Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point de presse sur le nouveau coronavirus 2019

8 février 2020

Bonjour à tous, merci pour votre présence un samedi. 

Aujourd’hui, je vais rompre la tradition et commencer par un point rapide sur la flambée épidémique de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo (RDC). 

Comme la flambée due au nouveau coronavirus, elle fait partie des nombreuses épidémies que l’OMS combat dans le monde. Au moment où je vous parle, notre division Action en cas d’urgence fait face à 216 événements. 

Depuis le début du mois de février, il y a eu trois cas de maladie à virus Ebola en RDC. Il est trop tôt pour se réjouir tant que des cas subsistent en RDC – le risque de propagation à l’intérieur du pays et vers les pays limitrophes reste très élevé. Mais les choses vont dans le bon sens.   

Ces progrès doivent être salués. Malgré les menaces constantes pour leur sécurité, les intervenants sur le terrain, le plus souvent issus de la population, ont adapté la riposte aux particularités locales afin qu’elle soit plus efficace et mieux acceptée. 

Parallèlement à des traitements améliorés, qui réduisent fortement la mortalité, et à un vaccin sûr et efficace désormais homologué, la riposte a été fortement renforcée et un cap est fixé pour se préparer aux futures épidémies d’Ebola et d’autres maladies et pour les combattre.  

Nous devons profiter de la dynamique engagée en RDC pour venir à bout de cette flambée, puis investir dans un système de santé solide et résilient capable d'éradiquer rapidement les flambées de demain. Je voudrais saisir cette occasion pour remercier le gouvernement de la RDC pour son leadership, et rendre hommage aux agents de santé, aux autres intervenants et à tous les partenaires qui ont apporté un appui à la lutte contre Ebola. 

Concernant le nouveau coronavirus, voici les derniers chiffres. On dénombre aujourd’hui en Chine 34 598 cas confirmés, dont 723 décès. 

Hors de Chine, on dénombre 288 cas dans 24 pays, dont 1 décès. 

Je voudrais aussi évoquer rapidement combien il est important, dans cette épidémie de nouveau coronavirus, de s’en tenir aux faits et de ne pas céder à la peur. Les gens doivent avoir accès à des informations fiables pour se protéger et protéger les autres. 

Alors que le virus le propage, la désinformation rend plus difficile encore le travail de nos agents de santé héroïques. Elle détourne l’attention des décideurs. Et elle sème la confusion et la peur chez la population. 

À l’OMS, nous ne faisons pas que combattre le virus ; nous luttons aussi contre les trolls et les conspirationnistes qui diffusent ces fausses informations et sapent l’action menée. 

Pour reprendre le titre d’un article publié aujourd’hui dans le Guardian, la désinformation sur le coronavirus est « sans doute ce qu’il y a de plus contagieux ». 

Face à ce phénomène, l’OMS et ses partenaires ripostent sur quatre fronts. 

Premièrement, nous tirons parti de notre réseau existant, le Réseau d’information de l’OMS sur les épidémies, EPI-WIN. Les équipes OMS de communication sur les risques et de gestion des « infodémies » font un suivi actif de la désinformation, dans plusieurs langues. 

Deuxièmement, l’équipe OMS de gestion des infodémies travaille main dans la main avec notre département de la communication dans la diffusion d’information au grand public. 

Il s’agit notamment de couper court aux rumeurs, en publiant des conseils pour dissiper les idées reçues ou en diffusant en direct des questions-réponses avec des experts – sur notre site Web, dans les médias sociaux et dans les autres médias. 

Troisièmement, nous collaborons avec les moteurs de recherche, les médias sociaux et d’autres entreprises du numérique, comme Facebook, Google, Tencent, Baidu, Twitter, TikTok, Weibo, Pinterest, etc. 

Nous leur demandons de ne pas inclure les fausses informations et de promouvoir les informations fiables émanant de sources crédibles comme l’OMS, les CDC, etc. Ils ont pris des mesures et nous les en remercions. 

Enfin, nous avons demandé aux influenceurs, notamment sur Instagram et YouTube, de nous aider à diffuser des messages factuels à ceux qui les suivent, en particulier dans la Région Asie-Pacifique. 

Ainsi, face au déferlement de fausses informations, nous fédérons les acteurs capables d’expliquer quels sont les faits et d’en finir avec les idées fausses.  

Avant de conclure, je voudrais remercier tous ceux qui ont apporté des contributions ces derniers jours, depuis que nous avons lancé un appel en vue de mobiliser US $675 millions pour intensifier la riposte face au nouveau coronavirus. 

Il est très important de garantir que toutes les activités de riposte bénéficient d’un financement adapté, au niveau de l’OMS comme de nos principaux partenaires. Je tiens à remercier les donateurs qui se sont déjà manifestés : les États-Unis, le Royaume-Uni, la Fondation Bill & Melinda Gates, les Pays-Bas, la République tchèque, le Japon et le Wellcome Trust. 

Mais il faut plus de fonds pour agir et nous appelons tous les donateurs à se mobiliser. 

Je vous remercie.