Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point ‎presse sur la COVID-19 du 24 février 2020‎

23 février 2020

Bonjour à tous. ‎

Je commencerai, comme toujours, par les derniers chiffres.‎

À 6 h ce matin, heure de Genève, la Chine a notifié un total de ‎‎77 362 cas de COVID-19 à l'OMS, dont 2618 décès.‎

Au cours des dernières 24 heures, la Chine a notifié 416 nouveaux cas ‎confirmés, et 150 décès.‎

Nous sommes encouragés par le déclin continu du nombre de cas en ‎Chine. ‎

En début de journée, la mission conjointe OMS-Chine a conclu sa ‎visite et livré son rapport.‎

Comme vous le savez, l'équipe s'est rendue dans plusieurs provinces ‎différentes, y compris Wuhan.‎

Cette équipe d'experts a formulé plusieurs conclusions sur la ‎transmissibilité du virus, la sévérité de la maladie et l'impact des ‎mesures prises.‎

Ils ont constaté que l'épidémie a connu un pic et s'est stabilisée entre ‎le 23 janvier et le 2 février, et qu'elle ne cesse de décliner depuis lors.‎

Ils ont constaté qu'il n'y a eu aucun changement significatif dans ‎l'ADN du virus.‎

Ils ont constaté que le taux de mortalité oscille entre 2% et 4% à ‎Wuhan, et qu'il est de 0,7% en dehors de Wuhan. ‎

Ils ont constaté que pour les personnes ayant développé une maladie ‎bénigne, le temps de guérison est d'environ deux semaines, alors que ‎les personnes souffrant d'une forme sévère ou critique de la maladie ‎guérissent en trois à six semaines.‎

L'équipe estime également que les mesures prises en Chine ont ‎permis d'éviter un nombre important de cas. ‎

Le rapport contient énormément d'informations supplémentaires, ‎soulève des questions pour lesquelles nous n'avons pas encore de ‎réponses, et comporte 22 recommandations.‎

Le Dr Bruce Aylward fournira plus de détails demain au nom de ‎l'équipe conjointe. ‎

Mais le message clé qui devrait donner à tous les pays espoir, ‎courage et confiance est que ce virus peut être maîtrisé.‎

C'est d’ailleurs précisément ce qu'ont fait de nombreux pays. ‎

Hors de Chine, on dénombre à présent 2074 cas répartis dans 28 ‎pays, dont 23 décès.‎

L'augmentation soudaine des cas en Italie, en République islamique ‎d'Iran et en République de Corée est extrêmement préoccupante.‎

Il y a beaucoup de spéculations pour savoir si cette augmentation ‎signifie que cette épidémie est maintenant devenue une pandémie.‎

Nous comprenons bien pourquoi les gens posent cette question.‎

L'OMS a déjà déclaré une urgence de santé publique de portée ‎internationale – notre plus haut niveau d'alerte – quand il y avait ‎moins de 100 cas en dehors de la Chine, et 8 cas de transmission ‎interhumaine.‎

Notre décision d'utiliser ou non le mot « pandémie » pour décrire ‎une épidémie est basée sur une évaluation continue de la ‎propagation géographique du virus, de la sévérité de la maladie qu'il ‎cause et de l'impact qu'il a sur l'ensemble de la société. ‎

Pour l'heure, nous n'assistons pas à la propagation mondiale ‎incontrôlée de ce virus, et nous n'assistons pas au développement à ‎grande échelle des formes sévères de la maladie ou du nombre de ‎morts.‎

Ce virus a-t-il le potentiel de provoquer une pandémie? Oui ‎absolument, il l'a. En sommes-nous déjà arrivés là? D'après notre ‎évaluation, pas encore.‎

Alors, comment devrait-on décrire la situation actuelle?‎

Ce que nous observons, ce sont des épidémies dans différentes ‎parties du globe, qui affectent les pays de différentes manières et qui ‎nécessitent donc une réponse adaptée.‎

L'augmentation soudaine des nouveaux cas est certainement très ‎préoccupante. ‎

J'ai toujours dit que les faits devaient l'emporter sur la peur. ‎

Utiliser le mot pandémie maintenant ne correspond pas aux faits, ‎mais cela pourrait certainement susciter de la peur.‎

Ce n'est pas le moment de se focaliser sur le mot que nous utilisons.‎

Cela n'empêchera pas la moindre infection aujourd'hui, ni ne sauvera ‎la moindre vie. ‎

C'est le moment pour tous les pays, toutes les communautés, les ‎familles et les personnes de se concentrer sur la préparation.‎

Nous ne vivons pas dans un monde binaire, en noir et blanc. ‎

L’un n’exclut pas l’autre. Nous devons nous concentrer sur ‎l’endiguement, tout en faisant tout notre possible pour nous ‎préparer à une éventuelle pandémie. ‎

Il n’y a pas d’approche unique. Chaque pays doit procéder à sa ‎propre évaluation des risques pour son propre contexte. L'OMS ‎continue également à procéder à sa propre évaluation des risques et ‎surveille l'évolution de l'épidémie 24 heures sur 24.‎

Mais il y a au moins trois priorités.‎

Premièrement, tous les pays se doivent de privilégier avant tout la ‎protection des agents de santé.‎

Deuxièmement, nous devons inciter les communautés à protéger les ‎personnes les plus exposées aux maladies graves, en particulier les ‎personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes de santé ‎sous-jacents. ‎

Et troisièmement, nous devons protéger les pays les plus vulnérables, ‎en faisant tout notre possible pour que les épidémies soient ‎maîtrisées dans les pays qui en ont les capacités. ‎

Ces derniers jours, j'ai tenu des réunions avec les ministres étrangers ‎de France, d'Allemagne, d'Indonésie, de Cuba et de République de ‎Corée, et je tiens à les remercier d'avoir accepté de soutenir la ‎riposte. ‎

Je souhaite également remercier la Commission européenne pour sa ‎contribution de 232 millions d'euros, qui illustre le genre de ‎solidarité mondiale qui me donne de l'espoir. La France, l'Allemagne ‎et la Suède ont également annoncé des contributions ‎supplémentaires. ‎

Nous faisons face à une menace commune. Nous ne pouvons ‎l'affronter qu'ensemble, et nous ne pouvons la vaincre qu'ensemble.‎

Lorsque nous œuvrons ensemble – pays, organisations sanitaires ‎régionales et mondiales, médias, secteur privé, et populations ‎partout dans le monde – notre force collective est redoutable. ‎

Seuls, nous perdons. Ensemble, nous gagnons.‎

Je vous remercie.‎