Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 – 11 décembre 2020

11 décembre 2020

Bonjour, bon après-midi ou bonsoir,

Cette semaine, les vaccins contre la COVID-19 ont commencé à être déployés au Royaume-Uni, et nous nous attendons à ce que d’autres pays lui emboîtent le pas.

Disposer de vaccins efficaces et sans dangers contre un virus qui nous était complètement inconnu il y a seulement un an est une réalisation scientifique stupéfiante.

Mais une réalisation plus grande encore serait de faire en sorte que tous les pays bénéficient équitablement des avantages de la science.

L’OMS et ses partenaires se concentrent sur trois priorités :

Premièrement, nous sommes confrontés à un déficit de financement immédiat de US$ 4,3 milliards pour procurer des vaccins aux pays qui en ont le plus besoin.

J’invite instamment les donateurs à combler rapidement ce déficit afin que les vaccins soient mis à disposition, que des vies soient sauvées et que soit accélérée une reprise économique véritablement mondiale.

Deuxièmement, nous avons travaillé dur pour obtenir des dirigeants mondiaux qu’ils s’engagent politiquement à garantir un accès équitable aux vaccins, mais nous souhaiterions que cet engagement se traduise par des mesures concrètes.

Troisièmement, nous préparons les pays à distribuer les vaccins en évaluant les lacunes en matière d’infrastructure.

Près d’un milliard de doses des trois vaccins candidats ont déjà été obtenues dans le cadre du Mécanisme COVAX pour un accès mondial aux vaccins, et 189 pays et territoires y participent désormais.

Gavi, notre partenaire COVAX, est en discussion avec plusieurs fabricants, et d’autres accords seront annoncés prochainement.

Parallèlement, l’OMS travaille avec Gavi et l’UNICEF pour évaluer une première série de demandes soumises par des pays remplissant les conditions requises pour bénéficier d’une assistance via le Mécanisme COVAX.

Il faut combler le déficit de financement de toute urgence.

Lundi, l’OMS et la Commission européenne réuniront de nouveau le Conseil de facilitation de l’Accélérateur ACT, co-présidé par la Norvège et l’Afrique du Sud.

Le Conseil examinera attentivement nos priorités stratégiques, ainsi qu’un projet de cadre de financement destiné à combler le déficit de financement de l’Accélérateur ACT pour 2021.

Cela est crucial pour garantir la protection de tous, partout dans le monde.

Nous avons tous vu des photos de personnes se faisant vacciner contre la COVID-19. Nous voulons que de telles photos soient prises partout dans le monde, ce qui sera un véritable signe de solidarité.

===

Hier, nous célébrions la Journée des droits de l’homme et demain, nous fêterons la Journée internationale de la couverture sanitaire universelle.

Ces deux jours si rapprochés, qui marquent la fin d’une année très difficile, nous rappellent que nos efforts pour nous remettre progressivement de cette crise doivent avoir pour fondement les droits de l’homme – y compris le droit à la santé.

L’année 2020 est venue nous rappeler que la santé était le bien le plus précieux au monde.

Pour faire face à la pandémie de COVID-19, de nombreux pays ont offert des tests de dépistage et des traitements gratuits, et ont promis à leur population un vaccin gratuit.

En outre, ils ont pris acte du fait que l’aptitude à débourser des fonds ne devait pas marquer la différence entre la maladie et la santé ; entre la vie et la mort.

Cette année, la Journée internationale de la couverture sanitaire universelle revêt une plus grande importance encore que d’habitude.

En plus des morts et des malades qu’a faits le virus lui-même, des millions de personnes ont souffert et sont décédées en raison de la déstabilisation des services de santé essentiels.

Cette semaine, l’OMS lance deux initiatives visant à soutenir et accélérer fortement la progression des pays vers la couverture sanitaire universelle.

La première consiste en un programme mondial destiné à renforcer les soins de santé primaires, de sorte à mieux préparer les pays à prévenir et traiter les urgences de toutes sortes, qu’il s’agisse de l’expérience individuelle d’une crise cardiaque ou d’une épidémie causée par un nouveau virus mortel.

La seconde consiste en un recueil d’informations relatives à la couverture sanitaire universelle conçu pour aider les pays à mettre en place des services propres à répondre aux besoins de leur population en matière de santé.

L’OMS lance également un nouveau rapport qui présente la première analyse de l’évolution des dépenses mondiales de santé en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19.

De nombreux États ont réagi à la pandémie en injectant dans leur système de santé des crédits budgétaires exceptionnels et en allouant à la stabilisation économique et à la protection sociale des fonds encore plus importants.

Dans le même temps, la COVID-19 a déclenché, au niveau mondial, une profonde crise économique qui pourrait avoir un impact durable sur le financement de la santé.

Les recettes publiques diminuent, ce qui contraint de nombreux pays à s’endetter plus encore, phénomène qui aura des répercussions sur les pays à faible revenu dont l’économie était déjà vulnérable avant que la COVID-19 ne fasse son apparition.

Le rapport met en garde contre le risque posé par un service de la dette plus élevé, qui pourrait rendre plus difficile le maintien des dépenses publiques de santé.

Or, c’est précisément le moment d’investir dans la santé.

La pandémie a montré que la santé n’était pas un luxe mais constituait le fondement de la stabilité sociale, économique et politique.

En effet, le rapport souligne que la crise liée à la COVID-19 offrait aux pays dont les systèmes de financement de la santé étaient chancelants l’occasion d’une « réinitialisation ».

Il présente six recommandations clés qui sous-tendraient le nouveau pacte de financement de la santé.

Pour attirer davantage l’attention sur la question de la couverture sanitaire universelle, nous en avons également fait l’une des principales catégories de la deuxième édition du Festival du film « La santé pour tous ».

Nous invitons tous les réalisateurs, qu’ils soient professionnels ou amateurs, à soumettre d’ici au 30 janvier 2021 des courts métrages sur l’accès à des soins de qualité, tous besoins de santé confondus.

Plusieurs centaines de films ont déjà été soumis.

La deuxième catégorie du festival est consacrée aux urgences sanitaires, les courts métrages présentés dans cette catégorie devant porter sur la COVID-19 et d’autres crises humanitaires ;

La troisième est consacrée à l’amélioration de la santé et du bien-être, les courts métrages présentés dans cette catégorie devant notamment porter sur les changements climatiques, la pollution, l’assainissement, la nutrition et les questions de genre.

===

Bien que les enfants courent moins de risques que les personnes plus âgées de présenter des formes graves de COVID-19 et de mourir des suites de cette maladie, nous savons que des millions d’enfants ont souffert de la pandémie de différentes autres manières, et ont notamment vu leur scolarité interrompue.

Selon les données recueillies par l’UNESCO, les classes de près d’un écolier sur cinq dans le monde – soit 320 millions – étaient fermées au 1er décembre, ce qui représente une augmentation de près de 90 millions en un mois seulement.

Dans certaines zones, les enfants ne sont pas allés à l’école pendant neuf mois ou plus.

Les fermetures prolongées des écoles constituent une entrave sans précédent à l’éducation, à la santé et au bien-être des enfants.

L’OMS a publié aujourd’hui une nouvelle liste de vérification pour aider les écoles à rouvrir et à se préparer à la résurgence de la COVID-19 et à d’autres crises de santé publique similaires.

Cette liste présente les 38 mesures essentielles dont les différentes parties prenantes doivent tenir compte au moment de s’accorder sur les plans de réouverture des écoles.

===

Plus de 66 millions de cas de COVID-19 et 1,5 million de décès ont désormais été notifiés à l’OMS.

Au cours des six dernières semaines, le nombre de décès hebdomadaires a augmenté d’environ 60 %.

La plupart des cas et des décès ont été dénombrés en Europe et dans les Amériques.

La période des fêtes est l’occasion de se détendre et de célébrer – mais nous devrons rester vigilants. 

Cette période de fêtes pourra vite se transformer en période de deuil si nous ne prenons pas les précautions qui sont de mise.

Alors que vous vous préparez pour les festivités des semaines à venir, veuillez considérer vos projets avec le plus grand soin.

Si vous vivez dans une région où le taux de transmission est élevé, veuillez prendre toutes les précautions nécessaires pour garantir votre sécurité et celle des autres.

Cela pourrait être le plus beau cadeau que vous puissiez offrir – celui de la santé, de la joie de vivre, du bonheur et de l’espoir.

Merci.