Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 – 27 mai 2020

27 mai 2020

Bonjour, bon après-midi ou bonsoir. 

Hier, 40 millions de professionnels de la santé ont envoyé une lettre aux dirigeants de chacune des nations qui composent le G20. Ils y demandaient que la reprise après la COVID-19 se fasse sous le signe de la santé et de l’écologie. Je soutiens pleinement cette initiative. 

La COVID-19 a prélevé un coût humain dévastateur et les mesures dites de confinement ont bouleversé des vies entières.  

Cependant, la pandémie nous a donné un aperçu de ce à quoi notre monde pourrait ressembler si nous prenions les mesures ambitieuses nécessaires pour infléchir le cours du changement climatique et de la pollution atmosphérique. 

Notre air et notre eau peuvent être plus purs, nos rues moins bruyantes et plus sûres. De plus, beaucoup d’entre nous ont découvert de nouvelles manières de travailler tout en passant plus de temps avec leur famille. 

L’OMS a publié hier son manifeste pour que l’après-COVID-19 donne naissance à monde en meilleure santé et plus soucieux de l’environnement. Il reprend six recommandations simples :  

Premièrement, protéger la nature, qui est la source de l’air, de l’eau et de l’alimentation dont dépend la santé humaine. 

Deuxièmement, veiller à ce que les maisons et les établissements de santé disposent de l’eau et de systèmes d’assainissement, d’un accès à une énergie propre et fiable et qu’ils puissent résister aux changements climatiques.  

Troisièmement, investir dans une transition rapide vers une énergie propre qui réduira la pollution atmosphérique, de sorte qu’une fois la COVID-19 vaincue, les gens puissent respirer de l’air pur. 

Quatrièmement, promouvoir des systèmes alimentaires sains et pérennes, afin de donner accès à de la nourriture saine et abordable. 

Cinquièmement, bâtir des villes qui intègrent la santé dans tous les aspects de la planification urbaine, depuis des systèmes de transport durables jusqu’à des logements sains. 

Enfin, sixièmement, arrêter de subventionner les énergies fossiles qui sont sources de pollution et moteurs du changement climatique. 

Tandis que certains pays entament la réouverture de la société et de l’économie, la question à laquelle il nous faut répondre est de savoir si nous nous contenterons de revenir à la situation qui prévalait avant la crise ou si nous tirerons les enseignements de la pandémie quant au rapport que nous entretenons avec notre planète. 

Mieux reconstruire, c’est construire en se souciant davantage de l’environnement. 

Lorsque j’ai pris mes fonctions de Directeur général, il y a près de trois ans, l’une des premières choses que j’ai faites a été de demander à l’ensemble du personnel d’apporter des idées pour transformer l’OMS et la rendre plus efficace. 

C’est comme cela que j’ai demandé à beaucoup de mes collègues de trouver des idées folles pour améliorer notre organisation. 

Pour y parvenir, j’ai instauré, entre autres choses, une « heure ouverte » chaque jeudi, au cours de laquelle n’importe quel membre du personnel peut venir me parler d’une question qu’il souhaite aborder. 

C’est sur ces idées que repose le processus de transformation que nous mettons en œuvre depuis quelques années et j’aimerais remercier tous les membres du personnel qui ont fait part des idées qui changent désormais le visage de l’OMS. 

Lors d’une de ces premières rencontres, un membre du personnel a proposé la création d’une Fondation de l’OMS. 

L’idée consistait à mettre en place une solution pour générer des financements pour l’OMS à partir de sources que nous n’aurions pas encore exploitées, notamment le grand public. 

Jusqu’à présent, l’OMS était l’une des rares organisations internationales à ne pas recevoir de dons du grand public. 

Grâce à la personne qui a proposé cette idée, j’ai immédiatement vu les fabuleuses possibilités qu’elle offrait. 

Il est clairement démontré que l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur la réussite de l’OMS vient du fait que moins de 20 % de notre budget proviennent des contributions souples des États Membres, alors que plus 80 % prennent la forme de contributions volontaires, qui sont apportées par les États Membres et d’autres donateurs et sont souvent strictement allouées à des programmes spécifiques. 

Concrètement, cela signifie que l’OMS n’a que peu de latitude pour dépenser ses financements – près de 80 % de ses financements. 

Nous nous efforçons d’encourager les États Membres à accroître la part des fonds souples qu’ils nous versent et nous sommes très reconnaissants envers les pays qui nous ont accordé plus de souplesses ces dernières années. Les choses s’améliorent. 

Néanmoins, pour que l’OMS mène à bien la mission et le mandat qui sont les siens, il faut de toute évidence élargir son vivier de donateurs et améliorer tant quantitativement que qualitativement le financement qu’elle obtient, ce qui suppose de le rendre plus souple. 

Depuis février 2018, nous travaillons d’arrache-pied pour soutenir la création de la Fondation de l’OMS et, après deux années de dur labeur, nous sommes très heureux d’en annoncer le lancement. 

Il s’agit d’une étape historique pour l’OMS, qui s’inscrit parfaitement dans le cadre de notre stratégie de mobilisation des ressources dans le but d’élargir la base de nos contributeurs. 

La Fondation de l’OMS n’était pas prête au début de la pandémie de COVID-19, de sorte qu’avec le soutien de la Fondation des Nations Unies, de la Swiss Philanthropy Foundation et de plusieurs autres partenaires, nous avons mis sur pied le Fonds de solidarité pour la riposte à la COVID-19. 

En à peine deux mois et demi, ce fonds a recueilli plus de 214 millions de dollars É.-U. auprès de plus de 400 000 personnes et entreprises, dont 55 millions de dollars rien que pour le concert en ligne « One World: Together at Home ». 

Ces fonds ont servi à acheter des produits de diagnostic de laboratoire et des équipements de protection individuelle, mais aussi à financer des activités de recherche-développement, notamment pour les vaccins. 

Le Fonds de solidarité pour la riposte apporte une preuve éclatante de la faisabilité de la Fondation de l’OMS. 

Afin de promouvoir encore le Fonds de solidarité pour la riposte, l’OMS s’est associée au studio d’animation Illumination pour lancer aujourd’hui une annonce de service public à destination des enfants. Ils y retrouveront des personnages animés qu’ils adorent, le Minions et Gru, auquel l’acteur Steve Carrell prête sa voix en anglais. L’objectif est de leur montrer comment rester à l’abri de la COVID-19. 

Le Fonds de solidarité pour la riposte continuera de recevoir des dons à l’appui de l’action que l’OMS mène dans le cadre la COVID‑19, tandis que la Fondation de l’OMS contribuera à financer tous les éléments du travail de l’Organisation en s’alignant pleinement sur nos priorités. 

J’ai maintenant le plaisir de vous présenter le professeur Thomas Zeltner, qui est le fondateur et président du Conseil de la Fondation de l’OMS. 

Le professeur Zeltner est un médecin et juriste suisse, qui a mené une longue et éminente carrière dans la santé publique, notamment comme Directeur de l’Office fédéral suisse de la santé publique. 

Professeur Zeltner, merci de votre soutien et de votre collaboration au cours des 18 mois qui viennent de s’écouler. 

Vous avez la parole pour nous parler de la Fondation de l’OMS dont nous célébrons aujourd’hui l’acte de naissance.