Hépatite D

10 avril 2025

Principaux faits

  • Le virus de l’hépatite D (VHD) a besoin de celui de l’hépatite B (VHB) pour pouvoir se répliquer. L’infection chronique par le VHD ne touche que les personnes vivant avec le VHB.
  • À l’échelle mondiale, le VHD touche près de 5 % des personnes présentant une infection chronique par le VHB.
  • Parmi les populations les plus susceptibles de présenter une co-infection par le VHB et le VHD figurent les populations autochtones, les personnes hémodialysées et les personnes qui s’injectent des drogues.
  • L’infection chronique par le VHD est considérée comme la forme la plus grave d’hépatite virale chronique en raison de l’évolution rapide vers la mort par atteinte hépatique et carcinome hépatocellulaire.
  • La prévention de l’hépatite D passe par la vaccination contre l’hépatite B.
  • De nouvelles options de traitement présentant de meilleurs profils d’innocuité et offrant de meilleurs résultats ont été approuvées en Europe.


Vue d’ensemble

L’hépatite D est une inflammation du foie provoquée par le virus de l’hépatite D (VHD), qui a besoin du virus de l’hépatite B (VHB) pour se répliquer. Il ne peut pas y avoir d’hépatite D en l’absence de VHB. La co-infection VHD-VHB est considérée comme la forme la plus grave d’hépatite virale chronique en raison de son évolution plus rapide vers la mort par atteinte hépatique et carcinome hépatocellulaire. La vaccination contre l’hépatite B peut prévenir l’infection par le VHD.

Répartition géographique

Selon les estimations d’une étude menée en collaboration avec l’OMS et publiée dans le Journal of Hepatology en 2020 (1), le VHD toucherait, au niveau mondial, près de 5 % des personnes présentant une infection chronique par le VHB et la co-infection par le VHD expliquerait environ 1 cas sur 5 de maladie hépatique et de cancer du foie chez les personnes infectées par le VHB. L’étude recense plusieurs zones géographiques à forte prévalence d’infection par le VHD, dont la Mongolie, la République de Moldova et différents pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.

Transmission

Le VHD est véhiculé par le sang et se transmet de la même manière que le VHB, par contact avec du sang ou d’autres fluides corporels humains infectés. Il peut également être transmis lors de rapports sexuels ou, dans de rares cas, d’une mère à son enfant avant ou pendant l’accouchement (transmission verticale). Le VHD peut également se propager au sein des familles dans les zones d’endémie.

Les personnes porteuses d’une infection chronique par le VHB sont exposées au risque d’infection par le VHD. Les personnes qui ne sont pas immunisées contre le VHB (soit après avoir contracté la maladie, soit en ayant été vaccinées contre ce virus) sont exposées au risque d’infection par ce virus, et donc au risque d’infection par le VHD.

Parmi les populations les plus susceptibles de présenter une co-infection VHB-VHD figurent les populations autochtones, les personnes qui s’injectent des drogues et les personnes porteuses d’une infection par le virus de l’hépatite C ou d’une infection par le VIH. Il apparaît également que le risque d’infection par le VHD peut être plus élevé chez les personnes hémodialysées, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les travailleuses et travailleurs du sexe.

La vaccination contre le VHB peut prévenir la co-infection par le VHD ; l’essor des programmes de vaccination contre l’hépatite B dans l’enfance a donc entraîné une baisse de l’incidence de l’hépatite D au niveau mondial.

Symptômes

L’infection simultanée par le VHB et le VHD peut entraîner une hépatite modérée à sévère, avec des signes et symptômes qui ne peuvent être distingués de ceux des autres types d’hépatite virale aiguë. Ces caractéristiques, qui apparaissent généralement entre 3 et 7 semaines après l’infection initiale, sont notamment les suivantes : fièvre, fatigue, perte d’appétit, nausées, vomissements, urines foncées, selles claires, ictère (yeux jaunes), voire hépatite fulminante. Toutefois, la guérison est généralement complète, il est peu fréquent de développer une hépatite fulminante et l’évolution vers une hépatite D chronique est rare (moins de 5 % des cas d’hépatite aiguë).

Dans le cas d’une surinfection, le VHD peut infecter une personne déjà porteuse d’une infection chronique par le VHB. À tous les âges et chez 70 à 90 % des personnes, cette surinfection accélère l’évolution vers une forme plus grave. La surinfection par le VHD accélère notablement l’évolution vers la cirrhose par rapport à une mono-infection par le VHB. Les personnes atteintes de cirrhose induite par le VHD sont exposées à un risque accru de carcinome hépatocellulaire. Cependant, le mécanisme par lequel le VHD entraîne une hépatite plus grave et une évolution plus rapide de la fibrose hépatique que le seul VHB reste mal déterminé.

Diagnostic

Pour qu’un diagnostic d’infection chronique par le VHD puisse être posé, la sérologie doit révéler une exposition (infection passée ou présente) et les méthodes moléculaires doivent indiquer la présence d’ARN du VHD et d’une infection active.

Toutefois, les produits de diagnostic du VHD ne sont pas largement disponibles, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et la standardisation des essais portant sur l’ARN de ce virus, qui sont essentiels pour détecter une infection virémique active et contrôler la réponse au traitement antiviral, est très limitée.

Traitement

Jusqu’à récemment, l’interféron alpha pégylé (PEG-IFNα) était le seul traitement disponible pour l’infection chronique par le VHD. Cependant, son utilisation a été limitée en raison des mauvais résultats thérapeutiques, des effets secondaires et des contre-indications. Seulement 20 à 30 % des personnes traitées par PEG-IFNα obtiennent une réponse virologique complète sous traitement, et les rechutes sont fréquentes.

L’arsenal thérapeutique évolue rapidement, certains nouveaux agents montrant des résultats favorables. En 2023, le bulévirtide, un inhibiteur d’entrée administré une fois par jour par injection sous-cutanée, a été approuvé par l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour le traitement de l’infection chronique par le VHD chez les adultes atteints de maladie hépatique compensée. Plusieurs études multicentriques continuent d’évaluer les meilleures options en termes de posologie, de durée de traitement et d’association possible avec le PEG-IFNα.

Les analogues nucléosidiques utilisés pour le traitement de l’hépatite B n’ont montré aucun avantage direct dans le contrôle du VHD, bien qu’ils soient généralement utilisés pour prendre en charge l’infection chronique par le VHB.

Prévention

Les services de prévention de l’hépatite D devraient être axés sur la réduction de la transmission du VHB au moyen de la vaccination contre le VHB (notamment par l’administration d’une dose de naissance en temps opportun), d’une prophylaxie antivirale supplémentaire pour les femmes enceintes remplissant les conditions requises, de la sécurité transfusionnelle, de la sécurité des injections en milieu de soins et de services de réduction des risques par la mise à disposition d’aiguilles et de seringues propres. En revanche, la vaccination contre l’hépatite B ne confère aucune protection contre le VHD chez les personnes qui sont déjà infectées par le VHB.

Action de l’OMS

Les stratégies mondiales du secteur de la santé contre, respectivement, le VIH, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles pour la période 2022-2030 guident le secteur de la santé dans la mise en œuvre d’actions stratégiques ciblées pour atteindre les objectifs consistant à mettre fin au sida, aux hépatites virales (en particulier les hépatites B et C chroniques) et aux infections sexuellement transmissibles d’ici à 2030.

Ces stratégies recommandent des approches communes et des actions nationales ciblant des maladies particulières, appuyées elles-mêmes par l’action par l’intermédiaire de l’OMS et de ses partenaires. Elles tiennent compte des évolutions épidémiologiques, technologiques et tendancielles des années précédentes, favorisent l’apprentissage par-delà les différentes maladies concernées et ouvrent des possibilités pour tirer parti des innovations et des nouvelles connaissances en vue de répondre efficacement à ces maladies. Elles appellent par ailleurs à intensifier la prévention, le dépistage et le traitement de l’hépatite virale en mettant l’accent sur les populations et les communautés les plus touchées et à risque pour chaque maladie, en veillant à combler les lacunes et à combattre les inégalités. Elles encouragent les synergies dans le cadre de la couverture sanitaire universelle et des soins de santé primaires et contribuent à la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’OMS a par ailleurs publié en 2024 des lignes directrices actualisées pour la prévention, le diagnostic, la prise en charge et le traitement des personnes atteintes d’une hépatite B chronique (en anglais). Ces lignes directrices comprennent maintenant des recommandations officielles pour le dépistage et le diagnostic de confirmation de l’infection à VHD. L’OMS s’attache également à inclure les principaux tests de dépistage du VHD dans sa liste de produits de diagnostic essentiels et à mettre en avant, en collaboration avec ses partenaires et les États Membres, l’importance d’une action de santé publique face au VHD.

L’OMS organise les campagnes de la Journée mondiale contre l’hépatite – l’une de ses neuf campagnes phares annuelles – afin de mieux faire connaître et comprendre l’hépatite virale. À l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite 2024, l’OMS a mis l’accent sur le thème « Il est temps d’agir » pour illustrer combien il est urgent d’intensifier la prévention, le dépistage et le traitement de l’hépatite virale pour prévenir les maladies et le cancer du foie et atteindre l’objectif d’élimination de l’hépatite d’ici à 2030.