Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors de la réunion Financement des vaccins contre la COVID-19 pour l’Afrique : une approche panafricaine pour aborder la question de l’accès, de l’administration et de l’adoption des vaccins – 4 mars 2021

4 mars 2021

Excellences, chers invités, chers collègues et amis,

Bonjour à vous tous, et merci beaucoup de me donner l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui.

Lorsque la maladie à coronavirus est apparue pour la première fois il y a plus d’un an, nous étions tous profondément préoccupés par son impact potentiel en Afrique et dans d’autres régions où les systèmes de santé sont plus fragiles.

Jusqu’à présent, près de quatre millions de cas ont été signalés dans les pays de l’Union africaine et nous avons perdu plus de 100 000 frères et sœurs.

Nous savons que les chiffres réels sont encore plus élevés.

Mais la pandémie offre un paradoxe surprenant : certains pays parmi les plus riches, dotés des technologies médicales les plus avancées, ont été les plus durement touchés, tandis que de nombreux pays d’Afrique sont parvenus à empêcher ou à contrôler une transmission communautaire à grande échelle.

Cela est dû en partie à la longue expérience des pays africains s’agissant d’utiliser des outils de santé publique de base pour prévenir et combattre les flambées de maladies infectieuses.

Toutefois, nous savons aussi que, du fait de sa population relativement jeune, l’Afrique n’a pas connu le même nombre de cas de maladies graves et de décès que d’autres régions où la population est plus âgée.

La solidarité régionale a été un élément essentiel de la riposte, et je souhaiterais saluer le rôle de premier plan joué par le Président Ramaphosa et Monsieur Mouusa Faki dans l’élaboration de la stratégie continentale de lutte contre la COVID-19 en Afrique ainsi que dans la constitution d’une solide coalition regroupant d’importants dirigeants du monde politique et économique.

Depuis le début de la pandémie, l’OMS et ses partenaires ont œuvré jour et nuit pour assurer un accès équitable aux vaccins, aux produits de diagnostic et aux traitements contre la COVID-19.

Et nous avons collaboré avec nos partenaires pour aider les pays à se préparer au déploiement des vaccins.

Cette semaine, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont devenus les premiers pays à lancer la vaccination grâce aux doses fournies dans le cadre du Mécanisme COVAX.

Des doses ont également été livrées en Angola, en Gambie, au Kenya, au Lesotho, au Nigéria, en République démocratique du Congo, au Rwanda, au Sénégal et au Soudan.

D’ici la fin mai, 237 millions de doses de vaccins seront allouées à 142 économies participant au Mécanisme COVAX.

Cela est encourageant mais beaucoup d’efforts restent encore à fournir.

L’une de nos principales priorités est maintenant de redoubler d’ambition pour le COVAX afin d’aider tous les pays à mettre fin à la pandémie.

Cela suppose d’agir de toute urgence pour intensifier la fabrication en vue de parvenir à une augmentation rapide du volume de doses de vaccins.

Nous collaborons avec nos partenaires afin de trouver des moyens d’accroître la production, notamment le transfert de technologie, l’octroi volontaire de licences et d’autres mécanismes pour remédier aux goulets d’étranglement de la production.

Nous avons à cœur d’encourager une relation de travail plus étroite entre le Mécanisme COVAX et l’équipe spéciale pour l’acquisition de vaccins en Afrique afin de tirer parti des forces combinées des deux dispositifs pour assurer le déploiement à plus grande échelle et la distribution rapides de tous les vaccins nécessaires pour mettre fin à la pandémie à l’échelle du continent. 

Nous remercions également l’Afrique du Sud et l’Inde pour leur proposition présentée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en faveur d’une dérogation aux brevets sur les produits médicaux pour la COVID-19 jusqu’à la fin de la pandémie.

Nous encourageons d’autres pays africains à soutenir cette initiative.

Les flexibilités prévues par l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce sont faites pour être utilisées dans les cas d’urgence. Si ce n’est maintenant, quand le ferons-nous ?

En outre, nous vous prions instamment d’investir, en tant que Ministres des finances, dans la production locale de vaccins utiles pour faire face à cette pandémie mais aussi d’autres vaccins dont tous les pays ont besoin pour les programmes de vaccination systématique.

Enfin, nous ne devons pas oublier que, même si les vaccins nous aident à maîtriser la pandémie, nous devrons encore relever de nombreux défis qui existaient déjà auparavant.

Il n’existe pas de vaccin contre la pauvreté, la faim, les inégalités, les changements climatiques, le mariage d’enfants ou bon nombre d’autres problèmes auxquels nos frères et sœurs sont confrontés au quotidien.

La pandémie a mis en évidence le fait que la santé est essentielle pour l’avenir de l’Afrique.

Un coureur ne gagne pas des courses pour devenir plus rapide ; il gagne en rapidité pour remporter des compétitions.

De même, la santé n’est pas un produit des nations fortes et prospères mais un moyen pour qu’elles puissent le devenir.

Une population en bonne santé est une population productive, innovante et résiliente.

Et la meilleure façon de protéger et de promouvoir la santé d’une population est de s’assurer que tous ceux qui la composent puissent accéder aux produits et services dont ils ont besoin, sans être exposés à des difficultés financières.

C’est pourquoi je suis plus convaincu que jamais que, pour construire l’Afrique plus saine, plus sûre, plus équitable, plus prospère et plus durable que nous souhaitons tous, nous devons envisager la santé non comme un coût qu’il faudrait maîtriser mais comme un investissement qu’il faudrait favoriser – un investissement extrêmement fructueux.

L’OMS reste déterminée à aider tous les pays africains à mettre fin à la pandémie et à renforcer les systèmes de santé afin de construire l’Afrique plus saine, plus sûre et plus équitable que nous souhaitons tous.

Merci beaucoup.