Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 – 17 juin 2020

17 juin 2020

Bonjour, bon après-midi ou bonsoir.

À l’heure actuelle, le monde a enregistré plus de huit millions de cas de COVID-19. 

Dans les deux premiers mois, 85 000 cas avaient été notifiés. 

Or, au cours des deux derniers mois, ce sont six millions de cas qui l’ont été.

Plus de 435 000 personnes en ont perdu la vie et le nombre de cas continue de croître rapidement dans les Amériques, en Afrique et en Asie du Sud. 

Nous pouvons néanmoins entrevoir des lueurs d’espoir qui montrent qu’unie par la solidarité mondiale, l’humanité peut venir à bout de cette pandémie.  

Plusieurs pays nous ont offert à ce jour de bons exemples de la façon dont on peut efficacement juguler le virus en associant le dépistage, la recherche et la mise en quarantaine des patients, ainsi que la prise en charge des personnes qui tombent malades. 

Partout dans le monde, les capacités des laboratoires ont été nettement renforcées afin de pouvoir multiplier les tests de la COVID-19, ce qui est essentiel pour savoir où se trouve le virus et donner aux autorités publiques les éléments leur permettant d’agir. 

De nouvelles plateformes logistiques gigantesques ont été mises en place et jouent désormais un rôle fondamental dans la distribution d’équipements de protection individuelle, à savoir des millions de masques, de lunettes de protection, de tabliers et de gants, ainsi que d’autres fournitures médicales. 

Les entreprises du secteur des technologies ont mis au point des applications susceptibles de faciliter la tâche essentielle que constitue la recherche des contacts. 

Enfin, des efforts titanesques ont été déployés pour accélérer la recherche scientifique consacrée à la pandémie. 

Le 11 février, au début de l’épidémie, l’OMS a convoqué un Forum de recherche et d’innovation sur la COVID-19, auquel ont assisté des centaines de chercheurs du monde entier dans le but de concevoir rapidement des produits de diagnostic, des traitements et des vaccins efficaces. 

L’une des grandes priorités qui s’en est dégagée était que la communauté internationale devait accélérer la recherche d’un traitement pour les malades de la COVID-19. 

Les chercheurs ont plus particulièrement convenu d’étudier des médicaments existants prometteurs, comme les stéroïdes. 

L’OMS a élaboré un protocole de base que les chercheurs du monde entier ont adapté et mis en œuvre. 

C’est ainsi que nous avons appris hier la bonne nouvelle de premiers résultats positifs dans le cadre de l’essai RECOVERY mené au Royaume-Uni. 

La dexaméthasone, un stéroïde courant, a montré un effet bénéfique chez les patients gravement atteints de COVID-19.

Selon les premières conclusions communiquées à l’OMS, le traitement réduirait la mortalité d’environ 20 % chez les patients placés uniquement sous oxygène.  

Pour les patients ventilés, la mortalité était réduite de près d’un tiers. 

La dexaméthasone n’a cependant montré aucun effet bénéfique pour les personnes souffrant d’une forme moins grave de la maladie qui n’avaient pas besoin d’une assistance respiratoire.

C’est une très bonne nouvelle pour les malades gravement atteints, même si ces médicaments ne doivent être administrés que sous surveillance clinique étroite. 

Il nous faut davantage de traitements susceptibles de servir à contrer le virus, notamment chez les personnes dont les symptômes sont moins sévères. 

L’OMS vient d’entamer la coordination d’une méta-analyse des données provenant de plusieurs essais cliniques afin de mieux comprendre cette intervention dans son ensemble. 

De plus, nous mettrons à jour nos orientations cliniques pour qu’elles indiquent comment et quand utiliser la dexaméthasone dans le traitement de la COVID-19.

Je souhaite remercier le Gouvernement du Royaume-Uni, l’Université d’Oxford et les nombreux hôpitaux, chercheurs, patients et familles qui ont contribué à cette avancée scientifique. 

L’OMS continuera de travailler avec l’ensemble des partenaires pour mettre au point d’autres traitements et des vaccins contre la COVID-19, notamment au travers du Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19.  

Nous espérons que dans les semaines et les mois à venir, davantage de traitements permettront d’améliorer les résultats sanitaires pour les patients et de sauver des vies. 

Tandis que nous cherchons des traitements contre la COVID-19, nous devons continuer d’œuvrer sans relâche pour prévenir autant d’infections que possible en trouvant, en isolant, en testant et en prenant en charge chaque cas et en recherchant et en mettant en quarantaine chaque contact.

===

La COVID-19 frappe le monde entier, mais il importe de garder à l’esprit que pour les communautés les plus vulnérables, la maladie ne fait que s’ajouter à la longue liste de menaces auxquelles elles font face. 

Nous n’avons cessé de dire qu’il était important de veiller au maintien des services de santé essentiels, notamment la vaccination systématique et les services de lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH.

J’aimerais aujourd’hui aborder la question des maladies tropicales négligées, un problème qui me tient beaucoup à cœur. 

Ce terme de « maladies tropicales négligées » regroupe une vingtaine de maladies, comme l’éléphantiasis, la maladie du sommeil, la lèpre, le trachome ou encore l’helminthiase qui, ensemble, font des ravages parmi les communautés les plus démunies et les plus marginalisées. 

Ces maladies défigurent les malades, entraînent des handicaps et peuvent tuer. Elles frappent le plus durement là où règne la pauvreté et dans les endroits isolés où l’accès à des services de santé de qualité est extrêmement limité. 

L’OMS et ses partenaires ont élaboré une nouvelle feuille de route qui abandonne le principe de programmes axés sur une seule maladie pour privilégier des démarches intégrées de prévention, de diagnostic et de traitement des maladies tropicales négligées dans le cadre d’un mouvement global en faveur de la couverture sanitaire universelle. 

La feuille de route sur les maladies tropicales négligées donne plus d’autonomie aux autorités nationales et locales pour leur permettre d’agir.   

À l’image de ce qui se fait pour la COVID-19, elle demande une plus grande collaboration entre pouvoirs publics, milieux universitaires, société civile et secteur privé afin de dynamiser l’innovation et l’accès aux technologies de santé. 

J’ai personnellement été le témoin du courage des personnes qui vivent avec des maladies tropicales négligées et c’est pour cela que j’en appelle aux pays afin qu’ils n’oublient pas les plus vulnérables. 

===

Ensemble, rien ne nous est impossible et les progrès réalisés pour faire face à la flambée de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo sont, pour moi, une source d’encouragement. 

Si aucun nouveau cas n’est signalé dans les sept prochains jours, le Gouvernement de la RDC pourra déclarer la fin de la flambée.  

Les enseignements tirés et l’expérience acquise par les agents de santé congolais servent désormais à mettre en place la riposte contre la flambée d’Ebola dans l’ouest du pays, et les leçons plus générales tirées du dépistage et de la recherche de contacts peuvent directement s’appliquer à la lutte contre la COVID-19.

Je vous remercie.

===