un soutien social et de vivre seul réduit la probabilité de maltraitance des personnes âgées (5).

Prévention

De nombreuses stratégies ont été mises en œuvre pour prévenir la maltraitance des personnes âgées et lutter contre celle-ci. Toutefois, à l’heure actuelle, on dispose de peu de données quant à l’efficacité de la plupart de ces interventions. Parmi les stratégies considérées comme les plus prometteuses figurent notamment les interventions ciblant les aidants, qui fournissent des services destinés à alléger la charge que représente la prestation de soins ; des programmes de gestion des finances pour les personnes âgées vulnérables à l’exploitation financière ; les lignes d’assistance téléphonique et les foyers d’accueil d’urgence ; et des équipes pluridisciplinaires, car les réponses à apporter relèvent souvent de différents systèmes, notamment la justice pénale, les soins de santé, les soins de santé mentale, les services de protection des adultes et les soins de longue durée (5).

Dans certains pays, c’est le secteur de la santé qui assume un rôle moteur en portant les préoccupations relatives à la maltraitance des personnes âgées à l’attention du public, alors que, dans d’autres, ce rôle revient au secteur de la protection sociale. À l’échelle mondiale, les connaissances sur la maltraitance des personnes âgées et les moyens de la prévenir sont encore trop limitées, en particulier dans les pays en développement.

Action de l’OMS

Le 15 juin 2022, à l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées, l’OMS et ses partenaires ont publié le document intitulé « Tackling abuse of older people: five priorities for the UN Decade of Healthy Ageing (2021–2030) ». Les vastes consultations menées dans ce contexte ont permis d’arrêter les cinq priorités suivantes :

  • Lutter contre l’âgisme, qui est l’une des principales raisons pour lesquelles la maltraitance des personnes âgées suscite si peu d’intérêt.
  • Produire davantage de données de meilleure qualité pour faire connaître le problème.
  • Élaborer et développer des solutions rentables qui permettent de mettre un terme à la maltraitance des personnes âgées.
  • Présenter un argumentaire d’investissement démontrant en particulier pourquoi la lutte contre ce problème est un bon investissement.
  • Lever des fonds pour obtenir les plus amples ressources nécessaires afin de remédier au problème.

 


(1) Elder abuse prevalence in community settings: a systematic review and meta-analysis.
Yon Y, Mikton CR, Gassoumis ZD, Wilber KH. Lancet Glob Health. 2017 Feb; 5(2): e147-e156.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28104184

(2) The prevalence of elder abuse in institutional settings: a systematic review and meta-analysis. Yon Y, Ramiro-Gonzalez M, Mikton C, Huber M, Sethi D. European Journal of Public Health 2018.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29878101

(3) High prevalence of elder abuse during the COVID-19 pandemic: risk and resilience factors. Chang ES, Levy B R. The American Journal of Geriatric Psychiatry. 2021. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33518464/

(4) The mortality of elder mistreatment.
Lachs MS, Williams CS, O'Brien S, Pillemer KA, Charlson ME. JAMA. 1998 Aug 5; 280 (5):428-32.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9701077

(5) Elder Abuse: Global Situation, Risk Factors, and Prevention Strategies. Pillmer K, Burnes D, Riffin C, Lachs M. The Gerontologist. 2016; 56(2); 194-205. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26994260/