Principaux faits
- Une personne sur huit dans le monde présente un trouble mental.
- Les troubles mentaux engendrent une altération majeure de la pensée, de la régulation des émotions ou du comportement.
- Il existe de nombreux types de troubles mentaux.
- Des options de prévention et de traitement efficaces existent.
- La plupart des personnes malades n’ont pas accès à des soins efficaces.
Un trouble mental se caractérise par une altération majeure, sur le plan clinique, de l’état cognitif, de la régulation des émotions ou du comportement d’un individu. Il s’accompagne généralement
d’un sentiment de détresse ou de déficiences fonctionnelles dans des domaines importants. Il existe de nombreux types de troubles mentaux, désignés aussi sous le nom de problèmes de santé mentale. Cette
dernière expression, plus large, englobe les troubles mentaux, les handicaps psychosociaux et d’autres états mentaux associés à un sentiment de détresse, à des déficiences fonctionnelles ou à
un risque de comportement auto-agressif importants. Les Principaux repères se concentrent sur les troubles mentaux décrits dans la Onzième Révision de la Classification internationale des maladies (CIM-11).
En 2019, une personne sur huit dans le monde – soit 970 millions de personnes – présentait un trouble mental, les troubles anxieux et les troubles dépressifs étant les plus courants (1). En 2020, le
nombre de personnes atteintes de tels troubles a augmenté considérablement du fait de la pandémie de COVID-19. Les premières estimations indiquent une hausse de 26 % et 28 %, respectivement, pour les troubles
anxieux et les troubles dépressifs majeurs en l’espace d’une année seulement (2). S’il existe des options de prévention et de traitement efficaces, la plupart des individus présentant des troubles mentaux
n’ont pas accès à des soins efficaces. Nombre d’entre eux sont également victimes de stigmatisation ou de discrimination et subissent des violations de leurs droits.
Troubles anxieux
En 2019, 301 millions de personnes présentaient un trouble anxieux, dont 58 millions d’enfants et d’adolescents (1). Les troubles anxieux se caractérisent par une peur et une inquiétude excessives et par des
troubles du comportement connexes. Les symptômes sont suffisamment graves pour entraîner un sentiment de détresse important ou des déficiences fonctionnelles majeures. Il existe plusieurs types de troubles anxieux :
trouble d’anxiété généralisée (se manifeste par une inquiétude excessive), trouble panique (se manifeste par des attaques de panique), trouble d’anxiété sociale (se manifeste par
une peur et une inquiétude excessives dans des situations sociales), trouble d’anxiété de séparation (se manifeste par une peur ou une anxiété à l’idée d’être séparé
des personnes avec lesquelles on a un lien affectif profond), etc. Des traitements psychologiques efficaces existent et, en fonction de l’âge et de la gravité du trouble, des traitements médicamenteux peuvent aussi être
envisagés.
Dépression
En 2019, 280 millions de personnes présentaient une dépression, dont 23 millions d’enfants et d’adolescents (1). La dépression diffère des sautes d’humeur habituelles et des réactions émotionnelles
passagères face aux problèmes du quotidien. Lors d’un épisode dépressif, l’individu présente une humeur morose (sentiment de tristesse, d’irritabilité, de vide) ou une perte de plaisir ou
d’intérêt pour les activités, pendant la majeure partie de la journée, presque tous les jours, pendant au moins deux semaines. Plusieurs autres symptômes peuvent également être présents :
difficultés de concentration, sentiment de culpabilité excessive ou dévalorisation de soi, sentiment de désespoir face à l’avenir, pensées de mort ou de suicide, sommeil perturbé, changements
d’appétit ou de poids, et sentiment de grande fatigue ou de manque d’énergie. Les personnes dépressives sont plus exposées au risque de suicide. Cependant, des traitements psychologiques efficaces existent et,
en fonction de l’âge et de la gravité de la dépression, des traitements médicamenteux peuvent aussi être envisagés.
Troubles bipolaires
En 2019, 40 millions de personnes présentaient un trouble bipolaire (1). Les personnes atteintes d’un tel trouble alternent épisodes dépressifs et périodes de symptômes maniaques. Lors d’un épisode
dépressif, l’individu présente une humeur morose (sentiment de tristesse, d’irritabilité, de vide) ou une perte de plaisir ou d’intérêt pour les activités, pendant la majeure partie de la
journée, presque tous les jours. Les symptômes maniaques comprennent l’euphorie ou l’irritabilité, une activité ou une énergie accrue, et d’autres symptômes comme une plus grande loquacité,
des pensées rapides, une meilleure estime de soi, un moindre besoin de sommeil, une distractibilité, et un comportement impulsif et téméraire. Les personnes atteintes d’un trouble bipolaire sont plus exposées
au risque de suicide. Des traitements efficaces existent toutefois, notamment la psychoéducation, la réduction du stress et le renforcement du fonctionnement en milieu social, ainsi que les traitements médicamenteux.
Troubles post-traumatiques
La prévalence des troubles post-traumatiques et autres troubles mentaux est élevée dans les zones touchées par des conflits (3). Une personne peut développer un trouble post-traumatique après avoir été
exposée à un événement ou à une série d’événements particulièrement menaçants ou horribles. Ce trouble se caractérise par l’ensemble des symptômes suivants :
1) l’individu revit l’événement ou les événements traumatiques (souvenirs envahissants, réminiscences ou cauchemars) ; 2) l’individu évite de penser à l’événement
ou aux événements, ou de se les rappeler, ou évite les activités, situations ou personnes qui les lui rappellent ; et 3) l’individu perçoit une menace accrue en permanence. Les symptômes durent au
moins plusieurs semaines et provoquent d’importantes déficiences fonctionnelles. Il existe des traitements psychologiques efficaces.
Schizophrénie
La schizophrénie touche environ 24 millions de personnes – soit une sur 300 – dans le monde (1). Les personnes qui en sont atteintes ont une espérance de vie de 10 à 20 ans inférieure à
celle de la population générale (4). La schizophrénie se caractérise par une distorsion notable de la perception et par des altérations du comportement. Les symptômes sont notamment les suivants : idées
délirantes récurrentes, hallucinations, pensée désorganisée, comportement très désorganisé ou agitation extrême. Les personnes atteintes de schizophrénie peuvent éprouver
des difficultés cognitives persistantes. Il existe toutefois des options de traitement efficaces, telles que les traitements médicamenteux, la psychoéducation, les interventions en milieu familial et la réadaptation psychosociale.
Troubles de l’alimentation
En 2019, 14 millions de personnes présentaient un trouble de l’alimentation, dont presque 3 millions d’enfants et d’adolescents (1). Les troubles de l’alimentation, tels que l’anorexie mentale et la boulimie
nerveuse, se caractérisent par un comportement alimentaire anormal et une préoccupation excessive pour la nourriture, qui s’accompagnent de vives inquiétudes concernant le poids et la forme du corps. Les symptômes
ou comportements entraînent un risque pour la santé voire des effets très néfastes sur la santé, un grand sentiment de détresse ou encore des déficiences fonctionnelles majeures. L’anorexie mentale
apparaît souvent pendant l’adolescence ou au début de l’âge adulte et est associée à une mort prématurée, due à des complications médicales ou au suicide. Les personnes boulimiques
sont exposées à un risque significativement accru d’usage de substances, de suicide et de complications médicales. Il existe des traitements efficaces, notamment des traitements centrés sur la famille et des thérapies
cognitives.
Comportements perturbateurs dyssociaux
En 2019, 40 millions de personnes, y compris des enfants et des adolescents, présentaient un trouble dyssocial du comportement (1). Ce trouble, aussi connu sous le nom de trouble des conduites, constitue l’un des deux troubles dyssociaux,
le second étant le trouble oppositionnel avec provocation. Les comportements perturbateurs dyssociaux se caractérisent par des problèmes de comportement récurrents, tels que des actes de provocation ou de désobéissance
incessants ou des comportements qui violent systématiquement les droits fondamentaux d’autrui ou les principales normes, règles ou lois de nature sociale applicables à l’âge de l’individu. Ces troubles
apparaissent généralement pendant l’enfance, mais pas toujours. Il existe des traitements psychologiques efficaces, qui font souvent intervenir les parents, les aidants et les enseignants et qui intègrent l’acquisition
d’aptitudes cognitives à la résolution des problèmes ou de compétences sociales.
Troubles neurodéveloppementaux
Les troubles neurodéveloppementaux sont des troubles comportementaux et cognitifs qui surviennent au cours du développement et entraînent alors des difficultés importantes dans l’acquisition et l’exécution
de fonctions intellectuelles, motrices, langagières ou sociales spécifiques.
Parmi les troubles neurodéveloppementaux figurent le trouble du développement intellectuel, le trouble du spectre de l’autisme et le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Ce dernier
se caractérise par un schéma persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui a des effets négatifs directs sur le fonctionnement en milieu scolaire, professionnel ou social. Le trouble
du développement intellectuel se manifeste par un fonctionnement intellectuel et un comportement adaptatif sévèrement limités, c’est-à-dire des difficultés à acquérir les aptitudes théoriques,
sociales et pratiques nécessaires à la vie quotidienne. Le trouble du spectre de l’autisme regroupe un ensemble d’affections qui se caractérisent par un certain degré d’altération de la communication
sociale et des interactions sociales réciproques, ainsi que par des modes de comportements, intérêts ou activités qui sont systématiquement limités, répétitifs et rigides.
Des options de traitement efficaces existent, notamment les interventions psychosociales, les interventions comportementales, l’ergothérapie et l’orthophonie. Pour certains diagnostics et certaines tranches d’âge, des traitements
médicamenteux peuvent aussi être envisagés.
Qui risque de développer un trouble mental ?
À tout moment, différents facteurs individuels, familiaux, communautaires et structurels peuvent se combiner pour former un ensemble qui protège ou, au contraire, compromet la santé mentale. Si la plupart des personnes sont
résilientes, celles qui sont exposées à des conditions difficiles – y compris la pauvreté, la violence, le handicap et les inégalités – sont plus vulnérables. Parmi les facteurs
de protection et de risque figurent les facteurs psychologiques et biologiques propres à chacun, tels que les compétences émotionnelles et la génétique. Les changements intervenant dans la structure et/ou le fonctionnement
du cerveau ont une influence sur de nombreux facteurs de protection et de risque.
Systèmes de santé et soutien social
Les systèmes de santé ne répondent pas encore de manière adéquate aux besoins des personnes qui présentent des troubles mentaux et font face à un manque criant de ressources. Partout dans le monde, il existe
un écart béant entre l’offre de traitements et les besoins thérapeutiques. Qui plus est, les traitements administrés sont souvent de mauvaise qualité. Par exemple, seulement 29 % des personnes présentant
une psychose (5) et un tiers des personnes atteintes de dépression reçoivent des soins de santé mentale structurés (6).
Par ailleurs, les individus qui vivent avec un trouble mental ont besoin d’un soutien social, notamment pour nouer et entretenir des relations personnelles, familiales et sociales. Ils peuvent aussi avoir besoin d’aide pour suivre une formation,
trouver un emploi et un logement, et prendre part à d’autres activités intéressantes.
Action de l’OMS
Dans son Plan d’action global pour la santé mentale 2013-2030, l’OMS reconnaît le rôle essentiel que joue la santé mentale à l’égard de l’objectif de la santé pour tous. Ce plan comporte quatre grands objectifs :
- renforcer le leadership et la gouvernance dans le domaine de la santé mentale ;
- fournir des services de santé mentale et d’aide sociale complets, intégrés et adaptés aux besoins dans un cadre communautaire ;
- mettre en œuvre des stratégies de promotion et de prévention dans le domaine de la santé mentale ; et
- renforcer les systèmes d’information, les bases factuelles et la recherche dans le domaine de la santé mentale.
Le Programme d’action Combler les lacunes en santé mentale (mhGAP) s’appuie sur des orientations, outils et supports de formation fondés sur des données factuelles pour développer les services dans les pays, en particulier ceux dont les ressources sont limitées. Il se concentre sur un ensemble prioritaire d’affections, orientant le renforcement des capacités vers les prestataires de soins non spécialisés dans le cadre d’une approche intégrée en faveur de la santé mentale à tous les niveaux des soins. La version 2.0 du Guide d’intervention mhGAP de l’OMS, qui fait partie de ce programme, contient des orientations sur l’évaluation et la prise en charge des troubles mentaux à l’intention des médecins, du personnel infirmier et des professionnels de santé travaillant dans des contextes sanitaires non spécialisés.
Références bibliographiques
(1) Institute of Health Metrics and Evaluation. Global Health Data Exchange (GHDx), (https://vizhub.healthdata.org/gbd-results/, consulté le 14 mai 2022).
(2) Mental Health and COVID-19: Early evidence of the pandemic’s impact. Geneva: World Health Organization; 2022.
(3) Charlson, F., van Ommeren, M., Flaxman, A., Cornett, J., Whiteford, H., & Saxena, S. New WHO prevalence estimates of mental disorders in conflict settings: a systematic review and meta-analysis. Lancet. 2019; 394,240–248.
(4) Laursen TM, Nordentoft M, Mortensen PB. Excess early mortality in schizophrenia. Annual Review of Clinical Psychology, 2014; 10,425–438.
(5) Mental health atlas 2020. Geneva: World Health Organization; 2021
(6) Moitra M, Santomauro D, Collins PY, Vos T, Whiteford H, Saxena S, et al. The global gap in treatment coverage for major depressive disorder in 84 countries from 2000–2019: a systematic review and Bayesian meta-regression analysis. PLoS Med. 2022; 19(2): e1003901. doi : 10.1371/journal.pmed.1,003,901.