Comme vous le savez, je reviens de Chine où nous avons eu hier des entretiens avec le Président Xi Jinping, le Ministre de la santé Ma Xiaowei et le Ministre des affaires étrangères Wang Yi.
Avant cette visite, j’ai été presque quotidiennement en contact avec le Ministre de la santé sur la riposte à la flambée et l’appui que peut apporter l’OMS, car nous devons mettre l’accent sur l’épicentre de la flambée. La gestion de l’épidémie à l’épicentre contribue à éviter une propagation au reste du monde.
Au cours de la visite, nous avons pu avoir une série de discussions très franches fondées sur une compréhension mutuelle.
Nos discussions ont porté sur la poursuite de la collaboration concernant les mesures de confinement à Wuhan, les mesures de santé publique dans d’autres villes et provinces, les nouvelles études entreprises sur la gravité de l’infection et la transmissibilité du virus, et la fourniture de données et de matériels biologiques.
J’ai été à la fois très encouragé et impressionné par les connaissances détaillées du Président Xi concernant la flambée et par son engagement personnel dans la riposte, offrant un exemple d’exercice du pouvoir hors du commun.
Pour reprendre ses mots, les bonnes mesures ont été prises non seulement pour la Chine mais pour le monde entier.
Le Premier Ministre Li Keqiang s’est lui aussi rendu sur le terrain à Wuhan pour mieux cerner la flambée et diriger la riposte. Les efforts de la Chine pour contenir la flambée à l’épicentre ont été essentiels pour éviter une propagation ultérieure du virus.
La Chine a identifié l’agent pathogène en un temps record et communiqué immédiatement les informations qui ont conduit à la mise au point rapide d’outils de diagnostic. Elle s’est engagée à assurer une pleine transparence, tant à l’interne qu’avec l’extérieur, ainsi qu’à collaborer avec les autres pays qui ont besoin de son appui.
Par exemple, les cas en Allemagne signalés hier ont pour origine une Chinoise venue de Shanghai pour des raisons professionnelles. Asymptomatique à son arrivée, elle est tombée malade peu avant de reprendre l’avion pour regagner la Chine. Les tests effectués à son retour ont montré qu’elle était porteuse du virus, de même que ses parents venus lui rendre visite depuis Wuhan avant son départ.
Les responsables chinois ont immédiatement informé leurs homologues allemands, qui ont ainsi rapidement pu prendre les mesures voulues.
Cet exemple illustre bien la collaboration, fondée sur les principes de la solidarité et de la coopération, dont fait preuve la Chine avec l’OMS et les autres pays pour répondre à une urgence sanitaire mondiale.
Le Président Xi et moi-même avons convenu que l’OMS dirigera une équipe d’experts internationaux qui se rendra en Chine dès que possible pour chercher aux côtés des autorités chinoises à mieux comprendre la flambée afin d’orienter les efforts en vue de la riposte.
À ce jour, 6065 cas ont été confirmés, dont 5997 en Chine (ce qui représente près de 99 % du total mondial), et la flambée a entraîné 132 décès, tous en Chine ; nos pensées vont aux familles des victimes. En dehors de la Chine, on ne compte que 68 cas confirmés dans 15 pays, soit 1 % du nombre total, et il n’y a eu aucun décès à déplorer.
La grande majorité de ces cas hors de Chine sont survenus à la suite d’un voyage en Chine ou de contacts avec une personne ayant voyagé en Chine. Des signes existent d’une poignée de cas de transmission interhumaine en dehors de la Chine, une situation que nous suivons de très près.
Si à ce jour seuls 68 cas ont été déclarés hors de Chine sans entraîner de décès, c’est en grande partie grâce aux mesures sans précédent prises par les autorités chinoises pour éviter l’exportation des cas malgré les profondes répercussions économiques et autres qu’elles provoquent. Ces mesures forcent le respect et méritent notre reconnaissance.
L’OMS suit en permanence l’évolution de la flambée. Nous partageons les préoccupations de tous ceux qui sont inquiets pour leur propre santé et celle de leurs proches et de leurs amis. L’émergence d’un nouvel agent pathogène capable de provoquer une maladie sévère voire mortelle est un grave sujet de préoccupation et doit être prise très au sérieux.
C’est exactement ce que nous faisons. Nous devons plus que jamais être guidés par la science et prendre des décisions rationnelles fondées sur des bases factuelles.
Nous collaborons étroitement avec les responsables de la santé publique dans chacun des pays touchés pour suivre la propagation et la virulence du virus, et nous formulons des recommandations sur les mesures à prendre pour protéger la santé publique.
L’augmentation constante du nombre de cas et les données relatives à la transmission interhumaine hors de Chine suscitent de profondes préoccupations. Même si le nombre de cas hors de Chine reste relativement faible, le risque subsiste d’une épidémie à bien plus grande échelle.
J’ai donc décidé de convoquer à nouveau une réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international sur le nouveau coronavirus 2019, afin de déterminer si cette flambée constitue à son avis une urgence de santé publique de portée internationale et d’obtenir ses recommandations sur les meilleurs moyens de protéger le monde entier – tout en reconnaissant les efforts consentis par la Chine.