Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point ‎presse sur la COVID-19 – 1er juin 2020‎

1 juin 2020

Bonjour, bon après-midi ou bonsoir.‎

Nous comptons désormais plus de six millions de cas de ‎COVID 19 à travers le monde et le virus a coûté la vie à plus de ‎‎370 000 personnes. ‎

Tandis que nous collaborons avec les gouvernements du monde ‎entier pour enrayer le virus et accélérer les progrès scientifiques ‎dans le domaine des produits de diagnostic, des traitements et des ‎vaccins, nous continuons également de faire face à d’autres ‎urgences sanitaires et à de nouvelles flambées épidémiques. ‎

Ainsi, le Gouvernement de la République démocratique du Congo a ‎annoncé aujourd’hui qu’une nouvelle flambée de maladie à virus ‎Ebola avait été signalée à proximité de la ville de Mbandaka dans la ‎province de l’Équateur. ‎

Cette annonce fait suite à une flambée complexe de maladie à virus ‎Ebola dans l’est de la RDC, qui semble désormais entrer dans sa ‎phase finale. La nouvelle flambée est apparue à l’autre bout du ‎pays, dans le nord-ouest de la RDC. ‎

L’OMS continuera d’apporter un soutien à la RDC pour faire face à ‎Ebola, mais aussi pour riposter à la COVID 19 et à la plus ‎importante flambée de rougeole au monde.  ‎

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Chaque semaine, l’OMS continue d’apporter au monde des ‎orientations techniques nouvelles ou mises à jour en s’appuyant ‎sur les données les plus probantes. ‎

Au cours de cette pandémie, nous avons vu que les ‎rassemblements de masse sont susceptibles de se convertir en ‎événement de propagation de masse.  ‎

Afin d’aider les groupes à planifier ce genre de rassemblements, ‎l’OMS a publié une version mise à jour des orientations destinées à ‎permettre aux organisations de voir comment et quand reprendre ‎ces rassemblements de masse en toute sécurité.  ‎

L’OMS a ainsi travaillé en étroite collaboration avec plusieurs ‎organisations sportives, comme la FIFA, l’UEFA ou Formula One, et ‎avec des groupes religieux, comme l’Organisation de la coopération ‎islamique, qui chapeaute le hajj, dans la mesure où ces organismes ‎évaluent les risques entourant les rassemblements de masse.  ‎

L’OMS a mis à jour son outil d’évaluation des risques, de sorte que ‎les organisations puissent noter chaque facteur de risque et chaque ‎mesure de contrôle pour aboutir à une note globale de risque. ‎

Au final, l’OMS rend un avis sur l’évaluation des risques et les ‎organisations décident de la meilleure façon de procéder.  ‎

Nous voulons tous voir la reprise des événements sportifs, mais ‎nous voulons nous assurer que cela se fasse de la façon la plus sûre ‎qui soit. ‎

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Nous savons tous que la COVID-19 a des répercussions qui vont ‎bien au-delà des décès et de la maladie que provoque le virus lui-‎même.‎

La pandémie a contraint des pays à faire des choix difficiles ‎concernant la suspension de certains services de santé.‎

En nous appuyant sur de précédentes orientations relatives au ‎maintien des services de santé essentiels durant la pandémie de ‎COVID-19, nous mettons aujourd’hui à disposition des orientations ‎opérationnelles portant sur la meilleure manière d’appliquer cela ‎concrètement. ‎

Veiller à coordonner et à élaborer de nouvelles solutions pour ‎prodiguer les soins tout en limitant les déplacements vers les ‎établissements de santé est essentiel pour maintenir les gens en ‎sécurité et faire en sorte que les systèmes de santé ne soient pas ‎surchargés. ‎

Cela suppose le recours aux technologies numériques pour fournir à ‎distance certains services ordinaires, ainsi que l’augmentation du ‎nombre de médicaments livrés à domicile.‎

L’un des domaines dans lesquels les services de santé ont été ‎particulièrement touchés est celui de la prise en charge des ‎personnes ayant une maladie non transmissible comme le diabète, ‎le cancer, une maladie cardiovasculaire ou une affection ‎respiratoire chronique.‎

Nous savons déjà que les personnes vivant avec une maladie non ‎transmissible courent plus de risques de tomber gravement ‎malades ou de mourir de la COVID-19. ‎

Parallèlement à cela, beaucoup de personnes vivant avec une ‎maladie non transmissible ne sont plus en mesure d’obtenir les ‎médicaments dont elles ont besoin. ‎

L’OMS a réalisé une rapide évaluation de l’offre de services pour les ‎maladies non transmissibles pendant la pandémie de COVID 19, ‎pour laquelle 155 pays ont apporté des données. ‎

Il ressort des résultats publiés aujourd’hui que les interruptions ‎totales ou partielles de services concernent plus de la moitié des ‎pays étudiés pour le traitement de l’hypertension ; la moitié pour le ‎traitement du diabète et des complications liées ; 42 % des pays ‎pour le traitement du cancer et 31 % pour les urgences ‎cardiovasculaires.   ‎

Les services de réadaptation ont été interrompus dans près des ‎deux tiers des pays.‎

Par conséquent, la riposte à la COVID-19 doit tenir compte des ‎besoins de santé des personnes vivant avec des maladies non ‎transmissibles. ‎

Or, l’une des principales causes des maladies non transmissibles est ‎le tabac. ‎

Cette année, la Journée mondiale sans tabac de l’OMS était axée ‎sur les jeunes et visait à leur faire comprendre les tactiques ‎auxquelles l’industrie du tabac a recours pour les manipuler et les ‎amener à consommer des produits meurtriers qui tuent 8 millions ‎de personnes chaque année. ‎

Même en cette période de pandémie mondiale, alors que nous ‎savons que le tabac fait courir à ses utilisateurs un risque de ‎maladie grave et de décès, l’industrie du tabac et de la nicotine ‎s’obstine à déployer ses tactiques de commercialisation ‎dangereuses destinées à attirer de nouveaux consommateurs. ‎

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De la même manière que nous continuons à répondre à des ‎menaces bien connues pour la santé, comme le tabac, nous ‎cherchons également à contrer l’un des enjeux les plus pressants de ‎notre époque : la menace de la résistance aux antimicrobiens.‎

Je suis heureux de pouvoir dire que jamais autant de pays n’ont ‎suivi et déclaré la résistance aux antibiotiques – ce qui marque une ‎étape majeure dans le combat mené à l’échelle mondiale contre la ‎résistance aux médicaments. ‎

Cependant, les informations qu’ils communiquent donnent à voir ‎un nombre inquiétant d’infections bactériennes qui deviennent de ‎plus en plus résistantes aux médicaments habituellement utilisés ‎pour les soigner. ‎

À mesure que nous accumulons les preuves, il apparaît clairement ‎que le monde entier perd de sa capacité à recourir à des ‎médicaments antimicrobiens ayant une importance critique. ‎

Du côté de la demande, on constate dans certains pays un recours ‎excessif aux antibiotiques et aux agents antimicrobiens tant chez ‎l’homme que chez l’animal. ‎

Cependant, dans bien des pays à revenu faible et intermédiaire, ces ‎médicaments essentiels sont hors de portée des personnes qui en ‎ont besoin, ce qui entraîne des souffrances inutiles et des décès. ‎

Du côté de l’offre, le marché n’apporte fondamentalement que peu ‎d’encouragements à mettre au point de nouveaux antibiotiques et ‎agents antimicrobiens, ce qui s’est traduit par plusieurs échecs ‎commerciaux d’outils très prometteurs ces dernières années. ‎

Nous devons trouver de nouveaux modèles pour encourager ‎l’innovation durable, comme l’a démontré l’essai Solidarity pour la ‎COVID-19, mais il nous faut aussi trouver des solutions pour ‎accélérer le développement de candidats viables. ‎

La pandémie de COVID 19 a entraîné un recours accru aux ‎antibiotiques, ce qui provoquera au final une hausse des taux de ‎résistance bactérienne et aura une incidence sur la charge de ‎morbidité et le nombre de décès pendant et après la pandémie. ‎

Dans la version actuelle de ses Orientations provisoires sur la ‎gestion clinique de la COVID-19, l’OMS décrit le bon usage du ‎traitement antibiotique que les médecins devraient appliquer pour ‎traiter les patients. ‎

Il s’agit dès lors de s’attaquer à la résistance aux antimicrobiens ‎tout en sauvant des vies. ‎

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Pour conclure, je voudrais signaler que nous avons reçu des ‎questions à propos de l’annonce faite vendredi par le Président des ‎États-Unis d’Amérique. ‎

Cela fait longtemps que le monde peut compter sur la collaboration ‎solide du Gouvernement et de la population des États-Unis ‎d’Amérique. ‎

Au fil des décennies, la contribution de ce pays en faveur de la ‎santé mondiale et sa générosité ont été immenses et ont fortement ‎changé la donne en matière de santé publique partout dans le ‎monde. ‎

L’OMS aspire à voir cette collaboration se poursuivre.‎

Je vous remercie. ‎