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Trachome

21 octobre 2024

Principaux faits

  • Le trachome est une maladie infectieuse de l’œil due à une bactérie, Chlamydia trachomatis.
  • Cette maladie constitue un problème de santé publique dans 38 pays et est responsable de cécité ou de déficiences visuelles pour environ 1,9 million de personnes.
  • La cécité due au trachome est irréversible.
  • Selon des données d’avril 2024, 103 millions de personnes vivent dans des zones où le trachome est endémique et risquent la cécité.
  • L’infection se transmet par contact (mains, vêtements, draps) et par les mouches qui ont été en contact avec l’écoulement oculaire ou nasal de personnes infectées. En cas d’épisodes répétés sur plusieurs années, on observe un retournement vers l’intérieur des cils, touchant le globe oculaire, ce qui peut entraîner des douleurs et une gêne et endommager de façon permanente la cornée.
  • En 2023, 130 746 personnes ont reçu un traitement chirurgical pour un stade avancé de la maladie et 32,9 millions de personnes ont été traitées par antibiotiques. La couverture antibiotique au niveau mondial atteignait 29 % en 2023.

Vue d’ensemble

Le trachome est la principale cause de cécité d’origine infectieuse dans le monde. Il est dû à une bactérie intracellulaire obligatoire, Chlamydia trachomatis. L’infection se transmet par contact direct ou indirect avec l’écoulement oculaire ou nasal de personnes infectées, en particulier les jeunes enfants qui forment le principal réservoir de l’infection. Il est également transmis par certaines espèces de mouches qui ont été en contact avec les yeux ou le nez de personnes infectées.

Symptômes et transmission

Dans les zones où le trachome est endémique, le trachome évolutif (inflammatoire) est fréquent chez les enfants d’âge préscolaire, avec des taux de prévalence qui peuvent atteindre 60 % à 90 %. L’infection est moins fréquente et plus courte à mesure que l’âge augmente. Elle est généralement contractée en raison d’une proximité étroite avec une personne atteinte de la maladie évolutive et la famille est le principal environnement de la transmission. Le système immunitaire peut vaincre un épisode infectieux isolé, mais dans les communautés d’endémie, les sujets se réinfectent fréquemment.

Après des années d’infections répétées, l’intérieur de la paupière peut se couvrir de tissus cicatriciels (cicatrices conjonctivales) au point que le bord de la paupière se retourne vers l’intérieur et que les cils frottent contre le globe oculaire (trichiasis), ce qui provoque une douleur constante et une intolérance à la lumière ; cette altération de l’œil, parmi d’autres, peut provoquer l’apparition de cicatrices sur la cornée. Faute de traitement, cette affection conduit à la formation d’opacités irréversibles puis à l’apparition de déficiences visuelles et de la cécité. L’âge auquel ces problèmes surviennent dépend de plusieurs facteurs, dont l’intensité de la transmission locale. Dans les communautés de forte endémie, ils peuvent apparaître dès l’enfance, mais la déficience visuelle survient généralement entre 30 et 40 ans.

Les déficiences visuelles ou la cécité aggravent les difficultés des individus et de leur famille, qui figurent déjà parmi les plus pauvres. Les femmes sont jusqu’à quatre fois plus touchées que les hommes, probablement parce qu’elles sont davantage en contact avec des enfants infectés, d’où une plus grande fréquence des épisodes infectieux.

Les facteurs environnementaux associés à une transmission plus intense de C. trachomatis sont les suivants :

  • une hygiène insuffisante ;
  • des logements surpeuplés ;
  • un accès insuffisant à l’eau ; et
  • un accès insuffisant aux moyens d’assainissement et leur mauvaise utilisation.

Répartition géographique

Le trachome est hyperendémique dans un grand nombre des régions parmi les plus pauvres et les plus rurales d’Afrique, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Asie, d’Australie et du Moyen-Orient.

Il est responsable de déficiences visuelles et de cécité chez environ 1,9 million de personnes. Cela représente environ 1,4 % des cas de cécité dans le monde.

Dans l’ensemble, l’Afrique reste le continent le plus touché et celui où les efforts de lutte sont les plus intensifs. Au 21 octobre 2024, l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique avait été validée dans 21 pays (Arabie saoudite, Bénin, Cambodge, Chine, Gambie, Ghana, Inde, Iraq, Malawi, Mali, Maroc, Mexique, Myanmar, Népal, Pakistan, Oman, République démocratique populaire lao, République islamique d’Iran, Togo, Vanuatu et Viet Nam).

Impact économique

La charge du trachome pour les personnes et les communautés touchées est considérable. Son coût en termes de perte de productivité en raison des déficiences visuelles et de la cécité, est estimé entre 2,9 et 5,3 milliards de dollars des États-Unis (USD) par an, voire 8 milliards (USD) si l’on inclut le trichiasis.

Prévention et lutte

Les programmes d’élimination du trachome dans les pays d’endémie sont mis en œuvre dans le cadre de la stratégie CHANCE, recommandée par l’OMS, qui comprend :

  • la chirurgie pour traiter le stade cécitant de la maladie (trichiasis trachomateux) ;
  • les antibiotiques pour traiter l’infection, en particulier dans le cadre d’une administration massive, donnés par le fabricant aux programmes d’élimination par l’intermédiaire de l’Initiative internationale contre le trachome ;
  • le nettoyage du visage ; et
  • l’amélioration de l’environnement, en particulier en améliorant l’accès à l’eau potable et l’assainissement.

La plupart des pays d’endémie ont convenu d’accélérer la mise en œuvre de cette stratégie afin d’atteindre les cibles en matière d’élimination.

Les données communiquées à l’OMS par les États Membres en 2023 montrent que, cette année-là, 130 746 personnes atteintes de trichiasis trachomateux ont bénéficié d’une chirurgie correctrice et 32,9 millions de personnes vivant dans les communautés d’endémie ont bénéficié d’un traitement antibiotique pour éliminer le trachome. En 2019, quand la COVID-19 ne compromettait pas la capacité des programmes à mener des activités communautaires, 92 622 personnes atteintes de trichiasis trachomateux ont bénéficié d’une chirurgie correctrice, et 95,2 millions de personnes ont reçu des antibiotiques.

Les efforts d’élimination doivent se poursuivre si l’on veut atteindre la cible fixée dans la résolution de l’Assemblée mondiale de la Santé (WHA51.11), à savoir l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique (1). L’entière coopération d’autres acteurs impliqués dans les services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et dans le développement socio-économique sera particulièrement importante.

Action de l’OMS

L’OMS a adopté la stratégie CHANCE en 1993. Elle a pour mandat de diriger et de coordonner les efforts internationaux visant à éliminer le trachome en tant que problème de santé publique et de faire rapport sur les progrès accomplis en vue d’atteindre cette cible.

En 1996, l’OMS a lancé l’Alliance pour l’élimination mondiale du trachome d’ici 2020. Il s’agit d’un partenariat qui soutient la mise en œuvre de la stratégie CHANCE et le renforcement des capacités nationales à travers l’évaluation épidémiologique, le suivi, la surveillance de la maladie, l’évaluation des projets menés et la mobilisation de ressources.

La résolution WHA51.11 adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé en 1998 vise l’élimination mondiale du trachome en tant que problème de santé publique. La date cible était l’année 2020. La feuille de route 2021-2030 sur les maladies tropicales négligées, approuvée par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2020, par sa décision WHA73(33), fixe l’année 2030 comme nouvelle date cible pour l’élimination mondiale de la maladie.


(1) L’élimination du trachome en tant que problème de santé publique se définit comme suit : i) prévalence du trichiasis trachomateux inférieure à 0,2 % des adultes de plus de 15 ans (soit environ 1 cas pour 1000 habitants) ; et ii) prévalence de l’infection trachomateuse folliculaire inférieure à 5 % chez les enfants âgés de 1 à 9 ans, maintenue pendant au moins deux ans en l’absence de traitement de masse antibiotique en cours, dans chaque région où le trachome était anciennement endémique ; plus (iii) existence d’un système capable d’identifier et de gérer les cas de trichiasis trachomateux, en utilisant des stratégies définies et des ressources financières appropriées.