Principaux faits
- Le sepsis est l’une des causes de décès les plus fréquentes dans le monde, mais il est difficile de recueillir des données fiables à ce sujet dans la population (1).
- Selon des données publiées en 2020, 48,9 millions de cas de sepsis et 11 millions de décès liés à cette maladie ont été enregistrés en 2017, ce qui représente 20 % des décès dans le monde (2).
- Près de la moitié (20 millions) des cas de sepsis dans le monde concernent des enfants de moins de cinq ans.
- On estime que pour 15 patients hospitalisés sur 1000, les soins se compliqueront d’un sepsis.
- Bien que le sepsis puisse toucher n’importe qui dans le monde, il existe d’importantes disparités régionales en matière d’incidence et de mortalité, les taux les plus élevés étant observés dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (2).
- Le sepsis coûte cher ; à l’hôpital, le coût moyen du sepsis est estimé à plus de 32 000 dollars des États-Unis par patient dans les pays à revenu élevé (3).
Vue d’ensemble
Le sepsis est une affection potentiellement mortelle qui survient lorsque le système immunitaire réagit de façon extrême à une infection, entraînant une dysfonction d’organe (4). Cette réaction immunitaire provoque des lésions tissulaires et organiques et peut entraîner un état de choc, une défaillance multiviscérale et parfois le décès, surtout si elle n’est pas détectée tôt et traitée rapidement.
Le sepsis peut toucher n’importe qui, mais les personnes âgées, les jeunes, les femmes enceintes ou les personnes souffrant d’autres problèmes de santé sont exposées à un risque plus élevé.
Les signes courants du sepsis sont la fièvre, une tachycardie, une respiration rapide, un état confusionnel et des douleurs. Le sepsis peut évoluer vers un choc septique et une défaillance multiviscérale, et entraîner la mort.
Le sepsis est généralement la conséquence d’infections bactériennes, mais il peut aussi être causé par d’autres agents pathogènes, comme des virus, des parasites ou des champignons. Son traitement repose sur des soins médicaux, y compris l’administration d’antimicrobiens et de solutés intraveineux, et sur d’autres mesures.
Le sepsis contracté dans les établissements de soins est l’un des événements indésirables les plus fréquents et touche des centaines de millions de patients et de patientes dans le monde chaque année.
Les infections associées aux soins sont causées par des agents pathogènes qui sont souvent pharmacorésistants et qui peuvent entraîner rapidement une dégradation de l’état de santé. La résistance aux antimicrobiens est un facteur majeur déterminant l’absence de réponse clinique au traitement et une évolution rapide vers le sepsis et le choc septique. Les patients et patientes atteints de sepsis dû à des agents pathogènes résistants risquent davantage de mourir à l’hôpital. On estime qu’en 2019, 4,95 millions de décès étaient associés à la résistance aux antimicrobiens, dont 1,27 million y étaient directement imputables (5).
La mise en œuvre de mesures préventives contre les infections, telles que de bonnes pratiques d’hygiène, l’accès aux programmes de vaccination, un assainissement amélioré et une eau de meilleure qualité, ainsi que d’autres bonnes pratiques de lutte anti-infectieuse, tant dans la communauté que dans les établissements de soins de santé, constituent des étapes clés pour réduire la survenue du sepsis. Le diagnostic précoce, accompagné d’une prise en charge clinique rapide et adaptée, notamment l’utilisation optimale d’antimicrobiens et le remplissage vasculaire sont essentiels pour améliorer les chances de survie. Le sepsis peut être aigu et provoquer le décès à court terme, mais il peut aussi entraîner des séquelles majeures durables nécessitant un traitement et un soutien. Ainsi le sepsis nécessite l’adoption d’une approche pluridisciplinaire.
Quelles sont les personnes à risque ?
Toute personne souffrant d’une infection, d’un traumatisme sévère ou d’une maladie non transmissible grave peut être atteinte de sepsis, toutefois les populations vulnérables sont particulièrement à risque (6,7), notamment :
- les personnes âgées ;
- les femmes enceintes ou les femmes dont la grossesse a pris fin récemment ;
- les nouveau-nés ;
- les patients et patientes hospitalisés ;
- les patients et patientes en unité de soins intensifs ;
- les personnes dont le système immunitaire est affaibli (par exemple, en raison d’une infection à VIH ou d’un cancer) ;
- les personnes atteintes de maladies chroniques (par exemple, d’une maladie rénale ou d’une cirrhose).
Signes et symptômes
Le sepsis est une urgence médicale dont les manifestations cliniques varient selon les moments. Les personnes qui pensent être atteintes de sepsis doivent immédiatement consulter un médecin.
Parmi les signes et symptômes courants figurent notamment :
- fièvre ou température basse et frissons
- état confusionnel
- dyspnée
- peau moite ou en sueur
- douleurs extrêmes ou malaise
- tachycardie, pouls faible ou hypotension artérielle
- oligurie
Chez l’enfant, les symptômes sont les suivants :
- respiration rapide
- convulsions
- pâleur
- léthargie
- difficulté à se réveiller
- sensation de froid au toucher.
Chez les enfants de moins de cinq ans, le sepsis peut causer des difficultés à s’alimenter, des vomissements fréquents ou l’absence de miction.
Prévention
Il est possible de prévenir le sepsis en administrant rapidement un traitement anti-infectieux et en appliquant des mesures d’hygiène appropriées à domicile et dans les établissements de soins de santé.
La meilleure façon de réduire le risque de sepsis est d’éviter les infections :
- en ayant une bonne hygiène personnelle, par exemple en se lavant les mains et en préparant les aliments selon des règles de sécurité sanitaire ;
- en évitant de boire de l’eau non potable ou d’utiliser des toilettes insalubres ;
- en se faisant administrer les vaccins recommandés par les autorités sanitaires locales ;
- en ayant une alimentation saine ;
- en allaitant les nouveau-nés au sein.
Les hôpitaux et les autres structures de soins doivent suivre des règles efficaces de lutte anti-infectieuse. Il convient d’utiliser les antibiotiques de manière appropriée pour traiter les infections.
Le sepsis est toujours une maladie grave, mais le risque est plus grand pour les personnes vivant avec le VIH ou atteintes de tuberculose, de paludisme ou d’autres maladies infectieuses.
Traitement
Le traitement du sepsis est plus efficace lorsqu’il est instauré tôt.
Les agents de santé doivent être attentifs aux signes inquiétants et utiliser des tests pour poser le diagnostic de sepsis. Ils s’efforceront ensuite de trouver l’origine de l’infection. L’utilisation précoce d’antimicrobiens contre les bactéries, les parasites, les champignons ou les virus est essentielle pour améliorer l’issue du sepsis.
L’hypotension artérielle est traitée par l’administration de solutés intraveineux et parfois de médicaments appelés vasopresseurs, susceptibles d’augmenter la pression artérielle.
La résistance aux antibiotiques peut rendre le traitement plus difficile.
Objectifs de développement durable
Le sepsis est une cause importante de décès de mères, de nouveau-nés et d’enfants. Par conséquent, la lutte contre le sepsis contribuera à la réalisation de la cible 3.8 des objectifs de développement durable (ODD) sur la qualité des soins, ainsi que des cibles 3.1 et 3.2 des ODD grâce à l’amélioration des taux de mortalité au sein de ces populations vulnérables. Le sepsis peut également entraîner la mort de patients et de patientes touchés par une infection à VIH, la tuberculose, le paludisme et d’autres maladies infectieuses figurant dans la cible 3.3. La prévention et/ou le diagnostic et la prise en charge appropriés du sepsis sont également liés à une couverture vaccinale adéquate, à une couverture sanitaire universelle de qualité, aux capacités nécessaires pour respecter les prescriptions du Règlement sanitaire international, à la préparation et aux services d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Cependant, le plus difficile est encore de parvenir à une prévention, à un diagnostic et à une prise en charge universels du sepsis.
Action de l’OMS
Pour lutter contre cette importante menace pour la santé mondiale, l’OMS a élaboré un rapport du Secrétariat et, en mai 2017, la Soixante-Dixième Assemblée mondiale de la Santé a adopté la Résolution WHA70.7 sur l’amélioration de la prévention, du diagnostic et de la prise en charge clinique de l’état septique. Les principaux points de la résolution WHA70.7 sont les suivants :
- mettre au point des orientations générales de l’OMS sur la prise en charge de l’état septique ;
- attirer l’attention sur les conséquences de l’état septique pour la santé publique et estimer la charge de morbidité qui lui est imputable au niveau mondial ;
- prêter un concours aux États Membres dans la définition de normes et la mise en place des lignes directrices, des infrastructures, des moyens de laboratoire, des stratégies et des outils nécessaires pour réduire l’incidence de l’état septique et la mortalité qui en découle ; et
- collaborer avec les autres organisations du système des Nations Unies, les partenaires, les organisations internationales et les autres parties prenantes afin d’améliorer l’accès à des types de traitements de l’état septique et à des mesures de lutte anti-infectieuse, y compris la vaccination.
En collaboration et en coordination avec les Bureaux régionaux de l’OMS, les États Membres et d’autres parties prenantes, plusieurs programmes du Siège de l’OMS étudient actuellement l’impact du sepsis sur la santé publique et fournissent des orientations et un soutien aux pays en matière de prévention et de diagnostic précoce accompagné d’une prise en charge clinique rapide et adaptée.
- Fleischmann-Struzek C, Rudd K. Challenges of assessing the burden of sepsis. Med Klin Intensivmed Notfmed. 2023 Dec;118(Suppl 2):68-74. doi: 10.1007/s00063-023-01088-7.
- Rudd KE, Johnson SC, Agesa KM, Shackelford KA, Tsoi D, Kievlan DR, Colombara DV, Ikuta KS, Kissoon N, Finfer S, Fleischmann-Struzek C, Machado FR, Reinhart KK, Rowan K, Seymour CW, Watson RS, West TE, Marinho F, Hay SI, Lozano R, Lopez AD, Angus DC, Murray CJL, Naghavi M. Global, regional, and national sepsis incidence and mortality, 1990-2017: analysis for the Global Burden of Disease Study. Lancet. 2020 Jan 18;395(10219):200-211. doi: 10.1016/S0140-6736(19)32989-7.
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