Principaux fait:
- La méningite est une maladie dévastatrice qui peut être mortelle et qui entraîne souvent de graves problèmes de santé à long terme.
- La méningite reste un problème majeur de santé publique à l’échelle mondiale.
- La méningite peut-être due à de nombreux agents pathogènes, dont des bactéries, des virus, des champignons et des parasites.
- La méningite bactérienne est particulièrement préoccupante. Environ une personne sur six atteintes de ce type de méningite en meurt et une sur cinq présente des complications graves.
- Des épidémies de méningite sévissent dans le monde entier et en particulier en Afrique subsaharienne.
- Les vaccins sont le moyen le plus efficace d’offrir une protection durable.
Généralités
La méningite est une inflammation des tissus qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Elle peut être d’origine infectieuse ou non infectieuse, peut entraîner un risque élevé de décès et de complications à long terme, et nécessite des soins médicaux en urgence.
La méningite reste une grave menace pour la santé mondiale. Elle peut être provoquée par plusieurs espèces de bactéries, virus, champignons ou parasites. De rares cas sont imputables à une blessure, un cancer ou un médicament.
La méningite bactérienne est la forme la plus dangereuse de la maladie. Il s’agit d’une affection grave et potentiellement mortelle qui peut souvent entraîner des conséquences néfastes à long terme sur la santé. Il existe principalement quatre bactéries à l’origine de méningites aiguës :
- Neisseria meningitidis (méningocoque)
- Streptococcus pneumoniae (pneumocoque)
- Haemophilus influenzae
- Streptococcus agalactiae (streptocoque du groupe B)
Ces bactéries sont responsables de plus de la moitié des décès dus à la méningite dans le monde et peuvent entraîner d’autres maladies graves, comme l’état septique et la pneumonie.
Parmi les autres agents étiologiques importants à l’échelle mondiale figurent d’autres espèces de bactéries (Mycobacterium tuberculosis, Salmonella spp. non typhoïdique, Listeria monocytogenes, par exemple), des virus (les entérovirus, les herpèsvirus et les arbovirus, par exemple), des champignons (Cyptococcus spp., par exemple) et des parasites (certaines espèces d’amibes, par exemple).
Quelles sont les personnes à risque ?
La méningite peut toucher n’importe qui, n’importe où et à tout âge. Les agents pathogènes qui la causent peuvent varier, en fonction de l’âge et du système immunitaire d’une personne, ainsi que du niveau d’exposition au risque, qui peut être influencé par ses conditions de vie et sa situation géographique.
Les nouveau-nés sont les plus exposés aux streptocoques du groupe B, tandis que les enfants et les adolescents et adolescentes sont davantage exposés aux méningocoques, aux pneumocoques et à Haemophilus influenzae. Le pneumocoque et le méningocoque sont également responsables de la plupart des cas de méningite bactérienne chez les adultes.
Les personnes immunodéprimées et/ou vivant avec le VIH courent un risque accru de différents types de méningite.
À l’échelle mondiale, la charge de morbidité la plus élevée est observée dans une région d’Afrique subsaharienne, appelée « ceinture africaine de la méningite », qui s’étend du Sénégal à l’Éthiopie, et où le risque d’épidémies récurrentes de méningite à méningocoques est élevé.
Les épidémies de méningite à méningocoques surviennent plus fréquemment dans des conditions où certains facteurs de risque sont réunis, tels que les lieux surpeuplés où la promiscuité est grande, les zones minières, les rassemblements de masse à l’occasion d’événements religieux ou sportifs, les lieux abritant des personnes réfugiées ou déplacées, les établissements fermés, les camps militaires et les zones de forte migration, comme les zones frontalières ou les marchés très fréquentés.
Transmission
La voie de transmission varie selon l’agent pathogène. La plupart des bactéries à l’origine de la méningite, telles que les méningocoques, les pneumocoques et Haemophilus influenzae, se trouvent dans le nez et dans la gorge. Elles se transmettent d’une personne à l’autre par des gouttelettes de sécrétions respiratoires ou pharyngées. Les streptocoques du groupe B sont souvent présents dans l’intestin ou le vagin et peuvent se transmettre de la mère à l’enfant au moment de l’accouchement.
Le portage de ces bactéries est généralement sans danger et contribue à renforcer l’immunité contre l’infection, mais il arrive parfois qu’elles envahissent l’organisme, provoquant une méningite, un état septique et d’autres formes invasives de l’infection.
Signes et symptômes
Les symptômes de la méningite peuvent différer en fonction de la cause, de la vitesse à laquelle la maladie progresse, de sa durée, de l’atteinte cérébrale et d’autres complications graves comme la septicémie.
Les symptômes courants de la méningite sont les suivants : fièvre, raideur de la nuque, confusion ou altération de l’état mental, céphalées, photosensibilité, nausées et vomissements. Parmi les symptômes moins fréquents, on observe des convulsions, le coma et des défaillances neurologiques, telles que la faiblesse des membres.
Les nourrissons présentent souvent des symptômes différents de ceux des adultes :
- comportement inhabituel : activité réduite, difficulté à se réveiller
- irritabilité
- gémissements continus
- difficultés à s’alimenter
- bombement de la fontanelle (zone molle sur le crâne du nourrisson)
Lorsque les bactéries responsables d’une méningite infectent le sang, risquant de conduire rapidement à un état septique, d’autres symptômes peuvent être observés, tels que mains et pieds froids, respiration rapide et hypotension artérielle. Une éruption cutanée caractéristique, qui ne s’efface pas à la pression, peut apparaître en cas de septicémie à méningocoque.
Complications et séquelles
Une personne sur cinq survivant à un épisode de méningite bactérienne peut avoir des séquelles durables, notamment : perte auditive, crises convulsives, faiblesse des membres, troubles de la vision, de la parole, du langage, de la mémoire et de la communication, ainsi que cicatrices et amputations de membres après un état septique.
Prévention
La vaccination est le meilleur moyen de se protéger des méningites bactériennes les plus courantes.
Les vaccins permettent de prévenir les méningites causées par :
- les méningocoques
- les pneumocoques
- Haemophilus influenzae type b (Hib)
Les vaccins maternels contre les streptocoques du groupe B (SGB) visant à prévenir les infections invasives à SGB chez les nourrissons ont atteint les dernières étapes du développement clinique.
Les méningites d’origine bactérienne ou virale peuvent se transmettre d’une personne à l’autre. Si vous vivez avec une personne atteinte d’une méningite quelle qu’elle soit, il est important de :
- demander à votre médecin, infirmier ou infirmière, s’il convient que vous preniez des antibiotiques (en cas de méningite bactérienne)
- vous laver les mains fréquemment, en particulier avant de manger
- éviter tout contact étroit avec le malade et toute utilisation commune de verres, vaisselle, ustensiles ou brosses à dents.
1. Vaccination
Des vaccins homologués contre la méningite à méningocoque, à pneumocoque et à Haemophilus influenzae sont disponibles depuis de nombreuses années. Il existe plusieurs souches (sérotypes ou sérogroupes) de ces bactéries et les vaccins sont conçus pour assurer une protection contre les souches les plus dangereuses. Il n’existe pas de vaccin universel.
Le vaccin Hib est utilisé dans la plupart des programmes nationaux de vaccination des enfants dans le monde. L’OMS recommande également l’utilisation universelle des vaccins antipneumococciques conjugués (VPC). Parmi les vaccins antiméningococciques (en anglais) figurent les vaccins polysaccharidiques conjugués multivalents, qui comprennent 4 à 5 sérogroupes de méningocoques (A, C, W, Y, X) ; les vaccins à base de protéines, qui comprennent le vaccin contre le méningocoque du sérogroupe B, et les vaccins combinés associant ce dernier avec le vaccin antiméningococcique conjugué quadrivalent. Les vaccins polysaccharidiques sont toujours commercialisés à l’échelle internationale, mais sont progressivement remplacés par les vaccins antiméningococciques conjugués multivalents.
Dans la ceinture africaine de la méningite, le méningocoque du sérogroupe A était à l’origine de 80 à 85 % des épidémies de méningite avant le déploiement à grande échelle, à partir de 2010, d’un vaccin conjugué contre le méningocoque A. En 2023, le premier vaccin antiméningococcique conjugué pentavalent protégeant contre les sérogroupes A, C, W, Y et X (Men5CV) a été préqualifié par l’OMS et recommandé pour une utilisation dans les pays de la ceinture africaine de la méningite. Avec le déploiement du Men5CV, s’ouvre la possibilité d’éliminer les épidémies de méningite et de faire en sorte que la ceinture africaine de la méningite appartienne désormais à l’histoire.
2. Antibiotiques à visée préventive (chimioprophylaxie)
Une prophylaxie post-exposition par antibiotiques est administrée aux contacts proches des personnes atteintes d’infection à méningocoque afin d’éradiquer le portage asymptomatique du méningocoque dans le nez et de diminuer le risque de transmission.
Dans de nombreux pays, il est recommandé d’identifier les mères dont les bébés risquent de contracter une infection à streptocoque du groupe B (SGB). Les mères à risque de transmettre le SGB à leur bébé se voient proposer de la pénicilline par voie intraveineuse pendant le travail afin d’éviter que leur bébé ne développe une infection à SGB.
Diagnostic
Pour diagnostiquer la méningite, une ponction lombaire est nécessaire pour examiner le liquide céphalo-rachidien (LCR). Elle devrait être faite avant de commencer le traitement par antibiotiques ; toutefois, si une méningite bactérienne est suspectée sur la base des signes et symptômes, une ponction lombaire ne devrait jamais retarder le traitement antibiotique.
Les laboratoires effectueront ensuite des tests spécifiques sur le LCR ou le sang du patient ou de la patiente pour identifier l’agent pathogène à l’origine de l’infection. Les tests aideront également à déterminer les traitements nécessaires, et en particulier la sensibilité aux différents types d’antibiotiques pour les infections bactériennes, ainsi qu’à identifier la ou les souches de l’agent pathogène responsable ; ils serviront aussi à décider de la riposte en santé publique.
Traitement
La méningite est une urgence médicale qui nécessite des soins médicaux en urgence dans un établissement de santé approprié.
Un traitement antibiotique doit être commencé dès que possible lorsqu’une méningite bactérienne est suspectée. La première dose d’antibiotique ne doit pas être retardée jusqu’à ce que les résultats de la ponction lombaire soient disponibles. Le choix du traitement antibiotique doit tenir compte de l’âge du patient ou de la patiente, de la présence éventuelle d’une immunosuppression et de la prévalence locale des profils de résistance aux antimicrobiens. Dans les contextes non épidémiques, un traitement par corticostéroïdes intraveineux (par exemple, la dexaméthasone) est commencé de façon concomitante à la première injection d’antibiotiques pour réduire la réponse inflammatoire et le risque de séquelles neurologiques et de décès.
Les personnes guéries d’une méningite peuvent présenter des complications telles que la surdité, des troubles d’apprentissage ou des problèmes de comportement et nécessitent un traitement et des soins à long terme. Les effets psychosociaux durables des handicaps dus à la méningite peuvent avoir des conséquences sur le plan médical, éducatif, social et en termes de droits humains. L’accès aux services et au soutien pour ces affections est souvent insuffisant, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Les personnes handicapées à la suite d’une méningite et leurs familles devraient être encouragées à demander des services et des conseils auprès des organisations locales et nationales de personnes handicapées et d’autres organisations s’occupant du handicap, qui pourront leur donner des conseils essentiels sur les droits, les possibilités économiques et les activités sociales dont peuvent bénéficier les personnes handicapées par la méningite afin qu’elles puissent s’épanouir et avoir une vie enrichissante.
L’OMS a aussi élaboré un plan d’action mondial intersectoriel sur l’épilepsie et les autres troubles neurologiques (en anglais), afin de surmonter les nombreuses difficultés et de combler les multiples lacunes liées à la prestation de soins et de services pour les personnes atteintes d’épilepsie et d’autres troubles neurologiques partout dans le monde, y compris celles souffrant de séquelles de la méningite.
Surveillance
La surveillance des cas (détection, enquêtes et confirmation en laboratoire) est essentielle à la lutte contre la méningite. Ses principaux objectifs sont les suivants :
- détecter et confirmer les flambées épidémiques ;
- surveiller les tendances de l’incidence, y compris la répartition et l’évolution des sérogroupes et des sérotypes ;
- estimer la charge de morbidité ;
- surveiller le profil de résistance aux antibiotiques ;
- surveiller la circulation, la répartition et l’évolution de souches particulières (clones) ; et
- estimer l’impact des stratégies de lutte contre la méningite, en particulier des programmes de vaccination préventive.
Action de l’OMS
En 2020, la Soixante-Treizième Assemblée mondiale de la Santé a approuvé la résolution WHA73.9, dans laquelle tous les États Membres se sont engagés à mettre en œuvre la feuille de route mondiale pour vaincre la méningite à l’horizon 2030 (en anglais.
La feuille de route, dont le but est d’aller « vers un monde sans méningite », fixe trois objectifs pour y parvenir :
- éliminer les épidémies de méningite bactérienne ;
- réduire le nombre de cas imputables à la méningite bactérienne à prévention vaccinale de 50 % et le nombre de décès de 70 % ; et
- réduire le handicap et améliorer la qualité de vie à la suite d’une méningite, toutes causes confondues.