WHO / Panos Pictures / Saiyna Bashir
Health worker Ishrat M. visit a village during a door-to-door campaign for malaria outbreak response and prevention in Sohbatpur, Pakistan.
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Couverture sanitaire universelle (CSU)

26 mars 2025

Principaux faits

  • À l’échelle mondiale, les pays ne progressent pas de manière significative pour parvenir à la couverture sanitaire universelle (cible 3.8 des ODD) d’ici à 2030. Les progrès réalisés dans la couverture des services de santé stagnent depuis 2015, tandis que la part de la population confrontée à des dépenses de santé directes catastrophiques ne cesse d’augmenter depuis 2000. On observe cette tendance mondiale dans toutes les régions et dans la majorité des pays.
  • L’indice de couverture des services en vue de la CSU est passé de 45 à 68 entre 2000 et 2021. Cependant, les progrès récemment accomplis pour élargir la couverture ont ralenti par rapport aux avancées réalisées avant 2015 ; ils n’ont permis de gagner que 3 points d’indice entre 2015 et 2021 et sont au point mort depuis 2019.
  • La part de la population non couverte par les services de santé essentiels a diminué d’environ 15 % entre 2000 et 2021, mais peu de progrès ont été réalisés à cet égard après 2015. Cela signifie qu’environ 4,5 milliards de personnes n’étaient pas entièrement couvertes par les services de santé essentiels en 2021.
  • Sur les quelque 2 milliards de personnes confrontées à des difficultés financières, 1 milliard font face à des dépenses de santé directes catastrophiques (indicateur 3.8.2 des ODD) et 344 millions sombrent dans l’extrême pauvreté en raison des coûts de santé.
  • Au plus fort de la pandémie de COVID-19 en 2021, les services essentiels ont été perturbés dans 92 % des pays. En 2022, 84 % des pays signalaient encore des perturbations.
  • Pour reconstruire en mieux, l’OMS recommande de réorienter les systèmes de santé en adoptant une approche axée sur les soins de santé primaires. La plupart des interventions essentielles de CSU (90 %) peuvent être réalisées au moyen d’une approche axée sur les soins de santé primaires, ce qui pourrait sauver 60 millions de vies et augmenter l’espérance de vie moyenne mondiale de 3,7 ans d’ici à 2030.

 

Vue d’ensemble

La couverture sanitaire universelle (CSU) signifie que chaque personne peut avoir recours aux services de santé dont elle a besoin, où et quand elle en a besoin, sans être exposée à des difficultés financières. Cela concerne l’ensemble des services de santé essentiels tout au long de la vie, de la promotion de la santé à la prévention, au traitement, à la réadaptation et aux soins palliatifs.

Pour assurer la prestation de ces services, il faut des personnels de santé et d’aide à la personne qui possèdent une combinaison optimale de compétences à tous les niveaux du système de santé, qui soient répartis équitablement, à qui il est apporté un soutien adéquat avec un accès à des produits de qualité garantie, et dont les conditions de travail sont décentes.

En protégeant les gens des conséquences financières du paiement des services de santé à leur charge, on réduit le risque qu’ils sombrent dans la pauvreté lorsque des services et traitements dont ils ont besoin les forcent à dépenser les économies de toute une vie, à vendre leurs biens ou à emprunter, détruisant ainsi leur avenir et celui de leurs enfants.

La CSU est l’une des cibles que les pays du monde se sont fixées lorsqu’ils ont adopté en 2015 les objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la CSU en 2019, les pays ont réaffirmé que la santé était à la fois une condition préalable, un résultat et un indicateur du développement durable dans ses dimensions sociale, économique et environnementale. Le treizième programme général de travail de l’OMS vise à faire en sorte qu’un milliard de personnes supplémentaires bénéficient de la CSU d’ici à 2025, tout en contribuant à mieux protéger un milliard de personnes supplémentaires face aux situations d’urgence sanitaire et à faire bénéficier un milliard de personnes supplémentaires d’un meilleur état de santé et d’un plus grand bien-être.

Progrès accomplis sur la voie de la couverture sanitaire universelle

Avant la pandémie de COVID-19, les progrès accomplis sur la voie de la CSU étaient déjà chancelants. Le rythme impressionnant des progrès réalisés pour élargir la couverture des services avant 2015 ne s’est pas maintenu : l’indice de couverture des services en vue de la CSU (indicateur 3.8.1 des ODD) n’a augmenté que de 3 points pour s’établir à 68 en 2019 et a stagné à ce niveau jusqu’en 2021. Cela signifie qu’environ 4,5 milliards de personnes n’étaient pas entièrement couvertes par les services de santé essentiels en 2021. La part de la population confrontée à des dépenses de santé directes catastrophiques (ODD 3.8.2) ne cesse d’augmenter ; elle est passée de 9,6 % en 2000 à 13,5 % en 2019, soit plus de 1 milliard de personnes. En 2019, les dépenses de santé à la charge des patients ont fait sombrer 344 millions de personnes dans l’extrême pauvreté et 1,3 milliard dans la pauvreté relative. Au total, 2 milliards de personnes ont été confrontées à une forme ou à une autre de difficultés financières (catastrophiques, appauvrissantes ou les deux) en 2019.

La tendance observée récemment à l’échelle mondiale, à savoir une stagnation des progrès réalisés dans la couverture des services de santé et une hausse continue de la part de la population confrontée à des dépenses de santé directes catastrophiques, concerne toutes les régions, tous groupes de revenu confondus, et la majorité des pays, à tous les niveaux de revenu.

Les inégalités restent un défi essentiel à relever en matière de CSU. Même lorsque la couverture des services de santé progresse au niveau national, les données agrégées masquent les inégalités au sein des pays. Par exemple, la couverture par les services de santé reproductive et de santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent tend à être meilleure pour les franges de la population plus aisées, plus instruites et qui vivent dans les zones urbaines, en particulier dans les pays à revenu faible. En ce qui concerne les difficultés financières, les dépenses de santé directes catastrophiques sont plus fréquentes parmi les personnes qui vivent dans des ménages où l’on trouve des personnes âgées (60 ans ou plus). Les personnes vivant dans des ménages pauvres, en zone rurale, avec des membres plus âgés (60 ans ou plus) sont plus susceptibles de sombrer dans la pauvreté en raison des dépenses de santé directes. Le suivi des inégalités en matière de santé est essentiel pour identifier et suivre les populations défavorisées, afin de fournir aux décideurs une base factuelle leur permettant d’élaborer des politiques, des programmes et des pratiques plus axés sur l’équité en vue de progressivement faire de la CSU une réalité. Il faut également recueillir des données de meilleure qualité concernant les inégalités entre les genres, les désavantages socioéconomiques et les problèmes spécifiques auxquels sont confrontés les peuples autochtones et les populations réfugiées et migrantes déplacées par les conflits et les crises économiques et environnementales.

Au plus fort de la pandémie de COVID-19 en 2021, les services essentiels ont été perturbés dans 92 % des pays. En 2022, 84 % des pays signalaient encore des perturbations. En 2021, quelque 25 millions d’enfants de moins de 5 ans n’ont pas été vaccinés systématiquement. Des disparités flagrantes ont marqué l’accès aux vaccins contre la COVID-19, avec une moyenne de 34 % de la population vaccinée dans les pays à revenu faible contre près de 73 % dans les pays à revenu élevé en juin 2023. Les interruptions de service ont également augmenté au niveau des interventions de soins d’urgence, de soins critiques et de soins chirurgicaux susceptibles de sauver des vies, ce qui a probablement eu d’importantes incidences à court terme sur les résultats en matière de santé. 

Pour jeter les bases de la CSU et progresser en vue de sa concrétisation, l’OMS recommande de réorienter les systèmes de santé en adoptant une approche axée sur les soins de santé primaires. Les soins de santé primaires représentent le moyen le plus inclusif, le plus équitable, le plus économique et le plus efficace d’améliorer la santé physique et mentale des populations, ainsi que le bien-être social. Ils permettent un accès universel et intégré aux services de santé au plus près de l’environnement quotidien des personnes. En outre, ils favorisent la fourniture d’une gamme complète de services et de produits de qualité dont la population a besoin pour sa santé et son bien-être, ce qui permet d’améliorer la couverture et la protection financière. Des économies significatives peuvent être réalisées, et la plupart des interventions essentielles de CSU (90 %) peuvent être réalisées grâce à une approche axée sur les soins de santé primaires. Par ailleurs, environ 75 % des progrès attendus dans le domaine de la santé grâce aux ODD pourraient être réalisés au moyen des soins de santé primaires, qui permettraient notamment de sauver plus de 60 millions de vies et d’augmenter l’espérance de vie moyenne mondiale de 3,7 ans d’ici à 2030.

Le renforcement des systèmes de santé fondés sur les soins de santé primaires devrait produire un impact mesurable sur la santé dans les pays.

Peut-on mesurer les progrès vers la couverture sanitaire universelle ?

Oui.

La cible des ODD relative à la CSU mesure la capacité des pays à faire en sorte que chaque personne reçoive les soins de santé dont elle a besoin, où et quand elle en a besoin, sans être exposée à des difficultés financières. Cela concerne l’ensemble des services de santé essentiels, de la promotion de la santé à la prévention, à la protection, au traitement, à la réadaptation et aux soins palliatifs. Les progrès accomplis en matière de CSU sont mesurés par deux indicateurs :

  • la couverture des services de santé essentiels (ODD 3.8.1) ; et
  • les dépenses de santé catastrophiques (et indicateurs connexes) (ODD 3.8.2).

De plus amples informations figurent dans les questions-réponses disponibles ici (en anglais)

Des données détaillées sont présentées dans le recueil de données de l’Observatoire mondial de la santé de l’OMS concernant la CSU (en anglais). Les profils de pays peuvent être téléchargés à l’adresse https://data.who.int/fr/home.

Sur la base de ces données, l’OMS publie des rapports mondiaux sur la CSU tous les deux ans. Consulter les rapports ici (en anglais).

Action de l’OMS

La CSU est solidement ancrée dans la Constitution de l’OMS de 1948, qui fait de la santé un droit fondamental de la personne et où figure l’engagement de veiller à ce que chacun et chacune puisse atteindre le meilleur état de santé possible.

Pour jeter les bases de la CSU, l’OMS recommande de réorienter les systèmes de santé en adoptant une approche axée sur les soins de santé primaires. Dans les pays dotés de systèmes de santé fragiles, l’OMS se concentre sur l’assistance technique afin de mettre en place des institutions nationales et des prestations de services qui permettent de combler les lacunes majeures en cas de situations d’urgence. Face à des systèmes de santé plus robustes, l’OMS encourage les actions en faveur de la santé publique afin d’assurer une couverture sanitaire pour toutes et tous, au moyen d’un dialogue politique sur les systèmes de demain et d’un soutien stratégique visant à améliorer les résultats.

Mais l’OMS n’agit pas seule : elle œuvre avec de nombreux partenaires dans différentes situations et pour différentes finalités, afin de faire avancer les progrès vers la CSU dans le monde entier.

Parmi les partenariats de l’OMS figurent notamment les suivants :