Santé des réfugiés et des migrants

2 mai 2022

 

Principaux faits

  • On compte plus d’un milliard de personnes en déplacement dans le monde, soit environ une personne sur huit.
  • Sur ce total, 281 millions de personnes sont des migrants internationaux (1) et 84 millions sont en situation de déplacement forcé (48 millions sont des personnes déplacées dans leur propre pays, 26,6 millions sont des réfugiés et 4,4 millions sont des demandeurs d’asile). Parmi les déplacés par la force, 35 millions sont des enfants et un million n’ont connu que la vie de réfugiés depuis leur naissance (2).
  • On s’attend à ce que le nombre de personnes en situation de déplacement augmente du fait de la pauvreté, du manque de sécurité, de l’accès insuffisant aux services essentiels, des conflits, de la dégradation de l’environnement et des catastrophes naturelles. 
  • La migration peut améliorer ou détériorer l’état de santé d’une personne. Les résultats en matière de santé des réfugiés et des migrants sont souvent moins bons dans les pays de transit et de destination en raison d’obstacles comme la langue et les différences culturelles, la discrimination institutionnelle et l’usage restreint des services de santé.
  • L’exclusion sociale, politique et économique peut entraîner la pauvreté, l’absence de logement et l’exploitation, ce qui peut exposer davantage au risque de maladies non transmissibles.
  • La pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités existantes dans certaines populations, qui peuvent compter des réfugiés et des migrants, notamment chez les personnes en situation irrégulière.  


Vue d'ensemble

Les besoins de santé physique et mentale des réfugiés et des migrants peuvent être très différents, en fonction de ce qu’ils ont vécu dans leur pays d’origine, de leur migration, des politiques d’entrée et d’intégration ainsi que des conditions de vie et de travail de leurs pays d’accueil. Ces expériences peuvent rendre les réfugiés et les migrants plus vulnérables aux maladies chroniques et infectieuses.

La pandémie de COVID-19 a perturbé les services de santé, faisant courir aux personnes en situation de vulnérabilité un risque accru et pesant sur la capacité des systèmes de santé à répondre à leurs besoins.

Données et informations clés concernant les réfugiés et les migrants

Le terme « réfugié » est défini dans l’Article 1 de la Convention relative au statut des réfugiés de 1951 (3). Il n’existe aucune définition universellement acceptée du terme « migrant » (4). Toutefois, le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU définit un migrant international comme « toute personne qui change de pays de résidence habituelle » et cette définition inclut les personnes qui se déplacent ou se sont déplacées d’un côté à l’autre d’une frontière internationale, indépendamment de leur statut juridique, de la durée de leur séjour à l’étranger et des causes de leur migration (5).

Les migrants peuvent se voir octroyer un statut migratoire qui limite leur droit et leur accès aux services de santé. Cependant, le droit international garantit un accès universel conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment l’objectif 3 de développement durable (Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge) (6).

Bien qu’ils dépendent de cadres juridiques distincts, les réfugiés et les migrants peuvent prétendre aux mêmes libertés fondamentales et droits humains universels que les autres personnes (7).

En 2021, les pays qui comptaient le plus grand nombre de réfugiés ayant fui le territoire étaient les suivants : 1. la République arabe syrienne, 2. le Venezuela, 3. l’Afghanistan, 4. le Soudan du Sud et 5. Myanmar, tandis que les pays qui accueillaient le plus grand nombre de réfugiés étaient les suivants : 1. la Turquie, 2. la Colombie, 3. l’Ouganda, 4. le Pakistan et 5. l’Allemagne (8).

À compter du 24 février 2022 et pendant les cinq semaines qui ont suivi la montée de la violence dans le conflit en Ukraine, plus de quatre millions de réfugiés en provenance d’Ukraine ont traversé la frontière de pays voisins et de nombreuses personnes ont été déplacées de force à l’intérieur du pays (9).

En 2020, les principaux pays d’origine des migrants internationaux étaient les suivants : 1. l’Inde, 2. le Mexique, 3. la Fédération de Russie, 4. la République arabe syrienne et 5. la Chine. Depuis 1970, les États-Unis d’Amérique sont le principal pays de destination pour les migrants internationaux, l’Allemagne est le deuxième (10).

Besoins de santé et vulnérabilités souvent propres aux réfugiés et aux migrants

Les réfugiés et les migrants forment un groupe hétérogène et ont divers besoins de santé, qui peuvent différer de ceux des populations des pays d’accueil.

Les réfugiés et les migrants sont souvent originaires de populations touchées par la guerre, les conflits, les catastrophes naturelles, la dégradation de l’environnement ou la crise économique. Ils entreprennent de longs et exténuants périples au cours desquels l’accès à la nourriture et à l’eau, à l’assainissement et aux autres services essentiels est insuffisant, ce qui augmente leurs risques de contracter des maladies transmissibles, notamment la rougeole, et des maladies d’origine alimentaire ou hydrique. Ils peuvent également être exposés au risque d’accidents, d’hypothermie, de brûlure, de grossesse non désirée et de complications liées à l’accouchement, ainsi que de plusieurs maladies non transmissibles en raison de ce qu’ils vivent pendant la migration, des politiques d’entrée et d’intégration restrictives ainsi que de l’exclusion.

Les réfugiés et les migrants peuvent arriver dans le pays de destination avec des maladies non transmissibles mal maîtrisées, n’ayant pu bénéficier de soins pendant leur déplacement. Les soins de maternité sont généralement le premier point de contact des réfugiées et des migrantes avec les systèmes de santé. 

Les réfugiés et les migrants risquent également d’avoir des problèmes de santé mentale compte tenu des expériences traumatiques ou éprouvantes qu’ils ont traversées. Nombre d’entre eux éprouvent de l’anxiété et de la tristesse, du désespoir, des troubles du sommeil, de la lassitude, de l’irritabilité, de la colère ou des courbatures et des douleurs, mais pour la plupart des personnes, ces symptômes de détresse s’améliorent avec le temps. Ils peuvent être plus susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et de troubles post-traumatiques que les populations des pays d’accueil. La santé des réfugiés et des migrants est également fortement liée aux déterminants sociaux de la santé, tels que l’emploi, le revenu, l’éducation et le logement.

Obstacles à l’accès aux services de santé

Les réfugiés et les migrants demeurent parmi les membres les plus vulnérables de la société et font souvent face à de la xénophobie, de la discrimination, des conditions de vie, de logement et de travail déplorables ainsi qu’à un accès insuffisant ou restreint aux services de santé généraux.

Les migrants, en particulier ceux qui se trouvent en situation irrégulière, sont souvent exclus des programmes nationaux ayant trait à la promotion de la santé, la prévention des maladies, le traitement et les soins ainsi que de la protection financière du système de santé. Ils peuvent également se heurter à des frais d’utilisation élevés, pâtir d’un faible niveau de connaissances en matière de santé, du manque de prise en compte des spécificités culturelles de la part des prestataires de soins, de la stigmatisation et de l’insuffisance des services d’interprétation. 

La capacité à accéder aux services de santé dans les situations de crise humanitaire est généralement compromise et entravée par les pénuries de médicaments et le manque d’établissements de santé. 

COVID-19

La pandémie de COVID-19 a fait augmenter le risque d’infection et de décès pour les réfugiés et les migrants. Les personnes en situation de déplacement peuvent n’avoir à leur disposition que des solutions limitées pour se protéger, étant donné que la distanciation physique, l’hygiène des mains et l’auto-isolement sont souvent impossibles.

La pandémie a mis en lumière les inégalités existantes en matière d’accès aux services de santé et de leur utilisation. Les réfugiés et les migrants ont également souffert des conséquences économiques négatives du confinement et des restrictions de déplacement. Les travailleurs migrants peuvent avoir été particulièrement touchés par la perte de revenu et l’insécurité relative à l’accès aux soins de santé. Ils peuvent également avoir fait face à l’insécurité juridique et sociale provoquée par le report de décisions concernant le statut migratoire ou une réduction des services d’emploi, juridiques et administratifs.

Les obstacles sont encore plus considérables pour les personnes atteintes de handicaps. Il peut s’avérer difficile pour les femmes et les filles d’accéder aux services de protection et d’intervention relatifs aux violences sexuelles et fondées sur le genre. Les enfants réfugiés et migrants, en particulier les mineurs non accompagnés, sont plus susceptibles de connaître des événements traumatisants et des situations éprouvantes, comme l’exploitation et la maltraitance, et peuvent avoir du mal à accéder aux soins de santé.

Action de l'OMS

L’OMS est d’avis que toutes les personnes, y compris les réfugiés et les migrants, devraient pouvoir jouir du droit à la santé et de l’accès à des services de santé de qualité, centrés sur la personne sans devoir subir des difficultés financières, comme indiqué dans notre engagement en faveur de la couverture sanitaire universelle. Les systèmes de santé devraient intégrer les besoins des réfugiés et des migrants dans les politiques de santé nationales et locales, le financement, la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation. Pour des interventions en cas d’urgence rapides et efficaces, les soins de santé peuvent parfois être fournis dans le cadre d’une structure en parallèle du système de santé nationale, mais, à long terme, la santé des réfugiés et des migrants devrait être intégrée aux services existants.

L’OMS œuvre dans le monde entier pour garantir aux réfugiés et aux migrants le droit à la santé et parvenir à la couverture sanitaire universelle. Au moyen du Programme santé et migrations et en collaboration avec les bureaux régionaux et les bureaux de pays, l’OMS joue le rôle de chef de file au niveau mondial, mène une action de plaidoyer, coordonne et fournit des politiques en matière de santé et de migration, fixe les normes et les critères permettant de soutenir la prise de décision, suit les tendances, renforce les systèmes d’information sanitaire et promeut les outils et stratégies, fournit un appui en matière d’assistance technique, d’intervention et de renforcement des capacités pour résoudre les problèmes de santé publique, et favorise l’action multilatérale et la collaboration internationales en travaillant avec des organismes du système des Nations Unies et d’autres parties prenantes internationales, ainsi qu’en faisant partie du Réseau des Nations Unies sur les migrations. 

L’OMS coopère avec les pays pour construire des systèmes de santé solides soutenus par un personnel bien formé, doté d’une sensibilité culturelle et compétent et qui tiennent compte des besoins des réfugiés et des migrants, de leurs langues et des problèmes de santé qui leur sont propres.

1. https://www.iom.int/fr/donnees-et-recherche

2. https://www.unhcr.org/fr/apercu-statistique.html 

3. https://www.unhcr.org/fr/4b14f4a62 

4. https://apps.who.int/iris/handle/10665/328692 

5. Recommandations en matière de statistiques des migrations internationales, Première révision (1999) par. 32. (https://unstats.un.org/unsd/publication/seriesm/seriesm_58rev1f.pdf)

6. https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N15/291/90/PDF/N1529190.pdf?OpenElement

7. Résolution 71/1 de l’Assemblée générale des Nations Unies (2016). Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, paragraphe 6 (https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N16/291/98/PDF/N1629198.pdf?OpenElement

8. https://www.unhcr.org/fr/apercu-statistique.html 

9. https://data.unhcr.org/fr/situations/ukraine 

10. Interactif – Rapport État de la migration dans le monde 2022 (iom.int)