Principaux faits
- L’infertilité touche des millions de personnes et a une incidence sur leur famille et leur communauté. Selon les estimations, environ une personne sur six en âge de procréer dans le monde aura des problèmes d’infertilité au cours de sa vie.
- Dans le système reproducteur masculin, l’infertilité est le plus souvent causée par des problèmes d’excrétion du liquide séminal, l’absence ou de faibles niveaux de spermatozoïdes, ou encore une anomalie au niveau de la forme (morphologie) et du mouvement (motilité) des spermatozoïdes.
- Dans le système reproducteur féminin, l’infertilité peut être due à toute une série d’anomalies des ovaires, de l’utérus, des trompes de Fallope et du système endocrinien, entre autres.
- L’infertilité peut être primaire ou secondaire. On parle d’infertilité primaire quand une personne n’a jamais mené une grossesse à bien et d’infertilité secondaire quand au moins une grossesse antérieure a abouti.
- Les soins en matière de fertilité englobent la prévention, le diagnostic et le traitement de l’infertilité. Dans la plupart des pays, il reste difficile de garantir l’égalité et l’équité d’accès aux soins matière de fertilité, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Ainsi, ces soins sont rarement prioritaires dans les programmes nationaux de prestations de couverture sanitaire universelle.
Vue d’ensemble
L’infertilité est une affection du système reproducteur masculin ou féminin définie par l’impossibilité d’aboutir à une grossesse après 12 mois ou plus de rapports sexuels non protégés réguliers. L’infertilité peut être attribuée à l’homme, à la femme ou à des facteurs inexpliqués. Certaines causes d’infertilité sont évitables. Le traitement de l’infertilité suppose souvent de recourir à la fécondation in vitro (FIV) et à d’autres types de techniques de procréation médicalement assistée.
Quelles sont les causes de l’infertilité ?
Un certain nombre de facteurs différents, tant dans le système reproducteur masculin que dans le système reproducteur féminin, peuvent être à l’origine de l’infertilité. Cependant, il n’est parfois pas possible d’en expliquer les causes.
Dans le système reproducteur féminin, l’infertilité peut être causée par :
- des pathologies tubaires, comme une obstruction des trompes de Fallope, qui sont elles-mêmes dues à des infections sexuellement transmissibles non traitées (IST) ou à des complications d’un avortement à risque, d’une septicémie du post-partum ou d’une chirurgie abdominale/pelvienne ;
- des pathologies utérines qui peuvent avoir un caractère inflammatoire (comme l’endométriose), congénital (comme un utérus cloisonné) ou bénin (comme les fibromes) ;
- des pathologies ovariennes, comme le syndrome des ovaires polykystiques et d’autres pathologies folliculaires ;
- des troubles du système endocrinien responsables de déséquilibres des hormones liées à la reproduction. Le système endocrinien comprend l’hypothalamus et l’hypophyse. Les cancers hypophysaires et l’hypopituitarisme sont des exemples de troubles courants affectant ce système.
L’importance relative de ces causes de l’infertilité féminine peut varier d’un pays à l’autre, par exemple en raison de différences dans la prévalence naturelle des IST ou parce que les populations étudiées sont d’âges différents.
Dans le système reproducteur masculin, l’infertilité peut être causée par :
- une obstruction de l’appareil reproducteur causant des dysfonctionnements de l’excrétion du liquide séminal. De tels blocages peuvent se produire dans les conduits qui transportent le liquide séminal (comme les canaux éjaculateurs et les vésicules séminales). Ils sont en général imputables à des lésions ou à des infections des voies génitales ;
- des troubles hormonaux conduisant à des anomalies au niveau des hormones produites par l’hypophyse, l’hypothalamus et les testicules – les hormones comme la testostérone régulent la production de spermatozoïdes. Les cancers de l’hypophyse ou des testicules sont des exemples de pathologies qui entraînent un déséquilibre hormonal ;
- une incapacité des testicules à produire des spermatozoïdes, par exemple en raison de varicocèles ou de traitements médicaux qui altèrent les cellules productrices de spermatozoïdes (comme la chimiothérapie) ; et
- une anomalie de la fonction des spermatozoïdes et de leur qualité. Les affections ou les situations qui entraînent des anomalies au niveau de la forme (morphologie) et du mouvement (motilité) des spermatozoïdes ont un effet négatif sur la fertilité. Par exemple, la consommation de stéroïdes anabolisants peut entraîner une anomalie des paramètres spermatiques, comme le nombre et la forme des spermatozoïdes. (1)
Des facteurs liés au mode de vie, comme le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et l’obésité, peuvent avoir une incidence sur la fertilité. En outre, l’exposition aux polluants et aux toxines présents dans l’environnement peut avoir un effet toxique direct sur les gamètes (ovules et spermatozoïdes) qui provoque une diminution de leur nombre et nuit à leur qualité. (1,2)
Pourquoi est-il important de s’attaquer à l’infertilité ?
Chaque être humain a le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible. Ainsi, les individus et les couples ont le droit de décider du nombre d’enfants qu’ils souhaitent, du moment auquel les avoir et de l’écart entre eux. Or, l’infertilité peut empêcher la concrétisation de ces droits humains essentiels. (3)
Des personnes très différentes, notamment des couples hétérosexuels, des partenaires de même sexe, des personnes âgées, des personnes qui n’ont pas de relations sexuelles ou qui sont atteintes de certaines affections, comme certains couples sérodiscordants pour le VIH et les personnes ayant survécu à un cancer, peuvent avoir besoin de services de prise en charge de l’infertilité et de soins en matière de fertilité. Les inégalités et les disparités en ce qui concerne l’accès aux services de soins en matière de fertilité ont des répercussions négatives sur les personnes pauvres, non mariées, sans instruction ou sans emploi et sur d’autres populations marginalisées.
Chercher à régler les problèmes d’infertilité peut également lisser les inégalités de genre. Bien que l’infertilité touche aussi bien les hommes que les femmes, ce sont souvent ces dernières qui sont perçues comme souffrant d’infertilité lorsqu’elles sont dans une relation avec un homme, indépendamment du fait qu’elles soient infertiles ou non. L’infertilité a des répercussions sociales négatives importantes sur la vie des couples concernés et en particulier des femmes, qui en subissent fréquemment les conséquences – violence, divorce, rejet social, stress émotionnel, dépression, anxiété et piètre estime de soi.
À certains endroits où la société accorde une forte valeur à la procréation, la crainte de l’infertilité peut dissuader les femmes et les hommes d’avoir recours à des moyens contraceptifs s’ils se sentent socialement obligés de prouver leur fertilité à un âge précoce. Dans de telles situations, il est essentiel d’apporter des interventions d’éducation et de sensibilisation pour mieux faire comprendre la prévalence et les déterminants de la fertilité et de l’infertilité.
Faire face aux difficultés
La disponibilité des interventions de lutte contre l’infertilité, l’accès à celles-ci et leur qualité continuent de poser des difficultés dans la plupart des pays. Le diagnostic et le traitement de l’infertilité n’ont souvent pas la priorité dans les politiques nationales démographiques et de développement ou dans les stratégies de santé reproductive, et ces éléments sont rarement couverts par le financement de la santé publique. En outre, le manque de personnel qualifié et l’absence des équipements et des infrastructures nécessaires, ainsi que les coûts actuellement élevés des médicaments, constituent des obstacles majeurs, même pour les pays qui répondent activement aux besoins des personnes concernées par l’infertilité.
Bien que les technologies de procréation assistée existent depuis plus de trente ans et que des millions d’enfants soient nés dans le monde grâce à des interventions comme la fécondation in vitro (FIV), elles demeurent encore largement indisponibles, inaccessibles et inabordables dans de nombreuses régions du monde, en particulier les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Les politiques publiques pourraient aplanir les nombreuses inégalités qui entravent l’accès à des soins sûrs et efficaces en matière de fertilité. Pour lutter efficacement contre l’infertilité, les politiques de santé doivent reconnaître qu’il s’agit d’une pathologie qui peut souvent être évitée, ce qui diminue le besoin de traitements coûteux et peu accessibles. Intégrer la sensibilisation à la fertilité dans des programmes nationaux globaux d’éducation sexuelle, promouvoir des modes de vie sains pour réduire les risques comportementaux, y compris la prévention, le diagnostic et le traitement précoce des IST, prévenir les complications liées aux avortements à risque, à la septicémie du post-partum et à la chirurgie abdominale/pelvienne, et lutter contre les toxines environnementales associées à l’infertilité sont autant d’interventions politiques et programmatiques que tous les gouvernements peuvent mettre en œuvre.
En outre, des lois et des politiques favorables qui réglementent la procréation avec tiers donneur et les technologies de procréation assistée sont essentielles pour assurer un accès universel sans discrimination, ainsi que pour protéger et promouvoir les droits humains de toutes les parties concernées. Dès lors qu’il existe des politiques en matière de fertilité, il est primordial de veiller au suivi de leur mise en œuvre et d’assurer une amélioration constante de la qualité des services.
Action de l’OMS
L’OMS reconnaît que la fourniture de services de qualité à l’appui de la planification familiale, y compris les services de soins en matière de fertilité, est l’un des éléments fondamentaux de la santé reproductive. Reconnaissant l’importance et l’impact de l’infertilité sur la qualité de vie et le bien-être des personnes, l’OMS s’engage à s’intéresser aux questions qui y sont liées, ainsi qu’aux soins en matière de fertilité, comme suit :
- collaborer avec des partenaires pour mener des recherches épidémiologiques et étiologiques mondiales sur l’infertilité ;
- engager et faciliter le dialogue politique avec les pays du monde entier pour inscrire l’infertilité dans un cadre juridique et politique favorable ;
- soutenir la production de données sur la charge de l’infertilité afin d’éclairer l’allocation des ressources et la prestation des services ;
- élaborer des lignes directrices sur la prévention, le diagnostic et le traitement de l’infertilité masculine et féminine dans le cadre des normes et standards mondiaux de prise en charge de qualité en lien avec les soins en matière de fertilité ;
- revoir et mettre à jour constamment d’autres produits normatifs, y compris le manuel de laboratoire de l’OMS pour l’examen et le traitement du sperme humain (WHO laboratory manual for the examination and processing of human semen) ;
- collaborer avec les parties prenantes concernées, y compris les centres universitaires, les ministères de la santé, d’autres organisations du système des Nations Unies, des acteurs non étatiques et d’autres partenaires aux fins de renforcer l’engagement politique, la disponibilité et la capacité des systèmes de santé à fournir des soins en matière de fertilité à l’échelle mondiale ; et
- fournir aux États Membres un soutien technique au niveau des pays pour élaborer ou renforcer la mise en œuvre de politiques et de services nationaux en matière de fertilité.
- Gore AC, Chappell VA, Fenton SE, et al. EDC-2 : The Endocrine Society’s Second Scientific Statement on Endocrine-Disrupting Chemicals. Endocrine Reviews 2015;36(6):E1-E150. doi : 10.1210/er.2015-1010.
- Segal TR, Giudice LC. Before the beginning: environmental exposures and reproductive and obstetrical outcomes. Fertility and Sterility 2019;112(4):613-21.
- Zegers‐Hochschild F, Dickens BM, Dughman‐Manzur S. Human rights to in vitro fertilization. International Journal of Gynecology & Obstetrics 2013;123(1):86-89.